Essai BMW S 1000 R : le super roadster bavarois
Lundi, 9h, grand soleil. Je franchis les portes de BMW Louyet Motor Brussels avec le sourire d’un enfant entrant dans un magasin de jouets. D’abord parce que c’est toujours un plaisir de déambuler dans cette concession, vitrine parfaite des dernières nouveautés bavaroises. Mais surtout parce qu’une machine m’y attend, arborant la lettre et les chiffres synonymes des modèles parmi les plus extrêmes de la maison : S 1000. Après avoir goûté aux dernières moutures des S 1000 XR et RR, il est temps pour moi de grimper sur la plus dénudée de la fratrie : la S 1000 R 2025.
Texte : Loïc Mouton
Facelift validé
Une fois les clés en poche (merci le keyless), je prends le temps de sortir la bête du garage afin de mieux l’admirer. Le charme opère aussitôt : si je la trouvais séduisante en photo, elle l’est encore plus en vrai. La livrée M et les éléments en carbone accentuent son ADN sportif, tandis que sa silhouette trapue et son large radiateur lui donnent un côté bodybuildé qui me plaît beaucoup. Le nouveau bloc optique et sa signature LED sont une réussite : ils distinguent nettement la S 1000 R de sa petite sœur, la F 900 R, tout en rappelant subtilement la double optique des générations passées. Contrairement à ce que j’ai pu lire ici et là, impossible de la confondre avec un roadster anglais : elle a bien sa propre identité. Facelift validé, il est temps de voir ce qu’elle a dans le ventre !
Facile
Comme souvent avec les quatre-cylindres BMW, la S 1000 R étonne par sa docilité. Le moteur est souple, facile, presque sage… tant qu’on reste bas dans les tours. La position de conduite est un modèle d’équilibre : sportive mais pas fatigante. Bien sûr, naked bike oblige, on prend tout le vent dans la figure. Mais le compromis entre engagement et confort me paraît très réussi pour un usage régulier. Légère, maniable, elle se laisse emmener sans effort, un vrai vélo. La selle est un peu dure, mais notre machine est équipée de la version sport : difficile de lui en vouloir, donc…
Mais sportive
Ouvrez la poignée, et le décor change radicalement. La S 1000 R se mue en shot d’adrénaline pur : passé les 6 000 tr/min, le moteur hurle, accompagné de sa ligne Akrapovic. Ses 170 ch et les 114 Nm de couple vous attrapent sèchement et vous poussent sans faiblir jusqu’au rupteur. Bien aidé par le shifter, diaboliquement efficace, on se surprend à vouloir rester dans cette zone de régime malgré les changements de rapports, happé par le chant du quatre-cylindres. Il n’a de cesse de rappeler qu’il est issu de la compétition. Attention à ne pas perdre votre permis, car c’est brutal, parfois trop, et surtout terriblement addictif !
L’ambiance sport est renforcée par la course raccourcie de la poignée de gaz, ainsi que par cette LED blanche qui s’illumine à l’approche de la zone rouge pour vous inciter à passer au rapport suivant. Le train avant est d’une légèreté et d’une précision chirurgicale. Associé à la rigueur du châssis, il transforme la moto en un véritable scalpel dopé aux hormones. Seul élément modérateur de l’ensemble : les deux disques de 320 mm et les étriers Brembo à 4 pistons, qui assurent un mordant et une endurance impériale. Il faut bien ça pour tempérer l’ardeur de l’engin quand il est lancé à pleine vitesse !
Technologie BMW
Heureusement, le reste du package aide également à composer avec ce tempérament bien trempé. Les modes de conduite et la suspension pilotée permettent d’adapter sensiblement la S 1000 R à son humeur du moment. Fatigué, avec envie de rouler tranquille ? Le mode Rain apaise la réactivité du moteur et le réglage Road des suspensions filtre (légèrement) les chocs avec la route. Envie de libérer toute la fougue du moteur et de ressentir chaque aspérité du bitume ? Il suffit de basculer en mode Dynamic autant pour le moteur que les suspensions : la S 1000 R reprend alors son côté boule de nerfs, sans filtre. Inutile au quotidien, l’option « Style de conduite Pro » offre tout de même à la machine certaines fonctionnalités que les amateurs de piste trouveront bienvenues : launch control, limiteur de vitesse en pit-lane, paramétrage plus précis de l’ABS, du traction control, du frein-moteur et de l’anti-wheeling …
Le revers de la médaille
Si le cœur de notre S 1000 R aime prendre des tours, ce n’est pas sans certaines contreparties. Comme tous les modèles BMW équipés de ce 4-cylindres, à haut régime, des vibrations persistantes remontent dans le guidon, parfois assez gênantes pour donner envie de relâcher une main. Plus gênant : les rétroviseurs en bout de guidon optionnelles deviennent totalement inutilisables au-delà de 4 000 tr/min, un comble vu la façon dont l’engin aime prendre des tours. À noter que si vous gardez les rétroviseurs d’origine, le problème ne se posera pas.
Une addition salée
En conclusion, esthétiquement, je suis conquis : la S 1000 R a retrouvé une vraie agressivité et une identité affirmée. Elle attire les regards et suscite des compliments partout où elle passe. Cette excitation se confirme à l’usage : c’est une machine terriblement excitante, mais néanmoins polyvalente. Du trajet quotidien à la session sur piste, il n’y a que sur les longs trajets de plusieurs heures que je ne me vois pas l’emmener avec plaisir.
Reste tout de même un bémol de taille une fois qu’on se remet des émotions procurées par ce 4-cylindres : le prix.
Avec les packs « indispensables » et quelques agréments esthétiques, on frôle ou dépasse rapidement les 25 000 €. Et dans ce registre, la concurrence est rude. D’autant qu’au sein même du groupe BMW Motorrad, la M 1000 R semble offrir de série tous les équipements et options auxquels je fais référence. Elle se targue également d’avoir des appendices aérodynamiques supplémentaires et un moteur qui prend encore plus de tours. Le tout pour un prix de base de moins de 24 000 €.
Dès lors, sauf à vouloir une S 1000 R « de base » presque dépourvue d’options, j’ai du mal à comprendre pourquoi on ne partirait pas directement sur la M…
Les plus et les moins
| Les plus | Les moins |
| Très docile lorsqu’on reste bas dans les tours | Vibration dans le guidon à haut régime |
| Diaboliquement sportive lorsqu’on monte haut dans les tours | Addition salée pour profiter pleinement de l’expérience S 1000 R |
| Compromis sportivité – utilisable au quotidien surprenant | |
| Package optionnel complet |
Données techniques BMW S 1000 R
| MOTEUR | |
| Type | quatre-cylindres en ligne à refroidissement mixte, DACT |
| Cylindrée | 999 cc |
| Alésage x course | 80 x 49,7 mm |
| Soupapes/cylindre | 4 |
| Taux de compression | 12,5 :1 |
| Alimentation | injection électronique indirecte |
| Embrayage | multidisque en bain d’huile |
| Boîte de vitesse | à 6 rapports |
| Transmission finale | par chaîne |
| PRESTATIONS | |
| Puissance maximum | 170 ch (125 kW) @ 11 000 tr/min |
| Couple maximum | 114 Nm @ 9 250 tr/min |
| ÉLECTRONIQUE | |
| Moteur | modes de conduite, contrôle de traction et de couple |
| Partie-cycle | ABS sensible en virage |
| PARTIE-CYCLE | |
| Cadre | périmétrique en aluminium, moteur porteur |
| Suspension avant | fourche inversée de 45 mm |
| Options d’ajustement | entièrement réglable |
| Suspension arrière | full-floater Pro, monoamortisseur |
| Options d’ajustement | entièrement réglable |
| Débattements av/ar | 120/117 mm |
| Frein avant | deux disques de 320 mm, étriers 4 pistons à fixation radiale |
| Frein arrière | un disque de 220 mm, étrier flottant simple piston |
| Pneumatique av/ar | 120/70 ZR17, 190/55 ZR17 |
| DIMENSIONS & POIDS | |
| Empattement | 1.447 mm |
| Angle de chasse | 24,2° |
| Chasse | 97,6 mm |
| Hauteur de selle | 830 mm |
| Réservoir | 16,5 litres |
| Poids TPF | 199 kg |
| PRIX | |
| À partir de | 17 100 € |
