Essai nouveauté : Yamaha Ténéré 700 (Rally) 2025
Yamaha a procédé à une refonte complète de sa gamme Ténéré. D’une part, elle l’a simplifiée car il n’y a plus que les Ténéré 700 et Ténéré 700 Rally 2025 au catalogue. Hormis la World Rally (avec un réservoir plus grand), ce sont désormais les deux seuls modèles à disposer d’un réservoir d’essence « normal ». La Ténéré « standard » est destinée à la fois à la voie publique et au tout-terrain. La Ténéré Rally s’adresse aux aventuriers qui préfèrent rouler en hors piste, et a été dotée d’atouts spécifiques à cet effet. Mais la base de ces deux nouvelles Ténéré 2025 est la même.
Texte : Thierry Sarasyn
Améliorations dans la continuité
Les deux modèles sont désormais dotés de suspensions entièrement réglables à l’avant et à l’arrière, d’une commande YCCT ride-by-wire pour la poignée d’accélérateur et de deux cartographies associées. Tels sont les principaux changements. Mais ce n’est pas tout. L’habillage et la selle ont été mises à jour, tout comme l’ergonomie, le nouvel écran TFT multifonctionnel de 6,3 pouces, la commande par joystick du TFT et des cartographies sur le commodo gauche, les nouveaux feux avant, fonctionnels et stylisés, et – ce qui m’a fait verser une larme de joie – le retour du bouton qui permet de désactiver l’ABS et l’antipatinage d’une simple pression. La joie est encore plus grande lorsque l’on regarde la liste des accessoires. Avec l’arrivée de la nouvelle électronique, il est désormais possible d’installer en option un quickshifter up/down.
Malgré tous ces changements, Yamaha a le mérite d’avoir réussi à conserver la Yamaha Ténéré 700 que nous connaissons déjà bien. D’ailleurs, sans les informations précédentes, on ne se douterait pas que la ou les motos ont changé à ce point.
Dans les traces d’une légende
Cet essai de la Yamaha Ténéré 700 2025 m’a non seulement appris plusieurs choses sur la dernière née de Yamaha, mais aussi qu’une légende du Dakar comme Stéphane Peterhansel n’a pas la même définition de la vitesse que le commun des mortels. Avec 14 victoires sur le plus prestigieux de tous les rallyes à son actif, on pouvait s’attendre à ce qu’il en soit ainsi. Cependant, ce qui s’est passé lors de cet essai au Maroc a été pour le moins surprenant. Nous avons quitté le lieu du déjeuner par un tronçon de 5 km d’asphalte. Sur cette courte distance, « Peter » a laissé le dernier du groupe à environ deux minutes. On aurait pu penser qu’il se calmerait ensuite en se dirigeant vers les pistes. Que nenni, le Français a attaqué les virages des contreforts de l’Atlas comme s’il s’agissait du prologue de son 36ème Dakar. Ensuite, nous avons plongé dans l’Atlas sur un rythme encore plus rapide.
Je pense qu’il ne doit pas être trop habitué à ce genre d’exercice, je parle de guider des journalistes bien entendu. Si vous voulez traverser le désert avec lui, assurez-vous que vous êtes capable de le suivre.
Impressionnant Agafay
Et puis il y a eu le désert d’Agafay… Une étendue de sable à l’ouest de Marrakech qui finit par se transformer en montagnes de l’Atlas. Jolie vue, avec les sommets enneigés en arrière-plan. L’Agafay est d’une beauté à couper le souffle, mais il est plus sec que ma gorge lorsque j’ai soif. On y trouve des bandes de sable meuble ainsi que des étendues parsemées de pierres. Ce désert est aussi parsemé d’un véritable réseau de pistes : heureusement que ce Peterhansel sait lire un roadbook à grande vitesse… sinon nous serions encore en train de rouler dans cette région.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cadre pour tester les Yamaha Ténéré 700 et 700 Rally 2025 était pour le moins difficile.
La formule du succès
Yamaha, avec 70 000 Ténéré vendues depuis 2019, détient un énorme quart du marché des motos d’aventure de milieu de gamme. On peut dire qu’il domine cette partie du marché. Lorsque la Ténéré est entrée dans la gamme il y a six ans, le segment des motos d’aventure de milieu de gamme était en déclin. Yamaha l’a revitalisé, a eu l’intelligence d’y inclure sa riche histoire et, entre-temps, a également construit une véritable communauté autour de la Ténéré avec les académies et les voyages Destination Yamaha, les programmes de rallye et le Ténéré Travel Trophy, entre autres. Dire qu’il s’agit d’un modèle important est un euphémisme. Les Japonais ont donc écouté très attentivement les clients et des améliorations ont été apportées là où les pilotes de la Ténéré le demandaient. Le bouton ABS en est un bon exemple.

Prise en main
Comme on pouvait s’y attendre, j’ai été submergé par une multitude d’impressions au cours des 15 premières minutes de l’essai. J’ai commencé avec la Ténéré 700 standard, mais nous avons fini par rouler le matin sur un itinéraire qui comportait presque autant de kilomètres en hors piste que le tronçon de l’après-midi avec la Rally. Il est vrai qu’avec les pneus standard, le sable si profond devenait de temps en temps euh… difficile. C’est aussi la première fois que j’ai senti que le bloc CP2 avait perdu un peu de son caractère typique avec l’arrivée du YCCT ride by wire. Difficile à décrire, mais la réponse à la poignée d’accélérateur est un peu plus plate, ou je devrais plutôt dire « connectée d’une manière différente ». Et cela, bien sûr, dans le sens littéral du terme.
Des deux cartographies liées au système ride by wire, c’est la ‘Sport’ qui se rapproche le plus de ce à quoi j’étais déjà habitué avec ce magnifique moteur CP2. La question de savoir si c’est mieux maintenant dépend du caractère moteur que vous préférez. Et peut-être qu’une partie de ce sentiment se trouve également dans l’échappement qui, suivant les normes Euro 5+, produit un son discret.
La puissance en elle-même reste inchangée. Les 74 ch ont toujours été parfaits pour la Ténéré et ils le sont toujours. Seul la manière de les libérer à changé.

Un monde de différence
Les nouvelles suspensions entièrement réglables permettent d’ajuster celles-ci à votre convenance, mais curieusement, avec l’augmentation des possibilités de réglage, vous ressentez moins le besoin de faire des ajustements. Après tout, ces nouvelles suspensions sont bien meilleures que celles des modèles précédents et à aucun moment je n’ai ressenti le besoin de modifier les réglages. Ni le matin sur la version standard, ni après le dîner au guidon de la version Rally avec des suspensions à plus grand débattement et une légende du Dakar qui imprimait le rythme.
Dans le désert d’Agafay, les coups durs se sont succédés. Un trou profond dans la piste que vous avez vu trop tard, une trajectoire qui s’écarte de 10 cm de celle de Peterhansel, une section de montée raide qui a été emportée par la pluie il y a 15 ans… La réaction de la fourche avant et de l’amortisseur arrière n’est rien de moins qu’exemplaire. Vous savez que vous pouvez rouler à fond sur cette moto dans de telles conditions et que tout sera absorbé d’une manière presque miraculeuse. C’est incroyable ce que Yamaha a réussi à faire ici, sur une moto de 700 cm3 affichant 210 kilos, cela vous met en confiance. Vous sentez que les vitesses élevées et/ou les obstacles inattendus ne vous causeront pas de problèmes sérieux.
Bien qu’il y ait des limites à tout. Le grand danger sur les pistes africaines, c’est de commencer à penser que tout va bien. Et c’est souvent le cas. Mais c’est dans les rares moments où les choses tournent mal que réside le grand danger. C’est pourquoi il faut toujours rouler avec une marge de 20 % dans le désert. En toute honnêteté, cela n’a pas toujours été le cas dans le sillage de Peterhansel. Mais bon, qu’est-ce qui peut aller de travers en Afrique quand vous mettez les gaz en virage derrière une légende du Dakar….

Une différence évidente
Yamaha a clairement positionné les versions standard et Rally de la Ténéré différemment, et leurs caractéristiques de conduite sont également très différentes. De toute évidence, la Rally est plus haute sur ses pattes et vous êtes également assis plus haut en raison de la combinaison d’un plus grand débattement des suspensions et d’une selle légèrement plus épaisse. Curieusement, je pensais également que les réglages du moteur étaient différents, mais Yamaha indique clairement que les modes de conduite sont identiques sur les deux modèles. L’utilisation de pneus Michelin Anakee Wild off-road a peut-être aussi contribué à cette différence de sensations, car ils permettent de mieux faire passer la puissance au sol.
J’ai roulé sur la Ténéré 700 standard pendant une bonne partie du trajet sur la voie publique. Les routes n’étaient pas toujours de bonne qualité et me rappelaient parfois davantage le désert qu’une simple bande d’asphalte. Une simulation parfaite pour les routes belges, donc. Et puis on sent que la Ténéré 700 se sent aussi comme un poisson dans l’eau sur l’asphalte. Et il faut bien l’avouer, la plupart des Ténéré effectuent la majeure partie de leur kilométrage sur ce type de revêtement. Un point important tout de même…
Ceux qui ont des ambitions limitées en matière de tout-terrain trouveront dans cette version une partenaire presque parfaite. En revanche, si vous avez un faible pour les couleurs iconiques, si vous avez des ambitions tout-terrain, si vous êtes aussi grand que Loris Baz ou si vous incarnez une combinaison des trois, n’hésitez pas : dépensez 1 200 euros de plus pour la version Rally.
Deux motos, une conclusion
Il y a beaucoup à dire sur l’essai de ces nouvelles Ténéré. Le caractère du moteur, la position de conduite encore meilleure qu’auparavant, les phares améliorés, l’écran couleur clairement lisible et aussi, ce putain de bouton pour l’ABS… Mais il n’y a qu’une seule conclusion.
Tout est bon dans cette moto. Dans les deux versions, il s’agit plus que d’une mise à niveau. C’est le résultat d’une analyse minutieuse du modèle précédent, de l’écoute des commentaires et d’une réflexion logique. Ce que seules les marques qui baignent dans l’univers du modèle en question peuvent faire. Avec son histoire dans le Dakar, ses modèles emblématiques XT et son engagement continu dans toutes les disciplines sportives où les pneus sculptés sont utilisés, Yamaha appartient clairement à ce groupe plutôt restreint. Cependant, il y a toujours un monde de différence entre savoir ce qui peut être amélioré sur une moto déjà excellente et réussir à mettre en œuvre ces améliorations.
Yamaha y est parvenu avec brio.
Photos : Yamaha
Données techniques et tarif de la Yamaha Ténéré 700 (Rally) 2025
MOTEUR
Type : bicylindre vertical CP2 à refroidissement liquide
Cylindrée : 689 cc
Alésage x course : 80 x 68,6 mm
Taux de compression : 11.5:1
Embrayage : multidisque en bain d’huile
Boîte de vitesses : à 6 rapports
Transmission : par chaîne
PRESTATIONS
Puissance maximum : 73,4 ch (54 kW) @ 9000 tr/min
Couple maximum : 68 Nm @ 6500 tr/min
ÉLECTRONIQUE
Moteur : contrôle de traction (débrayable), 2 modes de conduite
Partie-cycle : ABS commutable à l’arrière
PARTIE-CYCLE
Cadre : double berceau tubulaire en acier
Suspension avant : fourche inversée Kayaba de 43 mm
Possibilités de réglage : entièrement réglable
Suspension arrière : bras oscillant monocross, mono-amortisseur
Possibilités de réglage : entièrement réglable
Débattement av/ar : 210/200mm – ou 190/180 mm (230 mm/220mm)
Frein avant : deux disques de 282 mm, étriers à 2 pistons
Frein arrière : un disque de 245 mm, étrier à 1 piston
Pneumatiques av/ar : 90/90-21, 150/70-18
DIMENSIONS & POIDS
Empattement : 1595 mm
Angle de chasse : 27°
Chasse : 105 mm
Hauteur de selle : 875 mm (910 mm)
Réservoir : 16 l
Poids TPF : 208 kg (210 kg)
PRIX
À partir de 11.699 euros (12.899 euros)