Essai nouveauté : Ducati Streetfighter V2
“C’est donc la meilleure Ducati Streetfighter de tous les temps”. C’est sur cette phrase que l’attaché de presse de Ducati conclut son discours avant que nous nous dirigions vers les Streetfighters soigneusement alignés. Pendant un court instant, j’ai suivi mes petits camarades, comme un mouton, en me persuadant que c’était donc bien la meilleure de toutes. Dangereux car en général, l’orgueil précède la chute et même à moto on peut tomber de haut – sans mauvais jeu de mot…
Texte : Pieter Ryckaert
Quoi qu’il en soit, elle a fière allure. Mieux que la V4 si vous voulez mon avis. Un peu plus ronde. L’intention pour la marque est de positionner la V2 actuelle un peu différemment de la V4 et cela est visuellement réussit. Je trouve toujours que l’impact visuel de la première 1098 Streetfighter, que j’ai également découverte pour la première fois ici en Espagne il y a 15 ans, était la plus impressionnante. Elle avait quelque chose de “dangereux”. Et j’aurais aimé que le double échappement sous la selle de la V2 soit différent. Mais elle reste indéniablement une Streetfighter. Il en va de même pour la position de conduite. Tout cela semble un peu moins sportif que la Streetfighter primitive de l’époque, mais c’est néanmoins un bon point.
Important
Devant moi se trouve un écran TFT de 5 pouces. Il permet de sélectionner trois thèmes contenant les informations les plus pertinentes. Je peux lire le régime moteur et la vitesse, et en ce qui me concerne, cela suffit en termes d’informations pertinentes et je laisse les autres affichages à ceux que cela intéresse. Vous pouvez également sélectionner quatre modes de conduite (Race, Sport, Road, Wet). Bien entendu je ne m’occupe que du mode « Sport ». Même chose pour le degré de puissance, Medium sera très bien et je laisse de côté High et Low. Sinon, avant de vous en rendre compte, vous allez devoir passer en revue les 3 456 – oui, oui – options de réglage, de quoi devenir zinzin.
Sans oublier
Parce que en plus, vous pouvez également régler l’ABS sensible à l’inclinaison avec un “contrôle de glissement” réglable, l’antipatinage et le quickshifter. Sans oublier que sur la S, on peut également cocher le limiteur de pitlane (quelqu’un l’a-t-il déjà utilisé ?) et le contrôle de démarrage. Ce n’est pas que cette débauche de technologie de la part de Ducati m’ait rendu plus critique, mais j’en ai assez de toutes ces options de réglage sur la plupart des motos aujourd’hui. Je suis plus centré sur l’essentiel.
L’essentiel
En ce qui concerne l’essentiel, il faut avant tout parler du nouveau V2 de 890 cm3. Nous avons déjà fait connaissance avec ce nouveau moteur qui équipe les Panigale V2 et Multistrada V2. Et peut-être bientôt aussi une nouvelle Monster. Avec 54,4 kg, ce bloc est 9 kg plus léger que le précédent « Superquadro ». Il garde toujours la même architecture en L à 90°, bien qu’il donne l’impression d’être en V, avec le cylindre horizontale qui ‘remonte’ de 20 degrés dans le châssis.
Plus de Desmo
Et ce n’est plus un desmo non plus. Les soupapes creuses se ferment maintenant à l’aide d’un ressort au lieu d’un basculeur supplémentaire. Je dois dire que cela fait quand même un peu saigner mon cœur de desmodromiste, mais bon. Mettons cela sur le compte du progrès.
Compensation
Mais quel progrès ? La V2 Streetfighter développe une puissance maximale de 120 ch à 10 750 tr/min. Et c’est beaucoup moins, 33 pour être précis, que sa prédécesseur. L’écart avec la V4 s’est donc considérablement creusé. Mais Ducati affirme que le poids réduit de l’actuelle, 175 kg sans essence, compense largement cette perte de puissance. Ceux qui ont envie de compenser encore un peu plus, peuvent également monter un échappement Akrapovic racing apportant 6 chevaux supplémentaires.
Monocoque
Le moteur fait également partie du châssis, car le cadre monocoque ne représente guerre plus que le support de la colonne de direction. Je suis sur la version S, ce qui signifie que c’est Öhlins qui s’occupent des suspensions entièrement réglables à l’avant et à l’arrière, alors que la version de base fait confiance à Marzocchi et Kayaba. Le bras oscillant creux en aluminium à deux branches me séduit, tout comme les Pirelli Diablo Rosso IV avec un 190 mm à l’arrière, même si c’est un peu exagéré.
Solo
Vous reconnaîtrez facilement la version S par sa déclinaison solo (la selle passager est en option) qui reçoit également une batterie lithium-ion plus légère, alors que la Streefighter standard se contente encore d’éléments en plomb pour générer la tension nécessaire à l’allumage, par exemple, du démarreur.
Civilisée
Et c’est ce que j’ai déjà fait en parcourant une vingtaine de kilomètres. La première impression est celle d’une moto très civilisée. Elle est facile à conduire. Et cela est dû en grande partie au moteur. Il tourne comme une horloge, répond toujours bien à la poignée d’accélérateur. L’époque où une ‘Duc’ hoquetait sans cesse est maintenant complètement révolue. Au regret de ceux qui aimaient, peut-être, cela.
Douée
Civilisée ET douée, car je ne peux pas dire que ces 33 chevaux de moins me manquent. Les 120 ch et le couple de 93,3 Nm me satisfont amplement. Ceux qui trouvent que 120 ch c’est trop court pour la circulation actuelle n’ont peut-être pas toute leur tête. La V2 vous accompagnera toujours en toute circonstance avec aisance.
Le printemps
Le quickshifter demande un certain effort, et c’est voulu. Le désormais légendaire pilote d’essai Alessandro Valia semble détester la sensation spongieuse d’un quickshifter, Alessandro a donc fait supprimé le ressort qui aide habituellement au bon fonctionnement du quickshifter. Par la même occasion, vous obtenez plus de sensations mécaniques pour vos efforts.
Avec prudence
Entre-temps, nous avons rejoint les routes de montagne. Hier, il y avait encore un demi-mètre de neige à certains endroits. Aujourd’hui, il ne reste plus que de l’asphalte à demi nettoyée. L’adhérence est donc très faible. À quelques reprises, je sens que le pneu arrière manque de grip, ce qui n’est pas une catastrophe étant donné l’abondance d’aides électroniques, mais cela m’oblige à prendre les virages avec prudence sans trop m’incliner.
Une explication ?
D’autant plus que la V2 ne se comporte pas toujours avec la même stabilité, notamment sur les chaussées bosselées. Je ne suis pas ingénieur, encore moins Alessandro Valia, mais je remarque surtout que le débattement négatif de la suspension arrière est très faible, ce qui pourrait être une explication. Tout cela peut être réglé, mais je dois admettre qu’après seulement 100 kilomètres, j’hésite toujours un peu d’aller voir les gens de chez Ducati, pour discréditer tout leur travail de développement qui a duré x années. Mais si jamais VOUS achetez une V2, gardez mon commentaire à l’esprit….
Frein à main
Et ce n’est pas que la Streetfighter V2 ne se démène pas sans compter, que cela soit bien clair. Comme le moteur, elle est très souple et facile à piloter. Les freins font parfaitement leur travail et la vie est belle à son guidon. Cela aurait pu être encore plus agréable avec plus d’adhérence, car je roule un peu avec le “frein à main”. En conséquence, je n’ai jamais vraiment réussi à ne faire qu’un avec la moto et c’est un peu dommage, car je suis certain que la V2 Streetfighter en est parfaitement capable. Et bien meilleure que la V2 qu’elle remplace.
Conclusion
Alors, est-ce que c’est la meilleure Streettfighter de tous les temps ? Non. J’ai également testé la V4 S le lendemain et elle appartient à une catégorie complètement différente. Cela n’a rien à voir avec la différence de puissance, mais peut-être avec le sentiment que les choses sont encore plus faciles. La V2 Streetfighter est-elle une bonne moto ? Oui, c’est vrai, et sur la voie publique, c’est le meilleur choix, juste à cause de la puissance plus raisonnable à haut régime, qui lui permet d’être facilement gérable et utilisable. Et c’est quelque chose qui s’ajoute au caractère très convivial du nouveau moteur. Je me contenterais d’ajuster le ressort arrière pour plus de confiance et de mettre des Pirelli qui offrent plus d’adhérence. Il n’y a rien d’autre à changer ou à modifier….
Données techniques | Ducati Streetfighter V2 S |
MOTEUR | |
Type | bicylindre en L à 90° et refroidissement liquide, distribution variable à l’admission, DACT |
Cylindrée | 890 cc |
Alésage x course | 96 X 61,5 mm |
Soupapes/cylindre | 4 |
Taux de compression | 13.1:1 |
Alimentation | injection électronique |
Embrayage | multidisque en bain d’huile |
Boîte de vitesses | à 6 rapports |
Transmission finale | par chaîne |
PRESTATIONS | |
Puissance maximum | 120 ch (88 kW) @ 10.750 tr/min |
Couple maximum | 93,3 Nm @ 8.250 tr/min |
ÉLECTRONIQUE | |
Moteur | modes de conduite, de puissance, quickshifter, écran TFT, launch controle … |
Partie-cycle | ABS en virage, contrôle de traction |
PARTIE-CYCLE | |
Cadre | monocoque en aluminium |
Suspension avant | fourche inversée Öhlins NIX30 de 43 mm |
Options d’ajustement | entièrement réglable |
Suspension arrière | mono-amortisseur Öhlins |
Options d’ajustement | entièrement réglable |
Débattement av/ar | 120/160 mm |
Frein avant | deux disques semi-flottants de 320 mm, étriers monobloc Brembo M50 à 4 pistons |
Frein arrière | un disque de 245 mm, étrier à 2 pistons |
Pneumatique av/ar | 120/70ZR157, 190/55ZR17 |
DIMENSIONS & POIDS | |
Empattement | 1.493 mm |
Angle de chasse | 24,1 ° |
Chasse | 103 mm |
Hauteur de selle | 838 mm |
Poids | 178 kg sans carburant |
Réservoir | 15 litres |
PRIX & INFOS | |
À partir de | 17.990 € (standard 15.490 €) |
Importeur | Ducati Benelux |
Internet | www.ducati.com |