Essai BMW R 12 nineT: Le Café Racer n'est pas mort !

Faire revivre une moto classique est toujours un exercice difficile. Il ne faut pas qu’elle devienne trop moderne, au grand dam des amateurs du genre qui la délaisseraient, mais il ne faut pas non plus qu’elle se fige dans son époque, car les jeunes motards ne s’y intéresseraient pas. C’est pour ces différentes raisons, que BMW a décidé qu’il était temps de remplacer la R nineT par la nouvelle R 12 nineT. Beaucoup de choses restent identiques entre les deux motos, mais néanmoins cette R 12 présente des évolutions que l’on peut facilement observer au premier coup d’œil.

Texte : Gijs Gilis

Un nouveau cadre pour un nouveau look

En 2013, la R nineT est arrivée sur le marché. Une belle BMW à l’allure classique, dotée d’un moteur boxer refroidi par air et de caractéristiques de conduite modernes. La nouvelle R 12 nineT est de la même étoffe, mais plus jeune d’une décennie et qui a évoluée à bien des égards. À commencer par le style qui change légèrement tout en gardant la philosophie de sa devancière. La R 12 nineT reçoit également un nouveau cadre d’un seul tenant, plus léger que le cadre en deux parties de la R nineT et qui offre plus de confort. La ligne de conception de la R 12 nineT s’en trouve abaissée, ce qui lui confère une allure plus “horizontale”. Ce nouveau cadre permet de positionner le mono amortisseur plus à plat, et non plus à la verticale comme sur le modèle précédent. Cela signifie que le pilote peut désormais s’asseoir sur une selle plus épaisse, ce qui offre – en principe – plus de confort.

Pack Race Bike des années 80

La position de conduite a également été légèrement modifiée, rapprochant un peu plus le conducteur du guidon. Il y a tellement d’espace sous la selle que la nouvelle boîte à air y a été positionnée, au lieu d’être placée devant le mono amortisseur comme sur le premier modèle. Le moteur boxer refroidi par air et huile a passé l’homologation EU5+, grâce notamment à un système d’échappement modifié. Il développe 109 ch et 115 Nm.
Outre une série de modifications mineures, de nouvelles couleurs et de nouveaux accessoires, nous souhaitons mentionner deux autres nouveautés. D’une part, les compteurs analogiques de série peuvent être remplacés par un petit écran numérique en option. De forme rectangulaire, il n’affiche que les informations indispensables telles que la vitesse, le tachymètre, le rapport sélectionné et le mode de conduite. Au départ, nous pensions que ce ne serait pas une bonne idée de mettre un écran numérique sur une moto d’apparence classique comme la R 12 nineT, mais comme il est si petit et discret, il ne dérange pas du tout. En fait, il est tout à fait à sa place. En outre, les clients peuvent également opter pour un “pack Race Bike des années 80” comprenant un carénage tête de fourche, un échappement Akrapovic et un support de plaque d’immatriculation sur la roue arrière. Particulièrement cool !

Passage d’un ouragan et collision avec un ours

Pour ce test, nous nous sommes installés dans la ville de Malaga, dans le sud de l’Espagne, et ce n’est pas un hasard. Tout d’abord, les chances de beau temps y sont particulièrement élevées, ce qui a été le cas durant notre test. De plus, la ville n’est pas trop fréquentée pendant les mois d’hiver et vous avez également de belles routes de montagne qui en principe ne sont pas la tasse de thé de la R 12 nineT. Avec son allure séduisante, on pourrait penser que cette BMW ai faite pour la balade tranquille le long de la côte. Mais détrompez-vous car cette R 12 nineT n’aime rien tant que d’être projetée de gauche à droite sur de belles petites routes de montagne. C’est une particularité de la configuration boxer du moteur qui se fait encore plus sentir sur cette naked bike. Le grand avantage est que l’on peut le faire de manière assez agressive, car malgré les changements de charge importants et soudains, la BMW reste bien stable. Il faut juste s’habituer à ce que la moto tombe dans les virages. Et c’est précisément ce qui fait la force de la R 12 nineT. Vous tombez dans un virage et vous y restez. Un ouragan peut passer ou un ours peut vous rentrer dedans, vous ne dévierez pas de la ligne de conduite que vous avez choisie. Ce qui ne veut pas dire, d’ailleurs, que vous ne pouvez pas corriger la direction une fois que vous êtes dans le virage, soyons clairs. Ainsi, avec son faible poids, ce moteur boxer possède d’excellentes relances, faisant d’une route de montagne sinueuse le terrain de jeu idéal pour la R 12 nineT.

Mouvements ludiques

Malgré sa stabilité en virage, la BMW bouge beaucoup, principalement lors des changements de vitesse et au freinage. Ce dernier point peut sembler déroutant si vous avez lu le paragraphe précédent, mais laissez-nous vous expliquer pourquoi. La stabilité en virage n’empêche pas la direction d’être légère, et c’est plutôt intéressant pour le côté ludique de la moto. Concernant les mouvements “parasites” au moment de changer de rapport, n’oublions pas la configuration moteur de cette BM. Avec son flat-twin, la R 12 nineT ne déroge pas à la règle dynamique du couple de renversement. Même si ce phénomène s’est atténué avec le temps, il est toujours bien présent et probablement moins “filtré” volontairement sur la nineT que sur les autres version de la marque à l’hélice.

Et le changement de vitesse Shift Assist Pro (en option) n’arrange pas les choses, surtout sur les premiers rapports. Lorsque vous accélérez en sortie de virage sur le deuxième rapport, votre roue arrière saute sur le côté alors qu’elle est encore en appui. Au point que l’antipatinage doit même intervenir, tout cela  sur route sèche. Concernant le freinage, l’équipement proposé à l’avant – deux disques de 310 mm avec étriers monobloc 4 pistons à fixation radiale –  est assez sérieux. Et son dosage demande du doigté, car il est assez agressif. Mais encore une fois, cela crée de l’enjouement, plus que du danger ou de l’insécurité.

Moteur à fort caractère

En terme d’agressivité, le mode de conduite Dynamic n’est pas en reste. Le boxer réagit déjà naturellement de manière assez intense aux sollicitations de la poignée d’accélérateur, mais en mode Dynamic, c’est trop violent. Nous préférons sans hésitation le mode de conduite standard Road, qui est beaucoup plus agréable sans être ennuyeux. Le moteur était déjà, et reste toujours, sensationnel. Ce n’est pas tant par sa puissance que par son caractère. Vous avez une montagne de couple à bas régime, qui s’accompagne de beaucoup de vibrations et de mouvements. Vous sentez quelque chose de vivant sous vos fesses, et qui travaille pour vous faire vibrer. Cela s’accompagne également d’un son agréable, car malgré toutes les réglementations de l’UE en matière de normes sonores, un grondement féroce s’échappe toujours du double pot d’échappement. Outre son propre design, la R 12 nineT se caractérise par son groupe motopropulseur typique à configuration boxer-cardan. Elle est propre à ce modèle et lui donne un caractère de conduite qui lui est propre, surtout si on la compare à d’autres café racers qui opteraient plutôt pour un bicylindre en ligne.

Une selle toujours aussi dure

Même si l’on n’est pas fan de son look rétro, on ne peut pas nier que la R 12 nineT est particulièrement bien finie et qu’elle regorge de détails magnifiques. Mais pour être beau, il faut aussi souffrir un peu. La position de conduite est assez agréable, mais pas pour toute une journée. Pas pour le dos et les jambes, mais plutôt pour les fesses. La selle – bien que beaucoup plus épaisse que sur la précédente R nineT – est trop dure. Nous en avons fait l’expérience après seulement une demi-journée de conduite, sur des routes particulièrement sinueuses et donc avec beaucoup de changement d’appui. La R 12 nineT n’est donc pas la moto idéale pour les longs trajets, mais elle n’est évidemment pas faite pour cela non plus. À moins que vous ne commenciez à vous amuser en l’équipant d’un pare-brise et d’une selle différente, mais dans ce cas, c’est l’esthétique qui en pâtit. Non, avec la R 12 nineT, il faut rester à l’écart de l’autoroute et chercher des raccourcis agréables. C’est là qu’elle préfère parader – à sa manière.

Conclusion

La succession de la R 9T est assurée et BMW continue de croire à l’engouement pour la scène des café racers. Avec la nouvelle R 12 nineT, peu de choses ont changé au niveau du design, à part quelques détails. Nous en sommes ravis, car l’ancienne et la nouvelle sont toutes deux agréables à regarder. Le plus grand changement se situe au niveau du nouveau cadre et de la construction plus basse qui en découle. La conduite n’est pas très différente, mais la maniabilité est un peu plus ferme, la position de conduite plus confortable – sauf pour la selle –  et l’équipement plus complet. Pas trop sage, la R 12 nineT reste une moto ludique qui préfère être lâchée sur un tronçon de bitume sinueux. On se demande si cette génération durera également 11 ans dans la gamme du constructeur allemand….

Photos: BMW Motorrad

Données techniques

MOTEUR

Type: bicylindre opposé à plat 4T à refroidissement mixte air/huile, 4 soupapes, DACT

Cylindrée: 1.170cc

Alésage x course: 101 x 73 mm

Taux de compression: 12,0:1

Embrayage: monodisque à sec

Boîte de vitesse: à 6 rapports

Transmission finale: cardan

PRESTATIONS

Puissance maximum: 109 ch (80 kW) @ 7.000 tr/min

Couple maximum: 115 Nm @ 6.500 tr/min

ELECTRONIQUE

Moteur: modes de conduite, régulateur de vitesse

Partie-cycle: ABS Pro, contrôle de traction, MSR

CHÂSSIS

Cadre: Treillis tubulaire

Suspension avant: fourche inversée de 45 mm

Réglage: entièrement réglable

Suspension arrière: Monobras oscillant en fonte d’aluminium avec tirant Paralever, mono amortisseur

Réglage: précharge du ressort et amortissement en détente

Débattement av/ar: 120/120 mm

Frein avant: deux disques flottant de 310mm, étrier monobloc à 4 pistons à fixation radiale

Frein arrière: un disque de 265mm, étrier flottant à 2 pistons

Pneumatique av/ar: 120/70-R17, 180/55-R17

DIMENSIONS

Empattement: 1.511 mm

Angle de chasse: 27,7°

Chasse: 110,7 mm

Hauteur de selle: 795 mm

Réservoir: 16 litres

Poids TPF: 220 kg

PRIX

à partir de : 18.350 €

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