À mi-parcours du BMW GS Trophy 2024 : entre le ciel et l’enfer

Le BMW GS Trophy 2024 est à mi-parcours. En Namibie, l’équipe du Benelux est en compétition avec une sélection d’équipes internationales de haut niveau provenant de 23 pays différents. L’équipe du Benelux a pris un bon départ.

Texte : Thierry Sarasyn

Bien commencé est c’est déjà à moitié gagné, dit le proverbe, mais c’est cette deuxième moitié qui déterminera en fin de compte le résultat final. Pour beaucoup, cela n’est pas une priorité, car l’objectif du GS Trophy est de réunir des pilotes de GS des quatre coins du monde, de leur faire vivre des expériences, d’apprendre à mieux connaître la moto et de forger des amitiés. Ce dernier point est particulièrement important dans les situations d’urgence ; il suffit de demander aux héros qui ont traversé une guerre ensemble ou aux personnes qui ont assisté à un évènement exceptionnel …..

Le paradis ou l’enfer ?

Non pas que le GS Trophy se dispute avec le couteau entre les dents, mais parfois cela serait préférable. Bien que cette guerre ne soit pas entre les participants, mais avec les éléments naturels. La beauté peut aussi être rude, comme elle le prouve des dizaines de fois chaque jour. En effet, ici, en Namibie, chaque itinéraire présente immédiatement un mélange de deux extrêmes. Une nature d’une beauté presque indescriptible, combinée à des itinéraires pour le moins difficiles. Le lien entre le paradis et l’enfer est particulièrement court, l’équilibre entre bonheur intense et déception profonde peut basculer à tout moment.

Pas de chance

L’équipe Benelux en a fait l’expérience dès les premiers jours. Une légère blessure à l’épaule n’a pas immédiatement affecté les résultats de l’équipe, car je ne fait que conduire sur le parcourt, mais en tant que reporter, je ne suis pas autorisé à participer activement aux épreuves. Néanmoins, tant les hommes que les femmes de l’équipe ont remporté la première spéciale et sont montés sur le podium après le premier jour (et après deux épreuves).

Le deuxième jour a été parsemé de passages de sable ardus, combinés à une mauvaise visibilité et à une chaleur extrême. Beaucoup ont eu du mal, et l’une d’entre elles n’a pas eu de chance. Karen Weckx a chuté et s’est blessée au cou et au genou. Diagnostiquée, entre autres, avec une déchirure des ligaments croisés antérieurs, Karen Weckx n’a pas été autorisée à prendre le départ le lendemain. Nadine van de Scheur a quand même pris le départ, mais hors compétition. En effet, le règlement stipule que les équipes doivent terminer l’intégralité du Trophée pour se qualifier pour le classement final. Les dames du Benelux n’ont pas pu le faire, même s’il semble que Weckx envisage de participer aux derniers jours malgré les blessures.

Comme si l’élimination des dames ne suffisait pas, un nouveau coup de massue survient le troisième jour. Jeffrey Kiestra se casse la clavicule dans une portion sablonneuse de pas moins de 45 km et doit se rendre directement à l’hôpital. Avant même la moitié de la course, le Trophée s’achève inexorablement pour les équipes du Benelux.

Et maintenant ?

Que reste-t-il ? Eh bien, pour ceux qui peuvent revenir après un jour ou deux de repos – lire : Moi, et peut-être Karen Weckx – il serait ( !) possible, tout comme pour les autres membres de l’équipe, de continuer à vivre l’essence du Trophée. Car aussi amusant que soit ce classement et aussi formidable que soit le fait de dire que l’on a gagné cet événement, ici, la participation est vraiment plus importante que la victoire. Il s’agit de tisser des liens, de parcourir des itinéraires dont on ne peut que rêver et de passer des journées avec des personnes partageant les mêmes idées. Et oui, vous vous levez tous les jours à 5h30 du matin, après avoir dormi au mieux quelques heures dans une tente exiguë. Parfois, les nuits sont calmes, parfois une grosse bête a fait ses besoins à l’entrée de la tente. Et les Allemands appliquent des règles particulièrement strictes – ils seraient privés de leur nationalité dans le cas contraire.

Incomparable

Mais ce qui se passe pendant la journée annule tout le reste. Croyez-nous, aucun pays n’est comparable à la Namibie. Et il ne s’agit que de la partie centrale, où se déroule le GS Trophy 2024. Un rêve pour tout aventurier bien intentionné, et un rêve dont l’issue est toujours positive.

Le malheureux Team Benelux perdant un concurrent blessé dans les équipes féminine et masculine, les juges ont annoncé dans la soirée que Nadine van de Scheur pourrait prendre la place de Jeffrey Kiestra, blessé. C’est surtout l’atmosphère qui règne autour du GS Trophy qui rend cela possible. Aucune des autres équipes ne s’y est opposée. Et à trois jours de l’échéance, le Benelux ne peut que viser plus haut qu’il ne l’a fait après la troisième journée. Car même avec une épreuve manquée après la fracture de la clavicule, une septième place offre encore la perspective d’un top 5. Quel coup d’éclat ! Du paradis à l’enfer et puis… retour. Avec un bref passage au purgatoire. Même cette partie de l’aventure défie toute imagination ! Allez … go !