Essai nouveauté : Triumph Speed Triple RX: (R)X-factor
Quelques semaines à peine après notre rendez-vous avec la Speed Triple RS 2025, votre serviteur est reparti pour Portimão. Pas d’essai sur la voie publique cette fois, pas de mélange de soleil et de pluie, et certainement pas de compromis : Triumph avait loué l’intégralité du circuit pour une poignée de journalistes. Le temps d’une journée, nous avons pu tester la dernière arme du constructeur d’Hinckley. Alors que la RS représente toujours un équilibre entre sportivité et facilité d’utilisation au quotidien, la Triumph Speed Triple 1200 RX se doit d’être plus exclusive. Position de conduite radicale, équipements à l’avenant et tirage limité à seulement 1 200 unités.
Texte : Jelle Verstaen
Alors que le soleil couchant recouvre l’Algarve, je mange avec quelques collègues de la presse motocycliste internationale. Au milieu du restaurant, une moto se cache sous une couverture. Pas de podium, pas de discours de relations publiques interminables – juste cette silhouette séduisante et une série de spéculations. “Une Daytona 1200 ?”, murmure un collègue britannique. “Ou déjà une version haut de gamme de la Speed Triple ?” Après tout, cela fait à peine deux semaines que nous avons pu tester la nouvelle RS sur le même tarmac. Est-ce que Triumph sortirait une nouvelle Speed Triple maintenant ? Ce n’est pas possible… ?
Speed Triple 1200 RX
Au moment où le rideau tombe, toute la salle affiche un sourire béat. Car sous nos yeux, la toute nouvelle Speed Triple 1200 RX brille à la lumière des bougies. Limitée à seulement 1 200 exemplaires dans le monde, la nouvelle venue est équipée de série de pièces en carbone, d’un Akra imposant et d’une position de conduite que ne renierait pas une hypersportive. La RX est habillée d’une robe Triumph Performance Yellow, combinée à des détails gris graphite et à un liseré jaune frappant sur la roue arrière. La nouvelle selle avec le logo RX en relief et le sublime Té de fourche fraisé et numéroté complètent le tableau. Pfieuw, ça en jette !
En avant
Le lendemain, j’ai à peine passé une jambe par-dessus la selle de 830 mm de haut que je devine déjà qu’il ne s’agit pas d’une RS. Les demi-guidons sont abaissées de 69 mm et avancées de 52 mm. Associés à des repose-pieds boulonnés 14,5 mm plus haut et 25,5 mm plus en arrière, cela donne une position de conduite digne d’une superbike, avec les bras beaucoup plus rentrés que sur le large guidon de la RS. À peine sortis de la pitlane, je ressens directement les avantages de cette position inclinée vers l’avant : plus de poids sur le train avant, plus de pression sur la roue avant, ce qui se traduit par beaucoup plus de sensations et un surplus de confiance durant la conduite sur mes montagnes russes portugaises préférées, pour une fois sèches. Gaz !
Le trois cylindres dans toute sa splendeur
Sous le réservoir de la RX bat exactement le même cœur que celui de la RS : le trois cylindres Triumph de 1 160 cm3, qui développe également 183 ch et 128 Nm dans cette configuration. Sur le papier, il n’y a aucune différence, ce qui est pour le moins étonnant pour une moto qui se veut superlative. Mais il faut bien reconnaître qu’une augmentation des performances du trois-pattes n’étais pas vraiment nécessaire. La puissance est délivrée de manière exemplaire avec une réponse parfaite de la poignée d’accélérateur dès 3 000 tr/min, pour devenir impressionnant de 8 000 tr/min jusqu’au rupteur. Et lorsque je passe du mode Sport au mode Track, les montées en régime deviennent dantesques avec une précision chirurgicale de la poignée de gaz, bien aidé par la position de conduite ajustée aux petits oignons.
Une combinaison rare
Dans la ligne droite de Portimão, j’accroche sans peine 270 km/h sur le sixième rapport, mais la grande différence avec la RS réside au niveau des virages. Avec la nouvelle position de conduite, les suspensions Öhlins Smart EC3 réactives et l’amortisseur de direction SD EC, je place avec confiance la moto sur l’angle, après quoi la poignée de gaz transmet la puissance à la roue arrière d’une manière parfaitement contrôlée. L’électronique permet quelques dérives mais intervient infailliblement lorsque c’est nécessaire, le quickshifter ne provoque pratiquement aucune agitation dans le châssis, même sur l’angle, et pour suivre la RX en sortie de virage, il y a intérêt à se dépouiller. Cela rend le gros triple britannique non seulement rapide comme l’éclair, mais aussi étonnamment contrôlable – une combinaison rare avec une telle cargaison de chevaux à bord.
Stoïque
Expression de cette confiance : sur la RX, les suspensions semi-actives Öhlins Smart EC3 sont complétées par un amortisseur de direction mécatronique Öhlins SD EC à commande électronique. Ce système est entièrement intégré à l’interface OBTi sur l’écran TFT, ce qui permet de régler avec précision et en temps réel la façon dont le train avant doit réagir aux conditions de conduite. En pratique, cela se traduit par une stabilité accrue lors des accélérations en virage, une direction plus légère et un train avant stoïque lors des freinages brusques vers le premier virage du circuit, par exemple. Ce qui vous permet d’orienter la RX parfaitement là où vous le souhaitez, tour après tour, même si vous déplacez votre zone de freinage de plus en plus près de l’entrée du virage. C’est très agréable.
À votre goût
Non seulement les suspensions à commande électronique contrôlent et gère l’amortissement en compression et en détente pour chaque condition de conduite, mais grâce à l’interface Objective Based Tuning, vous pouvez également, en tant que conducteur, interagir avec sept paramètres pour régler rapidement et complètement les suspensions en fonction de vos goûts et de votre style de conduite. Rigidité avant et arrière, appui au freinage, accélération, dans les virages et à vitesse constante : vous déplacez chaque bouton du point mort à – ou + 5 et inversement. L’écran TFT permet également d’agir sur l’amortissement en compression et en détente (23 clics), et ce à l’avant comme à l’arrière.
Roadster avant tout
Avec les repose-pieds placés plus haut, la garde au sol augmente également beaucoup, ce qui vous permet à pousser la très docile Speed Triple RX de plus en plus loin dans les virages. Les suspensions Öhlins Smart EC3 – entièrement préréglées en fonction de votre poids – restent inébranlables à tout moment, vous poussant à repousser vos limites un peu plus loin. Cependant, cette progression comprend également un vent de face de plus en plus fort qui a un impact de plus en plus important, tour après tour, sur le casque et les muscles de la nuque. Il s’agit toujours d’un roadster, bien sûr, mais un demi-carénage ou un carénage complet n’aurait pas été du luxe. Le pare-brise optionnel que Triumph a installé pour l’occasion est très joli, mais il ne fait que soulever un peu de vent au-dessus du tableau de bord et n’est pas un avantage significatif pour le pilote lui-même.
Un jeu d’enfant
Pas de surprise pour le poste de pilotage : comme sur la RS, la RX dispose d’un bel écran TFT et d’un ensemble d’aides électroniques. Cinq modes de conduite – Rain, Road, Sport, Track et un mode Rider entièrement réglable, des paramètres ajustables comme le frein moteur, l’antipatinage et l’ABS, chacun avec détection de l’inclinaison grâce à l’IMU à six axes. C’est impressionnant, mais le joyau de la couronne de cette Reine est le contrôle de la levée de la roue avant. Cette fonction permet de contrôler non seulement si la roue avant décolle du bitume, mais aussi à quelle hauteur. Relâchez le levier d’embrayage, tournez la poignée d’accélérateur et la RX soulève la roue avant de manière contrôlée, dans la position que vous avez choisie. Malgré ses aptitudes pour la conduite sur circuit, la RX est également équipée de série d’un régulateur de vitesse. Toujours utile pour minimiser la pression exercée sur les poignets en évoluant sur la route.
Plus de feedback
En matière de freinage, Triumph s’appuie également sur les étriers Brembo Stylema de la RS, associés à une pompe de frein radiale MCS réglable. Cette combinaison permet d’obtenir un engagement vif, un mordant à couper au couteau et un contrôle optimal. Même après des freinages fréquents et violents à des vitesses totalement irresponsables. Un package incroyable que j’avais déjà applaudi et qui excelle encore plus en termes de retour d’information grâce à la position de conduite modifiée. Autour des jantes peintes brillantes, il n’y a heureusement pas de pneus pluie cette fois-ci, mais les Pirelli Diablo Supercorsa V3 standard, qui montent rapidement en température sur la piste sèche et offrent une adhérence totale tout au long de la journée.
Grande impression
Tout cela a un prix, bien sûr. En Belgique, comptez sur un budget débutant à 21 995 euros. Soit un surplus d’à peine 1 700 € par rapport à la Speed Triple RS. Ce qui, compte tenu des équipements proposés, ressemble un peu à une bonne affaire – surtout quand on sait que l’Akra doit déjà coûter 999 euros séparément…. Dans sa course à l’excellence, la Triumph Speed Triple RX 2025 doit rivaliser avec des machines frôlant ou dépassant les 200 ch : je pense à la KTM 1390 Super Duke R EVO et à l’Aprilia Tuono 1100 V4 Factory entre autre. A mon avis, la candidate britannique fait une excellente impression et a l’avantage absolu d’être en édition limitée.
Conclusion
Triumph nous rappelle à plusieurs reprises que la RX n’est pas une challenger de la RS, mais un modèle haut de gamme complémentaire pour ceux qui recherchent le summum du roadster. Après une journée entière d’essai à Portimão, je ne peux qu’être d’accord. La RX est à peu près ce qui se rapproche le plus d’une superbike pur-sang Made In Triumph. Bien que (malheureusement) sans carénage. La RX est plus exclusive que la RS à tous points de vue. Mais elle conserve en même temps l’âme quintessentielle de la Speed Triple : une puissance brute emballée dans une veste suprêmement élégante, pour un surcoût minime. Vous aurez compris que la RS n’est absolument pas conçue pour évoluer sur circuit. Mais par contre, elle a l’avantage d’être beaucoup plus confortable sur la route. Il ne vous reste plus qu’à réfléchir à l’usage principal que vous ferez de votre Speed Triple.
Les plus | Les moins |
Position de conduite | Seulement 1200 exemplaires |
Suspensions électoniques | Confort par rapport à la RS |
Design exclusif et soigné |
Données techniques Triumph Speed Triple 1200 RX
MOTEUR | |
Type | trois cylindres en ligne à refroidissement liquide, DOHC |
Cylindrée | 1.160 cc |
Alésage x course | 90 x 60,8 mm |
Soupapes/cylindre | 4 |
Taux de compression. | 13,2:1 |
Alimentation | injection électronique multipoint |
Embrayage | multidisque en bain d’huile, assisté |
Boîte de vitesses | à 6 rapports |
Transmission finale | par chaîne |
PRESTATIONS | |
Puissance maximum | 183 ch / 134,6 kW @ 10.750 tr/min |
Couple maximum | 128 Nm @ 8.750 tr/min |
ÉLECTRONIQUE | |
Moteur | 5 modes de conduite, quickshifter, ride-by-wire |
Partie-cycle | Amortisseur de direction Öhlins SD EC avec SmartEC3 OBTi, ABS sensible à l’inclinaison et antipatinage réglable, IMU, Brake Slide Assist, régulateur de vitesse, écran TFT, feux LED, feux de freinage d’urgence |
PARTIE-CYCLE | |
Cadre | double structure en aluminium, sous-châssis en alu boulonné |
Suspension avant | fourche inversée Öhlins de 43 mm NIX30 EC Spool |
Options de réglage | entièrement réglable électroniquement |
Suspension arrière | Öhlins monoshock TTX36 EC Spool Valve RSU |
Options de réglage | entièrement réglable électroniquement |
Débattement av/ar | 120 mm / 120 mm |
Frein avant | deux disques flottants de 320 mm, étriers Brembo Stylema à quatre pistons montés radialement, OC-ABS, maître-cylindre radial Brembo MCS |
Frein arrière | un disque de 220 mm, étrier Brembo à deux pistons, OC-ABS |
Pneumatiques av/ar | 120/70ZR17, 190/55ZR17, Pirelli Diablo Supercorsa SP V3 |
DIMENSIONS & POIDS | |
Empattement | 1.445 mm |
Angle de chasse | 23,9° |
Chasse | 104,7 mm |
Hauteur de selle | 830 mm |
Poids TPF | 199 kg |
Réservoir | 15,5 litres |
PRIX | |
À partir de | 21.995 € |