Essai comparatif Harley Davidson Street Glide & Indian Chieftain PowerPlus Dark Horse : Duel de baggers au soleil !
Nous avons récemment réalisé un essai comparatif entre la Harley Davidson Street Glide et la BMW R 18 Transcontinental. Cet essai « hors normes » avait éveillé notre curiosité, mais aussi suscité quelques regrets : pourquoi ne pas avoir confronté également la Street Glide à sa concurrente directe issue du même continent ?
D’autant qu’Indian, avec son aura plus confidentielle mais tout aussi évocatrice, intrigue souvent nos collègues motards. Sans doute justement parce qu’elle reste plus rare que l’incontournable blason Harley-Davidson.
Il est temps de réparer cette erreur ! Et c’est cette fois aux côtés de mon colocataire et jumeau maléfique, Bruno, que je pars à la conquête de l’Ouest.
Texte : Loïc Mouton
Dégainons !
Si, à première vue, nos gros calibres semblent proches, ils ne sont pas identiques pour autant. Sous le réservoir de la Street Glide, on retrouve le Milwaukee-Eight 117, un V-Twin à refroidissement mixte de 1 923 cm³, développant 103 ch et 168 Nm de couple — un classique du genre.
Il est mis en valeur de manière assez harmonieuse par la construction de la machine et, comme tout le reste de celle-ci, ses finitions sont exemplaires.
La Chieftain Dark Horse mise sur un bloc plus moderne, le PowerPlus 112, un V-Twin à refroidissement liquide de 1 834 cm³, plus puissant, avec 126 ch et environ 180 Nm.
Peut-être est-ce lié à la teinte noir mat de notre exemplaire, mais elle paraît plus « discrète » que sa concurrente du jour (toutes proportions gardées). Même si certains détails sont très réussis, comme cette tête d’Indien sur le garde-boue avant, la Harley dégage un feeling un peu plus « premium ».
En selle, Cow-Boy
Dès les premiers tours de roue, la magie opère : « Bordel, qu’est-ce que c’est rigolo ! »
Bruno partage mon avis : impossible de ne pas avoir la banane en ouvrant la poignée de gaz de ces deux mastodontes. La Harley est équipée d’une ligne d’échappement à valve Dr. Jekill & Mr. Hyde optionnelle, plutôt pratique pour quitter la maison sans réveiller le voisinage, puis libérer les vocalises graves et rauques du 117 une fois sur la route. Cela colle bien à la façon dont elle transmet son énergie : tout est plus « sec » — passage de rapports, accélération, freinage.
L’Indian n’est pas en reste et, malgré un système d’échappement d’origine, elle glougloute aussi de façon généreuse.
Elle se montre plus « pêchue » que sa jumelle : on sent réellement les chevaux et le couple supplémentaires, mais elle les délivre avec davantage de souplesse.
C’est onctueux, et elle nous donne l’impression d’une grande main qui vous pousse avec force, plutôt qu’un coup de pied au cul façon Harley, plus brute de décoffrage.
Des montures étonnamment agiles
Les deux machines demandent de la prudence et un minimum d’anticipation lorsqu’il s’agit de les manœuvrer à l’arrêt ou pour se garer. Cela ne nous a pas empêchés de les emmener jusqu’au centre de la capitale le temps d’une après-midi aux fripes, mais il faut savoir rester humble. Une fois en mouvement, elles font en revanche preuve d’une agilité surprenante, même à basse vitesse ! L’enclume qui les anime leur offre un centre de gravité bas et une inertie telle que nous nous sommes surpris à enchaîner des virages et des passages en courbe avec presque autant de plaisir qu’au guidon de roadsters.
Je reste toujours charmé par le côté « sportif » qu’elles peuvent révéler dans ce genre d’exercice. Le freinage, similaire chez nos deux protagonistes, est suffisant pour leur gabarit sans être exceptionnel : mieux vaut ne pas laisser les chevaux s’emballer au galop ! Côté suspensions, la Harley se montre plus ferme, ce qui lui donne encore une fois un comportement un rien plus « sportif ».
Équipements : Indian marque des points
Étant davantage accoutumé à l’univers Harley-Davidson, je dois avouer que la Chieftain m’a agréablement surpris par ses équipements : un système de détection d’angle mort efficace et bien intégré à la moto, une bulle réglable électriquement — idéale sur autoroute, même si quelques centimètres supplémentaires seraient bienvenus pour les grands gabarits — ou encore un volume adaptatif sur le système audio. Ce dernier dispose d’une réserve sonore supérieure à celle de la Harley, pratique pour rester audible sur voie rapide tout en évitant d’agacer le voisinage au premier feu rouge.
Je pourrais aussi mentionner le verrouillage centralisé des valises, un vrai confort au quotidien pour éviter de jongler avec les clés. Cela peut sembler anecdotique, mais après une semaine complète à alterner entre les deux motos, je peux vous assurer que ces détails finissent par manquer quand on retourne chez la concurrence. Je dois cependant reconnaître à Harley la qualité de son instrumentation et de son tiroir à smartphone. Même si certains crieront à l’hérésie, j’ai trouvé le grand écran digital particulièrement réussi : joli, clair et bien plus lisible. Si je comprends la volonté d’Indian (et de certains puristes) de conserver des compteurs analogiques, force est d’admettre que ceux de notre Chieftain manquent un peu de personnalité.
Conclusion
Même si l’Indian est plus performante, elle donne paradoxalement surtout envie de se promener tranquillement, façon Life is a Highway. À l’inverse, la Harley pousse à enchaîner les courbes à toute allure, presque sportivement, façon Born to Be Wild.
Difficile pour moi de vous conseiller l’une plutôt que l’autre. Durant notre semaine d’essai, Bruno avait tendance à préférer le charme brut de la Harley, là où je penchais souvent pour le velouté puissant et les options pratiques de l’Indian.
La vérité est sans doute, comme souvent, quelque part entre les deux. Une chose est sûre : même si la Street Glide m’amuse toujours autant, la Chieftain a été une belle découverte.
Agréable surprise que de constater que deux modèles, pourtant très proches sur le papier, possèdent chacun une identité bien affirmée.
Photos : Auteur et Anatole Maes
Remerciement particulier à la concession Indian Motorcycle La Louvière
Les plus et les moins
Harley Davidson Street Glide
Les plus | Les moins |
Comportement plus sportif et vrai feeling mécanique | Équipement un peu en retrait (sono quasi inaudible au-delà de 90 km/h) |
Écran digital clair et agréable à l’œil | Suspensions fermes, un peu tape-cul |
Finitions irréprochables |
Indian Chieftain Powerplus Dark Horse
Les plus | Les moins |
Puissance et couple moteur | Compteurs analogiques un peu ternes |
Grande souplesse | Finition du bloc moteur et de la peinture moins « sexy » |
Équipement complet et moderne |
Données techniques de la Harley-Davidson Street Glide
MOTEUR | |
Type | V-twin Milwaukee-Eight 117, SACT |
Cylindrée | 1.923 cc |
Alésage x course | 103,5 x 114,3 mm |
Soupapes/cylindre | 4 |
Taux de compression | 10,3 :1 |
Alimentation | Injection électronique (ESPFI) |
Embrayage | Multidisque en bain d’huile |
Boîte de vitesse | À 6 rapports |
Transmission finale | Par courroie |
PRESTATIONS | |
Puissance maximum | 107 ch (80 kW) @ 5.020 tr/min |
Couple maximum | 175 Nm @ 3.500 tr/min |
ÉLECTRONIQUE | |
Moteur | Contrôle de la traction sensible à l’inclinaison et blocage de la roue arrière, quatre modes de conduite, régulateur. |
Partie-cycle | ABS sensible en virage, freinage couplé électroniquement, aide à la montée, TFT avec navigation et connectivité, TPMS. |
PARTIE-CYCLE | |
Cadre | Tubulaire en acier |
Suspension avant | Fourche inversée Showa de 49 mm, valve à double effet |
Options d’ajustement | / |
Suspension arrière | Deux amortisseurs à double émulsion |
Options d’ajustement | Précharge |
Débattements av/ar | 117/76 mm |
Frein avant | Deux disques flottants de 320 mm, étriers 4 pistons à fixation radiale |
Frein arrière | Un disque de 300mm, étrier simple piston |
Pneumatique av/ar | 130/60-19 (Dunlop D408F), 180/55-18 (Dunlop D407T) |
DIMENSIONS & POIDS | |
Empattement | 1.625 mm |
Angle de chasse | 64° |
Chasse | 170 mm |
Hauteur de selle | 715 mm |
Réservoir | 22,7 litres |
Poids TPF | 368 kg |
PRIX | |
À partir de | 32.995 € |
Données techniques de l‘Indian Chieftain PowerPlus Dark Horse
MOTEUR | |
Type | V-twin PowerPlus 112Ci à refroidissement liquide |
Cylindrée | 1.834 cc |
Alésage x course | 110 x 96,5 mm |
Soupapes/cylindre | 4 |
Taux de compression | 11,4 :1 |
Alimentation | Injection électronique |
Embrayage | Multidisque en bain d’huile |
Boîte de vitesse | À 6 rapports |
Transmission finale | Par courroie |
PRESTATIONS | |
Puissance maximum | 126 ch (92,7 kW) @ nc |
Couple maximum | 181,4 Nm @ 3.800 tr/min |
ÉLECTRONIQUE | |
Moteur | Contrôle de la traction sensible à l’inclinaison et blocage de la roue arrière, trois modes de conduite, régulateur. |
Partie-cycle | ABS sensible en virage, freinage couplé, aide à la montée, TFT avec navigation et connectivité, TPMS. |
PARTIE-CYCLE | |
Cadre | Moulé en aluminium |
Suspension avant | Fourche inversée de 43 mm |
Options d’ajustement | / |
Suspension arrière | Mono-amortisseurs |
Options d’ajustement | Précharge |
Débattements av/ar | 130/114 mm |
Frein avant | Deux disques de 320 mm, étriers Brembo 4 pistons à fixation radiale |
Frein arrière | Un disque de 298 mm, étrier 2 pistons |
Pneumatique av/ar | 130/60-19 (Metzeler Cruisetec), 180/60-16 (Metzeler Cruisetec) |
DIMENSIONS & POIDS | |
Empattement | 1.668 mm |
Angle de chasse | 69° |
Chasse | 150 mm |
Hauteur de selle | 672 mm |
Réservoir | 22,7 litres |
Poids TPF | 382 kg |
PRIX | |
À partir de | 34.690 € |