Essai nouveauté CFMoto 800MT-X : moment charnière

En plus des 800MT Sport et Explore, CFMoto sort une troisième variante sur la même plateforme. Celle-ci s’appelle 800MT-X et dès le premier regard, il est clair qu’elle est plus orientée vers une utilisation tout-terrain : une roue avant de 21 pouces, une selle plate, des débattements de suspension plus importants, des pneus tout-terrain, un garde-boue avant relevé,… Nous nous sommes envolés pour le Portugal afin de tester les performances de la dernière née de CFMoto sur des terrains difficiles, variés et intenses, aussi bien sur route qu’en tout-terrain.

Texte : Gijs Gilis

Des coloris audacieux

Les coloris de la 800MT-X se démarquent immédiatement. Le bleu clair avec des accents roses est tout sauf cool sur le papier, mais il fait des merveilles dans la réalité. La MT-X est belle, bien finie et respire la solidité, même à l’arrêt. Tournez la clé et l’écran TFT de 7 pouces s’allume avec un léger retard, mais en douceur. Couleurs vives, grands chiffres, disposition logique. Les commandes semblent fragiles, mais elles ne le sont pas. Là encore, de nombreux boutons de grande taille permettent à l’écran de passer rapidement d’un menu à l’autre. Seul l’indicateur de direction est un peu caché, ce qui fait qu’il n’est pas toujours facile à trouver avec le pouce. J’ai l’ai souvent cherché tout au long de la journée.

Pratique

Plus pratique encore, le pare-brise peut être réglé manuellement, à l’aide de deux molettes tournantes. Un système simple, rapide et donc parfait. Autre élément intéressant, une connexion USB-A et USB-C, bien cachée sous le tableau de bord. Toutes les motos devraient en être équipées. Ou encore la clé qui permet également de régler les suspensions, à l’avant comme à l’arrière. Nous avons déjà vu cela sur d’autres motos, et vous n’avez plus besoin d’un tournevis. Et pourquoi pas un indicateur de pression des pneus ? Toujours intéressant. CFMoto va même plus loin en ajoutant une jauge de température. En dehors d’une utilisation sur circuit, où vous n’irez évidemment pas avec la 800MT-X, nous n’en voyons pas l’intérêt. Quoi qu’il en soit, l’information est intéressante.

Nouvelle moto = nouvelle moto

Nous nous retrouvons à Portimao, qui est le point de départ de cet essai. Au programme, 100 km de tout-terrain, entrecoupés de 40 km de route. Ici, il n’est pas nécessaire de rouler longtemps avant de quitter l’asphalte, et les premières traces de boue ne tardent pas à apparaître sur les CFMoto flambant neuves. Et vous pouvez prendre cela au pied de la lettre. L’odomètre indique seulement 113 km et ce faible kilométrage se ressent surtout au niveau de la boîte de vitesses, mais la 800MT-X ne semble pas en souffrir. Les changements de rapport se font en douceur et avec précision, et le quickshifter est également très performant. Qu’elle soit en marche ou à l’arrêt, la CF passe d’un pignon à l’autre comme si elle n’avait rien fait d’autre pendant des milliers de kilomètres.

Voltige sur sol argileux

Le passage du mode de conduite « Standard » au mode « Offroad » se fait facilement et rapidement. Pour ce faire, vous devez maintenir le bouton M enfoncé pendant trois secondes, et l’antipatinage et l’ABS arrière sont automatiquement désactivés en même temps. Bien que ce soit une journée sans pluie, les pistes sont glissantes. Le sol argileux brun-rouge est particulièrement mou et laisse à peine passer l’eau. Il y a de nombreuses flaques d’eau dont la taille varie de « abreuvoir pour petits vertébrés “ à ” on pourrait y élever des poissons ». Heureusement, la CFMoto surfe agréablement à travers et au-dessus de ces flaques, sans effort grâce à sa jante avant de 21 pouces et à ses pneus tout-terrain. Cependant, sur les portions de terrain détrempées, il faut faire attention. Avec un poids de 214 kg, la 800 n’est pas un poids léger à manier. Les parties basses du réservoir de carburant maintiennent le poids près du sol, mais une fois que la MT-X a dépassé son point de basculement, il faut s’assurer de bien sauter. Heureusement, et grâce à mes échasses, j’ai réussi à éviter ce scénario. Mais parfois, cela n’a pas fait beaucoup de différence….

Feux de route

Nous avançons dans les montagnes et je commence à me sentir de plus en plus à l’aise sur la CFMoto. La conduite en position debout est supportable pendant une longue période et, sur les tronçons plus faciles, je peux me reposer sur la selle confortable qui, heureusement, n’est pas trop dure comme c’est souvent le cas sur ce type de moto. En roulant debout, je remarque que les feux de route de ma moto sont toujours allumés, idem pour mes collègues. La faute au bouton de commande des feux qui ressort un peu trop, ce qui fait que l’on appuie dessus sans le sentir avec l’index gauche. C’est un petit détail. Tout comme la réponse initiale de la poignée d’accélérateur, un peu trop violente. Ce n’est certes pas gênant, mais cela pourrait être 5% de moins. Par contre, les suspensions et les freins s’en sortent bien. Les ressorts sont bien réglés pour le off-road. Par contre pour le macadam, ils sont un peu fermes et demandent un ajustement. Les freins représentant également un bon compromis. Ils sont suffisamment doux pour le tout-terrain, et mordent fermement sur l’asphalte. C’est très bien.

Off-road en combinaison de cuir

Le plus grand compliment sur la tenue de route de la 800MT-X est venu d’un collègue. Le gars n’avait pas réalisé que nous allions rouler toute la journée sur la 800MT-X et était prêt à partir le matin dans sa combinaison de cuir prévue pour la piste. Possédant une grande expérience de la conduite sur route et sur circuit, il n’avait jamais roulé en tout-terrain. Pendant les premiers kilomètres, comme il ne pouvait pas poser les pieds sur le sol, il jurait plus forts que le rugissement des 15 motos réunies. Après plusieurs chutes où il pestellait dans la boue en perdant les pédales, nous avons voulu savoir ce qui avait bien pu pousser cet homme dans cette situation. Il nous a raconté ce qui est décrit ci-dessus et nous l’avons soutenu et encouragé de toutes les manières possibles. Ce n’est pas grâce à ces mots, mais après la pause de midi, l’homme a repris confiance dans sa moto et en ses capacités. Il a cessé de tomber et a suivi le groupe comme s’il avait des années d’expérience en matière de tout-terrain. À la fin de la journée, un grand sourire est apparu sur son visage. Cela montre la force et la simplicité de la 800MT-X, bien qu’il ne s’agisse certainement pas d’une moto pour les novices en matière de tout-terrain. Cela doit aussi être clair.

Sur la route

Une fois les tronçons de boue et de gravier passées, nous avons poursuivi notre voyage sur des routes goudronnées. Pour repasser du mode « Offroad » au mode « Standard », il suffit d’appuyer sur le bouton dédié. Rien de plus simple. Sur l’asphalte, la 800MT-X continue de se comporter parfaitement. Elle ne surprend pas, ne fait pas de folies et vous donne confiance en ses capacités. Avec sa roue avant de 21 pouces et ses pneus tout-terrain, elle n’est évidemment pas ce qu’il y a de mieux pour le bitume. Et vous ne la pousserez pas à l’extrème dans les virages. Pour un usage purement routier, mieux vaut opter pour une 800MT Sport ou Explore. Celles-ci sont faites pour ça, alors gardez cela à l’esprit si la MT-X tente de vous séduire avec son look d’aventurière endurcie. Le bicylindre de 799 cm3 développe 91 ch et 86 Nm, et il est enfin possible de l’exploiter. Je connais le moteur KTM, et je sais donc à quoi m’attendre : beaucoup de puissance en bas et une poussée sans fin jusqu’à la zone rouge. La 800MT-X est puissante, plus que ce à quoi on s’attendrait. On ne s’ennuie donc jamais. Pendant ce temps, la température des pneus est de 29° Celsius à l’avant et de 34° à l’arrière…

Conclusion

Les CFMotos de la génération précédente étaient déjà de bonnes motos, mais présentaient quelques défauts ici et là avec, par exemple, une maniabilité un peu lourde ou une réponse à la poignée d’accélérateur trop rapide. La 800MT-X, qui appartient à la nouvelle génération, est une moto au point. Le moteur tourne bien, les changements de vitesse se font en douceur (même avec 100 km dans les roues), la direction est neutre, la moto est confortable, bien suspendue et elle freine bien. Elle n’excelle en rien, mais – plus important encore – elle ne lâche rien. Pas un seul pas de côté. De plus, elle est belle, surtout en Zephyr Blue, elle coûte 10 999 euros et elle est garantie 5 ans sans limitation de kilométrage. Voilà qui témoigne de l’immense confiance de CFMoto dans ses produits. Mais cette fête ne peut pas durer. Pas comme ça. Une moto comme celle-ci à un tel prix ne peut que signifier que, plus tard, les prix vont monter en flèche, c’est donc le moment d’acheter. Et j’espère sincèrement me tromper complètement à ce sujet.

Photos: CFMoto

Données techniques

MOTEUR

Type : bicylindre vertical à refroidissement liquide, DACT

Cylindrée : 799cc

Alésage x course : 88 x 65,7 mm

Soupapes/cylindre : 4

Taux de compression : 12,7:1

Embrayage : multidisque en bain d’huile

Boîte de vitesses : à 6 rapports

Transmission finale : par chaîne

PRESTATIONS

Puissance maximum : 95 ch (70 kW) @ 8.500 tr/min

Couple maximum : 86 Nm @ 6.750 tr/min

ÉLECTRONIQUE

Moteur : modes de conduite, régulateur de vitesse

Partie-cycle : contrôle de traction, ABS, quickshifter

PARTIE-CYCLE

Cadre : tubulaire en acier

Suspension avant : fourche inversée de 48 mm

Possibilités de réglage : entièrement réglable

Suspension arrière : monoshock

Possibilités de réglage : précharge du ressort et amortissement du rebond

Débattement av/ar : 230/230 mm

Frein avant : deux disques de 320mm, étriers radiaux à 4 pistons

Frein arrière : un disque de 260mm, étrier à 2 pistons

Pneumatiques av/ar : 90/90-R21, 150/70-R18

DIMENSIONS & POIDS

Empattement : 1.530 mm

Angle de chasse : nc

Chasse : nc

Hauteur de selle : 870 mm

Réservoir : 22 litres  (+8 litres en option)

Poids : 214 kg

PRIX

à partir de 10.999 €

Équipements pour cet essai