Essai nouveauté Honda GB350S : un amour retrouvé

Elle avait 39 ans, moi à peine 18. Elle avait déjà beaucoup de kilomètres au compteur et une multitude d’anciens prétendants. Moi, j’étais plein d’enthousiasme et j’avais les poches pleines d’euros durement gagnés grâce à mon job du week-end. Elle était une Honda CB350 K2, j’étais un aspirant motard avec un casque et un cuir beaucoup trop grand. Que de bons souvenirs ! Une vague de nostalgie m’envahit brièvement pendant mon essai de la Honda GB350S.

Texte : Jelle Verstaen

Nostalgie

Avec mes frères, on sautait dans la voiture pour aller voir une moto qui prenait la poussière quelques part dans un coin. À l’époque, il y avait peu de choses qui me faisaient plus plaisir. Du café dans le thermos, les mains moites et le cœur battant d’impatience, et c’était parti. La stratégie mise au point était la suivante : « Tu parles de la rouille, du nid de souris dans le filtre à air et du fait qu’elle ne démarre pas, je fais une offre ridiculement basse et on la prend. Avant la tombée de la nuit, on la fera démarrer ! » C’est mon petit frère, le mécanicien de la maison et amateur des bonnes affaires, qui parlait. Il avait toujours un joli mot pour désigner une bonne affaire, dans notre coin de campagne. Finalement il décida de ne pas l’acheter à cause de la rouille, mais moi, j’avais complètement craqué et je réussi à caser la 350 dans le coffre de notre Renault Espace.

Après beaucoup de travail de polissage et de rénovation, nous avons réussi à faire fonctionner la 350, je me promenais fièrement avec, comme un gamin boutonneux … et je l’ai vendue beaucoup trop vite et trop bon marché parce que j’étais tombé amoureux d’une Ducati Supersport 620ie entièrement rénovée – frappez-moi. D’ailleurs, mon frère me le reproche encore quand on parle de la 350. Désolé, Jasper, vraiment. Cinq ans après cet épisode, j’ai lu dans le journal régional que la grange où se trouvait « ma » Honda avait totalement brûlé. Mon cœur de motard était brisé.

Les genoux qui flageolent

Lorsque je me suis retrouvé face à la nouvelle GB350S chez le concessionnaire Honda, je fus instantanément catapulté vers cette période formidable de ma jeunesse. Mes genoux en flageolent encore. On peut difficilement considérer ces deux modèles comme des parents proches, et pourtant… Les lettres chromées sur le réservoir (qui rappellent plutôt la CB350 Four, il est vrai), les logos sur les caches latéraux, les ailettes de refroidissement poncées, le phare rond, les soufflets de fourche, les deux amortisseurs à l’arrière, le compteur analogique, la petite selle de style surpiquée… Je trouve ça génial. Et c’est exactement l’effet que Honda a tenté de créer avec sa GB350S. Mission accomplie, sur ce point.

Technologies modernes

Notre moto d’essai est équipée du Pack Style, qui comprend un tête de fourche, des barres de protection avec feux antibrouillard, des embouts de guidon, un dosseret de selle et des protections de réservoir en caoutchouc. À notre avis, cela n’apporte aucune valeur ajoutée sur le plan esthétique, mais sur le plan fonctionnel, cela remplit sans aucun doute son objectif. Malgré son style rétro, la GB350S est bien sûr équipée de quelques technologies modernes, notamment en matière de sécurité : éclairage LED complet (avant et arrière, clignotants), embrayage anti-dribbling qui empêche notamment le rebond de la roue arrière lors des rétrogradages, ABS et contrôle de traction Honda HSTC. Un équipement assez complet pour une machine qui est en soi très simple.

Un jeu d’enfant

La hauteur de selle d’à peine 800 mm, combinée à des suspensions relativement souples, permet de monter en selle très facilement. Même les motards de petite taille, comme moi, peuvent facilement poser les deux pieds à plat sur le sol. Les genoux et le dos formant un angle quasi droit, les bras détendus vers le guidon haut, vous êtes assis très confortablement sur la selle joliment matelassée, avec une excellente visibilité sur le guidon et le compteur. Les commandes sont également agréablement rétro : klaxon, clignotants et feux de route à gauche, coupe-circuit et bouton de démarreur à droite. C’est tout. Ou pas tout à fait : comme autrefois, vous pouvez faire défiler les informations succinctes sur l’écran LCD intégré à l’aide des boutons situés sur le compteur : compteurs journaliers, odomètre, voltmètre, autonomie et consommation. Un indicateur de vitesse est toujours affiché, tout comme la jauge de carburant. Pas de compte-tours, mais le grondement du moteur vous indiquera qu’il est temps de passer la cinquième.

Du charme

Un choix surprenant, mais très apprécié. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier ce petit monocylindre de 348 cm3 à deux soupapes et refroidissement par air qui, avec ses ailettes de refroidissement joliment polies, s’accorde parfaitement avec le style rétro de ce modèle, mais un tel petit moteur n’est bien sûr jamais très puissant. Et pourtant… Malgré ses « maigres » 21 ch et 29 Nm, développés respectivement à 5 500 et 3 000 tr/min, le nouveau venu séduit immédiatement. La commande par câble de la poignée d’accélérateur – qui présente d’ailleurs un léger retard – possède une longue course, mais une fois que le moteur tourne, on s’en contente. Une allure tranquille vous entraîne de manière presque parfaitement linéaire jusqu’à la vitesse maximale, avec en prime un délicieux grondement. Celle-ci est d’environ 130 km/h sur le cinquième rapport, mais uniquement en descente, avec le vent dans le dos et à condition d’avoir suffisamment de patience, car ce dernier rapport est clairement surmultiplié. Mon GPS affiche une vitesse maximale de 117 km/h. Juste assez pour évoluer sur autoroute, mais clairement plus adapté aux routes secondaires. Parfois, il ne faut pas en faire plus.

Une maniabilité exceptionnelle

En slalomant entre villages et prairies, vous tomberez rapidement sous le charme de la GB350S. Ceux qui pensaient que la roue avant de 19 pouces nécessiterait beaucoup d’efforts changeront probablement d’avis dès le premier virage, car les 178 kg de la moto se manœuvrent avec une facilité déconcertante. Il suffit d’un doigt sur chaque poignée du guidon pour la faire pivoter d’un côté à l’autre. Et en même temps, cette même taille de roue et l’empattement relativement long (1 440 mm) assurent une stabilité en ligne droite et dans les virages qui séduira immédiatement tout aspirant motard.

Le seul point négatif

Les suspensions amortissent sereinement la plupart des irrégularités de la route, et même sous la pression des freins, la GB reste stable à tout moment. Il n’y a pas de possibilités de réglage sur la fourche avant, mais la suspension arrière peut être ajustée en termes de précharge, ce qui est pratique pour un week-end avec des bagages et/ou un(e) ami(e). Dans ce dernier cas, il est préférable de prévoir une marge supplémentaire lors des manœuvres de freinage. Le frein avant, un simple disque avec étrier Nissin double piston à fixation axiale, nécessite deux doigts bien entraînés pour générer la puissance nécessaire, mais la configuration n’est pas vraiment convaincante. À l’arrière également, il faut appuyer fortement pour obtenir un certain ralentissement. Le seul point négatif, en fait.

Concurrence

Si vous recherchez une moto légère de catégorie A2 d’une cylindrée maximale de 400 cm3, qui ne vous ruinera pas et qui séduira tous les amateurs de moto avec son look rétro, vous avez l’embarras du choix pour l’instant. Tout d’abord, notre moto d’essai du jour : la Honda GB350S coûte 4 799 euros et développe 21 ch et 29 Nm. Sa concurrente la plus proche vient du catalogue Royal Enfield. Avec un prix de départ de 4 699 euros, la HNTR 350 est un peu moins chère, tout en proposant des performances assez proches : 20 ch et 27 Nm. La Triumph Speed 400 se situe dans une gamme de prix supérieure avec 6 145 euros, mais elle se distingue par un moteur nettement plus puissant (40 ch et 37,5 Nm). En termes de prix, la Kawasaki W230 se situe exactement entre les deux, à 5 199 euros, mais avec une cylindrée plus petite de seulement 233 cm3 et des performances proportionnellement plus modestes (18 ch/18,6 Nm), elle fait plutôt figure d’outsider dans cette bataille.

Conclusion

Ah, la nostalgie. Elle reste une stratégie marketing astucieuse qui permet de séduire même les motards les plus chevronnés. Elle rappelle une époque révolue, où tout semblait plus calme et plus simple, où un avertissement précédait encore une amende et où l’on n’était pas constamment dérangé par un écran hyperactif dans la poche de son pantalon ou son sac à dos. Avec sa GB350S, Honda touche la corde sensible (y compris chez le soussigné) et commercialise une moto très agréable pour un budget somme toute modeste. La finition est excellente, le mélange entre éléments modernes sécuritaires et rétro est parfaitement équilibré, le moteur est suffisamment performant et la partie cycle est une réussite inattendue. Ajoutez à cela une consommation (mesurée) d’un peu plus de 3 l/100 km, soit une autonomie théorique d’environ 450 à 500 kilomètres, et vous obtenez une alternative idéale pour les conducteurs A2 soucieux de leur budget ou les nostalgiques d’une moto de petite cylindré. Elle mérite vraiment le détour.

Données techniques Honda GB350S

MOTEUR
Type monocylindre SACT, à refroidissement par air
Cylindrée 348 cc
Alésage x course 70 x 90,5 mm
Soupapes/cylindre 2
Taux de compression 9,5:1
Alimentation injection électronique PGM FI
Embrayage multidisque en bain d’huile, à glissement assisté
Boîte de vitesses 5 rapports
Transmission finale chaîne
PRESTATIONS
Puissance maximum 21 ch (15,5 kW) @ 5.500 tr/min
Couple maximum 29 Nm @ 3.000 tr/min
ÉLECTRONIQUE
Moteur /
Partie-cycle ABS, contrôle de traction HSTC
PARTIE-CYCLE
Cadre tubulaire en acier
Suspension avant fourche télescopique
Options de réglage /
Suspension arrière deux amortisseurs
Options de réglage précharge
Débattement av/ar 106 mm / 120 mm
Frein avant un disque de 310 mm, étrier Nissin double piston
Frein arrière un disque de 240mm, étrier simple piston
Pneumatiques av/ar 100/90-19, 150/70-17 (Metzeler Tourance Next)
DIMENSIONS & POIDS
Empattement 1.440 mm
Angle de chasse 27°
Chasse 120 mm
Hauteur de selle 800 mm
Poids TPF 178 kg
Réservoir 15 litres
PRIX
À partir de 4.799 euros

Équipements de Jelle

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