Essai nouveauté Yamaha Tracer 7 (GT) 2025 : La petite grandit
Dans la catégorie « polyvalente », la Yamaha Tracer 7 s’est solidement imposée depuis son lancement en 2016. Maniable, agile, confortable, abordable et, surtout, suffisamment puissante pour les trajets quotidiens comme pour les longues balades ou les vacances : voilà comment on pourrait résumer cette moto populaire. Nous avons testé la dernière version des Tracer 7 et Tracer 7 GT au Portugal. Est-elle encore plus performante ?
Texte : German Ooms
Une perle
Le cœur des deux Tracer(s) se compose du désormais célèbre moteur CP2. Un twin vertical qui excelle principalement par la manière agréable dont il libère sa puissance. Malgré sa cylindrée limitée de 689 cm3, ce petit bijou délivre suffisamment de puissance et de couple pour satisfaire à la fois les novices et les motards expérimentés. Le vilebrequin callé à 270° en fait l’un des moteurs avec le plus de caractère de l’histoire récente de la moto. Yamaha en a produit 400 000 exemplaires jusqu’à aujourd’hui.
Appuyer sur le bouton de démarreur avec crainte
Mais là encore, les normes européennes viennent mettre leur grain de sel. C’est ainsi que le génial moteur CP2 a dû se plier à la norme Euro 5+. Moins d’émissions, moins de bruit… C’est donc avec un peu d’inquiétude que j’appuie pour la première fois sur le bouton de démarreur de la nouvelle Tracer. Les interventions imposées par Yamaha ont-elles enterré l’âme de ce petit moteur ? Restera-t-il un peu de son caractère divertissant ou deviendra-t-il aussi ennuyeux qu’un employé de bureau ?
Design italien réussi
Sous un ciel bleu azur et entouré des collines qui forment la vallée du fleuve Douro, une belle journée se prépare pour nous. Aujourd’hui, nous testons à la fois la Tracer standard et la version GT. Cette dernière est un peu plus richement équipée (valises latérales, poignées chauffantes, pare-brise plus large, béquille centrale, meilleurs repose-pieds et commande séparée pour le réglage de la précontrainte du ressort arrière) et devrait combler un peu l’écart entre la Tracer 7 et la Tracer 9 (GT). Le look diffère sensiblement de celui du modèle sortant. Dans le cadre de la philosophie « Roads of Life » de Yamaha, le centre de design italien a développé un design plus élégant et plus sportif, sans perdre de vue le confort et la praticité.
Un look plus affûté et plus sportif
Le résultat est extrêmement réussi. Si vous considérez la Tracer 7 comme un modèle de milieu de gamme bien élevé, il faut revoir votre façon de penser. Les nouvelles machines ont l’air beaucoup plus abouties et haut de gamme. La Tracer 2025 a des lignes plus nettes et la face avant entièrement redessinée respire la classe et la sportivité. Surtout dans la version rouge, car on peut alors vraiment voir que les parties peintes du carénage se poursuivent en un seul mouvement fluide bien en dessous de la selle. Le pare-brise foncé complète très bien le tout. Sur la GT, on retrouve les mêmes lignes. Mais le pare-brise plus haut et plus large de 90 mm donne à la machine une allure nettement différente, plus orientée vers le tourisme. En particulier dans la version gris-bleu, les liens de parenté avec la Tracer 9 GT(+) sont très clairs.
Pas d’Y-AMT disponible
Aujourd’hui, nous avons une boucle de 270 km à parcourir et les températures annoncées dépasseront largement les 30 degrés. Il est donc temps de se mettre en route en appuyant rapidement sur le sélecteur de la nouvelle boîte de vitesses à six rapports. La nouvelle Tracer n’est disponible qu’avec une boîte de vitesses conventionnelle, ce qui est assez surprenant, surtout par rapport à la MT-07 qui peut être équipée de la boîte à commande automatique Y-AMT pour un supplément de prix minime. On pourrait s’attendre à ce que l’Y-AMT soit disponible en option sur la GT, mais ce n’est pas le cas (pour l’instant ?). Pourquoi ? Je n’en sais rien. Même les Japonais présents au Portugal n’ont pas donné de réponse concluante à cette question. Peut-être est-ce lié aux prix. Quoi qu’il en soit, vous ne m’entendrez pas me plaindre, car la nouvelle boîte fonctionne bien et ne présente aucun défaut. L’utilisation de l’embrayage à glissement limité est léger et précis, mais le levier d’embrayage est assez éloigné du guidon, et il n’est pas réglable en écartement, au contraire du levier de frein.
Plus de confort
Aujourd’hui, j’alterne entre la Tracer “normale” et la Tracer GT en commençant par la GT. Elle dispose d’un pare-brise plus large et plus haut que l’on peut régler manuellement sur trois positions avec un débattement de 60 mm. Le système de réglage est simple et fonctionne bien. Même en roulant, il est facile à régler d’une seule main. La position de conduite est très agréable. Avec un réservoir d’essence plus étroit et un angle important au niveau des genoux, il y a beaucoup d’espace disponible. La selle de la GT a un revêtement différent et un rembourrage personnalisé, elle est réglable, comme sur la version standard sur une hauteur de 20 mm. Sur les deux modèles, la selle passager a été allongée de 40 mm pour un meilleur confort. Le nouveau guidon, nettement plus large, tient parfaitement dans les mains. Tous ces ajustements garantissent, comme il se doit sur une GT, une position de conduite très confortable. De plus, le guidon plus large augmente la sensation de contrôle de la machine.
Châssis agité
En raison de la hausse rapide de la température, je fais la première partie du trajet avec le pare-brise en position basse, et même comme cela, il offre une bonne protection contre le vent. Durant un passage sur l’autoroute, je mets le pare-brise en position haute et cela me convient également. L’air dévié continue de circuler autour du casque pour le maintenir stable et le haut du corps est parfaitement protégé. Par contre, à vitesse élevée, le châssis de la GT devient un peu agité, et ce malgré un bras oscillant plus long de 40 mm et un empattement de 1 495 mm. Cette GT est équipée de série de valises latérales rigides (30 litres), et peut-être que celles-ci, associées au large pare-brise, provoquent des remous à haute vitesse. Rien d’inquiétant cependant. De plus, grâce au réglage en détente de l’amortissement, il est possible de corriger le tir. La GT dispose également d’une molette de réglage pratique pour ajuster la précharge du ressort arrière. Dans l’ensemble, le confort des suspensions est bon. Si vous avez un style de conduite sportif, l’amortissement de la fourche avant pourrait probablement être un peu plus fort.
Le CP2 est-il toujours à niveau ?
Qu’en est-il du moteur CP2 modifié ? Eh bien, il a résisté avec brio à l’examen réglementaire européen. Il reste un véritable bijou, il délivre sa puissance de manière surprenante y compris à mi-régime. Pour répondre à la norme Euro 5+, Yamaha a dû adopter une commande électronique des papillons de gaz (Y-CCT ou Yamaha Chip Controlled Throttle) à la place d’une commande par câble, ce qui se remarque d’ailleurs un peu. Le moteur réagit un peu moins directement à la poignée d’accélérateur. Ce n’est certainement pas un inconvénient, mais c’est différent. L’utilisation du système ride-by-wire offre également un certain nombre d’avantages, bien sûr. La nouvelle Tracer dispose de trois modes de conduite dont un personnalisable et de deux niveaux d’antipatinage. Compte tenu du bon état de la route et des températures élevées, le mode Sport était le choix logique pour cette balade. Vous disposez alors de la totalité des 73 ch et 68 Nm de couple. Est-ce suffisant pour cette GT de 212 kg ? Oui, c’est le cas ! Grâce au caractère unique du moteur, cette moto roule merveilleusement bien et vous ne manquez de puissance à aucun moment. Il en ira peut-être différemment lorsque vous partirez en montagne en duo avec armes et bagages ….
De la GT à la Tracer standard
Après la GT, place à la Tracer standard. Cette dernière attend avec impatience, faisant comprendre qu’avec son nouveau look, tout est possible. Et je ne me fais pas prier. Petit à petit, l’ouvreur pousse le rythme pour mon plus grand plaisir, ainsi que celui de la moto. La version standard a le même châssis que la GT (à l’exception de la molette de réglage de la précharge arrière), mais sa direction est un peu plus douce et plus précise. Cette différence de maniabilité est probablement due à l’absence de valises latérales, et au poids inférieur de 9 kg, sans oublier le pare-brise un peu moins large que celui de la GT.
Une garantie de sourire
Sans compromettre les qualités de la GT, la version standard est encore plus agréable à piloter. Surtout lorsque les conditions de conduite le permettent, la Tracer se révèle être jouette, en vous mettant au défi malgré une puissance limitée et seulement quelques aides électroniques à la conduite. Elle offre une garantie de sourire à 100 %. Pour ce faire, elle est aidée par un bon châssis avec des réglages de suspension de série adéquats. Les freins méritent également des félicitations. Les nouvelles Tracer sont équipées d’étriers à quatre pistons montés radialement qui, avec les deux disques de 298 mm, sont parfaitement calibrés et génèrent une puissance de freinage plus que suffisante sans montrer aucun signe d’agressivité. On remarque également que Yamaha a pris en compte le large public auquel s’adressent ces machines. Après tout, une Tracer comme celle-ci peut s’avérer être un jouet sur une route de montagne, mais elle sera principalement utilisée pour les trajets quotidiens et ce, aussi bien par les débutants que par les motards plus expérimentés. Les pneus Michelin Pilot 6 GT montés de série sont également excellents. Pas une seule fois je n’ai pu les prendre en défaut.
Petit tableau de bord TFT
La protection contre le vent est bien sûr un peu moins importante que sur la Tracer GT. Mais le petit pare-brise est également réglable et élimine donc encore une bonne partie de la pression du vent. Le tableau de bord TFT de 5 pouces est identique sur les deux versions. La connectivité est assurée, mais nécessite une connexion filaire entre votre téléphone et la moto. La navigation Garmin est disponible gratuitement via l’application Streetcross, mais son affichage sur le tableau de bord est petit. Il est donc préférable d’utiliser un GPS séparé (une prise USB-C supplémentaire est prévue à côté du tableau de bord) ou la navigation standard tour par tour également disponible.
J’ai enregistré une consommation moyenne de 5,5 l/100 km lors de cet essai. Le nouveau réservoir d’essence est plus grand, il contient désormais 18 litres. De quoi assurer une autonomie de plus de 300 km. C’est pas mal, d’autant plus que par expérience, je sais qu’un moteur CP2 est beaucoup plus économiques en conduite calme et peut facilement descendre à 4 l/100 km.
Conclusion
La nouvelle Tracer est-elle plus performante que sa prédécesseur ? C’était la question de départ logique de ce test. Et la réponse à cette question est « oui ». Déjà avec le nouveau design, elle est plus aboutie. Les quelques kilos supplémentaires ne sont pas vraiment perceptible. Nous avons parcouru 270 km d’affilée et la balade aurait pu être encore plus longue, malgré la chaleur. Tout est dit. Qu’est-ce qui pourrait être mieux ? Le tableau de bord, en particulier l’écran GPS, est trop petit. Et le nouveau système de commande des clignotants n’étaient pas nécessaires non plus. Mais pour le reste, ces nouvelles Yamaha ont passé le cap avec brio. La Tracer 7 standard est affichée à 10.299 euros, tandis que la GT, plus richement équipée, est proposée à 11.899 euros. Avec un peu de chance, elles seront en concession dès ce mois de juillet.
Photos: Yamaha
Les plus | Les moins |
Belle allure | Fonction GPS difficile à lire |
Excellent moteur | Commande des clignotants |
Bonne position de conduite | Absence d’Y-AMT même en option |
Conçue, dessinée et fabriquée en Europe |
Données techniques
MOTEUR | |
Type | bicylindre vertical à refroidissement liquide |
Cylindrée | 689cc |
Alésage x course | 80 x 68,6 mm |
Soupapes/cylindre | 4 |
Taux de compression | 11,5:1 |
Alimentation | injection électronique |
Embrayage | multidisque en bain d’huile |
Boîte de vitesses | à 6 rapports |
Transmission finale | par chaîne |
PRESTATIONS | |
Puissance maximum | 73,40 ch @ 8.750 tr/min |
Couple maximum | 68 Nm @ 7.750 tr/min |
ÉLECTRONIQUE | |
Moteur | ride-by-wire, modes de conduite, régulateur de vitesse |
Partie-cycle | contrôle de traction |
PARTIE-CYCLE | |
Cadre | diamant en acier |
Suspension avant | fourche inversée de 41 mm |
Options de réglage | détente |
Suspension arrière | monoshock avec mono-amortisseur |
Options de réglage | précontrainte et détente |
Débattement av/ar | 130/139 mm |
Frein avant | deux disques de 298mm, étriers à 4 pistons |
Frein arrière | un disque de 245mm, étrier simple piston |
Pneumatiques av/ar | 120/70-R17, 180/55-R17 |
DIMENSIONS & POIDS | |
Empattement | 1.495 mm |
Angle de chasse | 24,2° |
Chasse | 99,1 mm |
Hauteur de selle | 845-865 mm |
Poids TPF | 203 kg (GT 212 kg) |
Réservoir | 18 litres |
PRIX | 10.299 € (GT 11.899 €) |