Essai exclusif BMW R 1300 GS ASA : Boîte de vitesse automatique
Ce 19 septembre 2024, BMW nous dévoilait sa boîte de vitesse automatique, pour la première fois en Belgique. Dans le cadre de la présentation de sa nouvelle F1300 GS Adventure, nous avons également pu découvrir et essayer la boite ASA, pour Automatic Shift Assist. Est-ce que cette nouveauté sera assez convaincante pour prendre des parts de marché aux modèles existants comme le DCT ?
Texte : Loïc Mouton
En 2010, Honda lançait un pavé dans la marre en présentant la première boite à double embrayage conçue pour une moto, la Honda VFR1200F. Ensuite d’autres modèles suivirent, comme les 700 en 2012, et enfin le porte étendard de la marque, l’Africa Twin en 2016. Au vu de son efficacité et de sa popularité grandissante, ce n’était qu’une question de temps avant que les autres constructeurs ne cherchent à lui emboiter le pas. Voici donc la réponse de la firme de Munich.
Parlons technique
Parlons d’abord un peu technique : Le système ASA ne pèse que 2 Kg de plus qu’une boite traditionnelle. On est loin des 10 kg du DCT, et c’est dû à la nature même du mécanisme. Pas de boite double embrayage (inévitablement plus lourde), mais une boite traditionnelle à simple embrayage équipée de deux actuateurs électromécaniques et d’une commande électronique dédiée. Vu le centre de gravité de la moto déjà assez bas, autant dire que la différence de poids est complètement imperceptible, que ce soit à l’arrêt ou en roulant.
Sélecteur de vitesse
Et même d’un point de vue visuel, contrairement au DCT, impossible de détecter quoi que ce soit sur la moto qui trahisse la présence de cette ASA. Si ce n’est l’absence du levier d’embrayage. Une fois installé derrière le guidon, on s’aperçoit assez vite via le nouveau commodo dédié que la boîte propose deux modes de conduite : un mode automatique, mais également un mode manuel. Cependant, contrairement aux modèles Honda, BMW ne propose pas de gâchettes pour le mode manuel. Mais bien un bon vieux sélecteur au pied, de série ! (en option chez Honda).
Question d’habitude
Pour démarrer la BM, comme sur un scooter, il faut impérativement maintenir le levier du frein avant enfoncé tout en pressant la commande d’allumage. La moto démarre alors, en position neutre. Pour passer la première, il faut à nouveau garder le levier enfoncé, et pousser le sélecteur au pied vers le bas de la même manière que pour une boite traditionnelle. Évidemment sans actionner un quelconque levier d’embrayage, qui répond de toute façon aux abonnés absents, boite auto oblige… Comme avec une boite DCT, c’est assez perturbant au premier abord de mettre des gaz sans devoir jouer du levier d’embrayage. Mais après deux ou trois minutes, cette sensation perturbante s’estompe déjà et on s’habitue très vite au confort que cela représente.
Au point
Parce qu’elle semble au point cette boite ! Que ce soit lors des démarrages sur du plat ou en côte, le mode automatique est vraiment efficace, et l’électronique gère les changements de rapport sans soucis quelle que soit la situation. BMW semble avoir bien fait les choses, et sur les 40 minutes passées au guidon de la BM ASA, je n’ai pas réussi à mettre la boite une seule fois en défaut. En ce qui concerne le réglage du mode full automatique (D), BMW a fait le choix de lier le mode de pilotage de la boite directement au mode de conduite. Les changements de vitesse se feront donc à des régimes plus ou moins haut selon qu’on soit en mode Rain, Road ou Dynamique.
Maître à bord
A noter qu’il est toujours parfaitement possible de changer soi-même les vitesses en utilisant le sélecteur au pied même en mode automatique (pratique pour rétrograder et utiliser le frein moteur). Couplé au superbe moteur de la 1300GS et de ses 145 ch, le mode full auto permet à l’engin d’effectuer des accélérations très linéaires et assez impressionnantes …
En mode manuel (M) la moto vous laisse maitre du changement des rapports, sauf en cas de décélération trop importante, auquel cas elle peut elle-même choisir de descendre les rapports pour rester dans un régime moteur supportable (on sent cependant qu’on reste maitre, elle ne le fera qu’en limite de sous régime).
C’est d’ailleurs ce mode de conduite qui me séduit le plus, car on garde la satisfaction de passer les rapports soit même et donc un certain plaisir de conduire. Mais avec une autosatisfaction procurée par l’efficacité de ces changements de rapport, et un gain de temps. Une expérience que je comparerais à la conduite d’une bonne voiture sportive équipée d’une boite auto et de palettes aux volants (pour ceux à qui cela pourrait parler…)
À boire et à manger
En comparaison avec un modèle DCT récent, je trouve qu’on perd un rien en efficacité avec ce système ASA. C’était assez prévisible, car il me parait difficile de faire exactement la même chose avec un embrayage traditionnel. Mais BMW s’en est malgré tout très bien sorti car la différence est assez minime. Et de toute façon ce n’est pas dramatique, car à contrario, j’ai eu l’impression de gagner quelque chose avec l’ASA, en termes de “sensations”. Là ou avec le système DCT, on ne sent pas du tout le passage des rapports, ici oui. Pas de manière violente, avec le coup de pied au cul qu’on peut parfois obtenir d’une boite classique, mais on sent réellement quand on passe une vitesse. Et même si c’est subjectif, je trouve que c’est une bonne chose, car c’est le seul vrai reproche que j’ai toujours fait au DCT: cette perte de sensation de conduite.
Bilan
Il nous faudra un essai plus approfondi, prévu d’ici peu, pour pouvoir fournir un compte rendu plus poussé, je dois avouer que la proposition semble clairement à la hauteur de ce à quoi BMW nous a habitués en termes de qualité et de mise au point. Les représentants du constructeur allemand déclaraient d’ailleurs lors de la présentation avoir travaillé sur la boite presqu’une dizaine d’année, pour être certain de sortir quelque chose de parfait du premier coup.
Je trouve également très pertinent d’avoir choisi la 1300 GS pour inaugurer le concept, elle qui fait jusqu’ici forte impression et met tout le monde d’accord quant à sa facilité d’emploi et la qualité de la technologie embarquée.
A confirmer, mais le challenge semble clairement relevé.
Photos: BMW Motorrad