Essai nouveauté : Triumph TF250-E & TF450-E
Triumph n’a pas chômé depuis l’arrivée de ses 250 et 450 MX. La firme anglaise semble s’être lancée dans une guerre éclair dans le domaine du tout-terrain. Là où les Japonais se sont montrés moins spectaculaires ces dernières années, Triumph met les bouchées doubles. La manière dont les gars d’Hinckley s’y prennent pourrait bien faire honneur à leur nom.
Texte : Nicky Kenis
Premiers modèles enduros pour Triumph
Triumph lance ses premiers modèles enduro 250cc et 450cc après les versions MX. J’ai pu assister à ce moment historique sur le domaine espagnol ‘Les Comes’ en tant que l’un des 10 premiers journalistes au monde à tester ces nouvelles motos.
Phare + béquille et le tour est joué ?
La plupart des gens pensent que Triumph a simplement ajouté un phare et une béquille latérale aux TF250 et TF450, sans oublier la roue arrière de 18 pouces. De nombreuses marques l’ont déjà fait par le passé. Et visuellement parlant on dirait que c’est le cas également ici. Mais quand on y regarde de plus près, on voit qu’il y a un monde de différence. Comme elle l’a fait pour la TF-X, Triumph a réuni une équipe solide pour l’élaboration de ses enduros. Les ingénieurs se sont appuyés sur l’expérience des quadruples champion du monde Ivan Cervantes et Paul Edmondson. Ajoutez à cela les pilotes d’essai Sam Sunderland et Jan de Wandelaar – alias Jonny Walker – et vous pouvez vous attendre à des motos performantes.
La technologie au service de la moto
Le cadre léger en aluminium, identique pour les TF250-E et TF450-E, est doté d’un bras oscillant plus long de 10 mm par rapport aux modèles TF-X. Il est équipé de suspensions avant et arrière KYB, de pneus Michelin Enduro 2 et de jantes D.I.D.. Tout cela assure la stabilité et l’adhérence nécessaires sur tous les terrains rencontrés. Cette base agile se manœuvre remarquablement bien entre les arbres. Tellement agile que nous avions l’impression de faire une balade dominicale en VTT.
Vilebrequins plus lourds
En termes de puissance, Triumph a apporté de nombreux changements pour adapter le moteur à la pratique de l’enduro. Par rapport aux MX, le poids du vilebrequin a été augmenté de 30 % sur la 450 et de 34 % sur la 250. Cela permet d’obtenir une puissance plus douce et plus contrôlable sur les sections techniques. Les deux modèles TF-E sont également équipés d’arbres à cames modifiés, adapté à l’enduro, pour un contrôle précis des soupapes. Pour compléter le tableau, les deux motos possèdent une boîte de vitesses à six rapports. Le dernier rapport – de type overdrive – rend les moments passés sur le tarmac et les longues périodes de vitesse constante un peu plus agréables. Cependant, durant l’essai, il est apparu clairement que chaque rapport de boîte tirait un peu long. Néanmoins, en deuxième et troisième, le couple est généreux et il n’est pas nécessaire de jouer avec la boîte de vitesses pour atteindre le bon régime.
Un équipement complet
Ce qui rend les TF-E particulièrement intéressantes, c’est qu’elles sont équipées pour fonctionner dans les conditions les plus difficiles. Triumph a installé de série un ventilateur de refroidissement à l’arrière du radiateur, ce qui s’avère très pratique dans des conditions très chaudes, sur des pistes techniques lentes ou dans des rochers. De cette façon, le refroidissement reste assuré et la perte de puissance limitée. Pour les sections plus rapides et de l’action, les Britanniques ont opté pour des freins Brembo.
De l’électronique à profusion
En termes d’électronique, ils ont également mis le paquet à Hinckley. Un contrôle de lancement pour sortir le premier des starting-blocks, un quickshifter qui élimine le besoin de débrayer entre le deuxième et le sixième rapport, un contrôle de traction pour garder la roue arrière sous contrôle dans des conditions glissantes et, enfin, deux cartographies. J’ai pu les tester de manière approfondie et elles font la différence. C’est comme si vous aviez deux motos en une. Les commandes TC, LC et QS sont faciles à utiliser sur le commodo gauche, juste à côté du module de commande des feux. Enfin, le design et l’affichage de ces commandes sont très clairs et faciles à utiliser en roulant.
Des extras
Triumph propose quelques options supplémentaires. Un échappement Akrapovic en titane, une protection de bras oscillant pour escalader les rochers en toute confiance, une selle plus basse de 20 mm et un module WiFi com qui vous permet de personnaliser entièrement la gestion de votre moto via l’application MX-Tune Pro. Cette dernière vous permet de choisir entre six cartographies supplémentaires pour affiner le caractère du moteur via l’ECU Athena en fonction du terrain et des conditions météorologiques. Chaque cartographie porte donc le nom qui lui convient le mieux, par exemple Sand, Rain,…
Commande et approvisionnement
Cerise sur le gâteau, Triumph veut miser sur le service. Vous avez besoin de quelque chose après vous être catapulté sur une souche trop haute ? Vous pouvez rechercher vous-même votre pièce et la faire livrer chez votre concessionnaire le plus proche. Cela se fait grâce au système de « commande et d’approvisionnement » qui garantit que tout le monde est aidé le plus rapidement possible. Ainsi, les pièces que vous commandez sont disponibles chez votre concessionnaire dans les 24 heures.
Les Comes… sur le mouillé avec les Cojones
OK, chouette, un lancement presse en Espagne à la fin du mois d’avril. Lors de la préparation de mon sac de voyage, je m’attendait à un temps ensoleillé et à des pistes poussiéreuses. Un jour plus tard, durant le briefing, nous nous sommes tous regardés en nous demandant si nous allions mettre une veste ou non ? Pour la plupart, il s’agissait de ne pas perdre confiance dans le soleil et même de partir avec un masque teinté. L’erreur est humaine… Nous avons testé cette moto anglaise dans des conditions météorologiques typiquement anglaises. Trois heures de pluie battante pendant notre single trail sur différentes surfaces et deux spéciales. Heureusement, le soleil a fait son apparition dans l’après-midi et nous avons pu terminer sur le sec et mettre un peu plus de gaz.
La puissance de la 450
La 450 est clairement un concentré de puissance. Elle développe 59 ch et pèse 117 kg. Le cadre léger et les suspensions KYB lui confèrent une agilité remarquables. Grâce à son vilebrequin et à son arbre à cames spéciaux, le moteur a un caractère très doux et puissant, sans pour autant donner l’impression qu’il faut être prudent avec la poignée d’accélérateur. La combinaison de ces deux caractéristiques donne l’impression de rouler avec une 350cc, ce qui rendra certainement une longue journée d’enduro plus agréable.
La 250 se comporte comme une 125cc sous testostérone
Avec ses 114 kg, la 250 n’est pas beaucoup plus légère que la 450, mais elle donne l’impression d’être une moto complètement différente. On peut la comparer à une 125cc sous testostérone. Elle se conduit donc comme une 125cc, se laissant facilement lever et s’arrêtant tout aussi bien sur sa roue avant. Avec ses 42 ch, elle n’est pas non plus une bête de course, mais dans l’ensemble, elle se montre très légère et agile lorsqu’elle franchit des obstacles. En même temps, elle décolle comme une fusée quand on tourne un peu plus fort la poignée d’accélérateur lors d’un sprint dans l’herbe ou sur un single trail.
Dilemme
Un choix clair pour certains, un dilemme pour d’autres. Ceux qui sont confrontés à cela peuvent baser leur choix sur les éléments suivants : aimez-vous les courtes sections techniques ou préférez-vous les passages typiques de l’enduro ? Dans ce cas, la 250 est la moto qu’il vous faut. Si vous êtes plutôt un adepte des sections rapides avec beaucoup de puissance ou si vous faites beaucoup de longues distances sur la route, la 450 est une évidence.
Conclusion
Le slogan de Triumph « plus c’est dur, plus c’est bon » s’est vérifié tout au long de la matinée sous une pluie battante. Les modèles TF-E ont rendu la conduite super facile et ont donné une très bonne confiance au train avant. Même à des vitesses élevées sur des pistes mouillées, la conduite était facile. Triumph a sans aucun doute réussi à développer une enduro très compétitive. Grâce à l’antipatinage et à la cartographie souple, rouler sous la pluie est un jeu d’enfant. Les motos ont été spécialement conçues dans les moindres détails, pour l’enduro et cela se sent. Même la selle est dotée d’un revêtement spécial qui offre une meilleure adhérence à l’endroit où les genoux la touchent lorsque l’on se tient debout. La Triumph TF-E est l’une des rares motos en Europe à répondre à la norme EU5 et à être homologuée pour circuler sur la voie publique. C’est un gros plus par rapport aux marques japonaises qui, dans ce domaine, ont jeté l’éponge – la dernière étant Yamaha – et ne vendent plus d’enduros homologuées. Triumph fait ici clairement un pas vers le succès dans le monde du tout-terrain. Nous sommes déjà impatients de voir la suite.
Photos : Triumph Motorcycles
Données techniques
TRIUMPH TF250-E (TF450-E)
MOTEUR
Type : monocylindre à refroidissement liquide
Cylindrée : 249,9cc (449,9cc)
Alésage x course : 78 x 52,3 mm (95 x 63,4 mm)
Taux de compression : 14,4 : 1 (12,8 : 1)
Embrayage : multidisque en bain d’huile
Boîte de vitesses : à 6 rapports
Transmission finale : par chaîne
PRESTATIONS
Puissance maximum : 42,3 ch (58,6 ch)
Couple maximum : 27,8 Nm (49,3 Nm)
ÉLECTRONIQUE
Moteur : modes de conduite
Partie-cycle : contrôle de traction, de lancement, quickshifter
PARTIE-CYCLE
Cadre : double berceau en aluminium
Suspension avant : fourche inversée KYB de 48 mm
Possibilités de réglage : compression et détente hydraulique
Suspension arrière : monoshock avec amortisseur KYB
Possibilités de réglage : compression et détente hydraulique
Débattement av/ar : 300/313 mm
Frein avant : un disque de 260mm, étrier flottant Brembo à double piston
Frein arrière : un disque de 220mm, étrier flottant Brembo simple piston
Pneumatique av/ar : 90/90-R21, 140/80
DIMENSIONS
Empattement : 1.488 mm
Angle de chasse : 26,8°
Chasse : 113 mm
Hauteur de selle : 955 mm
Réservoir : 8,3 l
Poids TPF : 114,2 kg (116,7 kg)
PRIX
À partir de 10.995 € (11.595 €)