Essai nouveauté Yamaha Tracer 9 GT+ : Douée et joueuse !
C’est par un matin frais mais sec que j’appuie sur le bouton de démarrage de la Yamaha Tracer 9 GT+ 2025. Un parcours de 320 km nous attend et il nous fera traverser pas moins de trois pays, avec un nombre infini de virages et de cols de montagne. Lieu de départ : Bled, à 35 km de la capitale slovène Ljubljana.
Texte : German Ooms
Brume romantique
Au cours de la semaine précédant ce test, nous avons reçu deux fois un e-mail de Yamaha nous demandant de tenir compte des conditions sans doute hivernales que nous allions rencontrer. Le temps dans les Préalpes est souvent changeant, avec de la pluie et même de la neige dans les montagnes à cette période de l’année. Des prévisions météorologiques qui ne sont pas du tout ce que l’on souhaite pour un test comme celui-ci. Mais les dieux de la météo étaient avec nous. Une brume romantique planait sur le pittoresque lac de Bled et le soleil tentait timidement de percer la couverture nuageuse. Nous n’aurions pas pu rêver d’un meilleur début de journée.
Un territoire inexploré
Notre base d’opérations en Slovénie est assez inhabituelle. La plupart des présentations ont généralement lieu en Italie, en Espagne ou au Portugal. La Slovénie est donc un territoire inconnu. Et cela suscite une bonne dose de curiosité. La ville de Bled se trouve au pied des Alpes juliennes, relativement proche des frontières italienne et autrichienne. Le GPS Garmin – disponible sur la moto via l’application Motorize – affiche l’itinéraire à suivre sur le tableau de bord TFT très net. L’arrêt café et le diner se trouvent respectivement en Autriche et en Italie. Nous visiterons donc trois pays aujourd’hui et ce n’est pas une coïncidence. Yamaha veut créer une atmosphère typique de voyage pour cette présentation afin de mettre en valeur les qualités de tourisme de son joyau dans le segment Sport Touring. La question du jour : s’agit-il de la machine idéale pour les amateurs de kilomètres qui souhaitent combiner sportivité, confort et facilité d’utilisation ?
Première mondiale avec Matrix LED
Avant de commencer, nous devons encore nous frayer un chemin à travers la montagne d’électronique qui équipe la 9 GT+. Le modèle précédent était déjà richement équipé de toutes les aides à la conduite possibles, et Yamaha en a rajouté. Le nouveau phare Matrix LED contrôlé par caméra mérite d’être mentionné à cet égard. Grâce à la caméra intégrée au-dessus du phare et aux données de l’IMU à 6 axes, l’électronique se fait une idée de la situation (de la circulation) et optimise la luminosité et la répartition de la lumière, créant ainsi un éclairage beaucoup plus efficace de la route et des environs. La Tracer 9 GT+ est la première moto au monde à être équipée de cette technologie.

Des jouets haut de gamme
Autre nouveauté et exclusivité de la 9 GT+ : un radar à ondes millimétriques supplémentaire à l’arrière. Ce radar détecte les angles morts (un symbole s’allume dans les rétroviseurs) et fonctionne en conjonction avec le régulateur de vitesse adaptatif, le système de freinage combiné et l’alerte de collision frontale. En dehors de ces jouets haut de gamme, la Yamaha est équipée d’à peu près tout ce que l’on peut souhaiter en matière d’aides à la conduite. Et cela inclut le système de transmission manuelle automatisé Yamaha, Y-AMT. La 9 GT+ est d’ailleurs uniquement disponible dans cette configuration. Si vous préférez une commande de boîte de vitesses classique, elle n’est disponible que sur la Tracer 9 standard ou la Tracer 9 GT. Nous y reviendrons plus tard.

Suspensions électroniques
Il y a aussi les suspensions semi-active KYB à commande électronique. L’hydraulique des suspensions avant et arrière est réglé en fonction du mode de conduite sélectionné. Par contre, le réglage de la précontrainte des ressorts (lorsque vous partez en duo et avec des bagages, par exemple) doit encore être sélectionné mécaniquement via une grosse molette à l’arrière et des vis de réglage sur le dessus des fourreaux de fourche à l’avant. Le plus important, bien sûr, c’est que tous ces systèmes sont reliés entre eux. Ainsi, les suspensions seront réglée en fonction du mode de conduite choisi, mais aussi lors d’un arrêt d’urgence (automatique). Il en va de même pour l’Y-AMT.
Vous créez vous-même la configuration parfaite
La manipulation de toute cette électronique a été bien pensée par Yamaha. Le joystick rétroéclairé à cinq voies situé sur le commodo et la structure très claire des menus garantissent une utilisation sans problème et sans désagrément, ce qui est déjà une bonne chose de nos jours. Mais les possibilités de réglage vont encore plus loin. Un petit exemple : les suspensions disposent de deux réglages prédéfinis. Un réglage plus sportif (A-1) ou un réglage plus confortable (A-2). Si vous souhaitez personnaliser davantage le réglage A-1, vous pouvez le faire à l’aide de votre smartphone via l’application Yamaha MyRide. Grâce à celle-ci, vous pouvez approfondir les menus sous-jacents et créer un réglage parfait pour vous, qui est soigneusement sauvegardé et reste donc disponible pour les trajets suivants.

Verrouillage centralisé
Grâce à la même application, vous pouvez également suivre un itinéraire, consulter votre programme d’entretien ou affiner les modes de conduite. D’ailleurs, la connexion à votre téléphone est également très facile via la connexion USB ou via bluetooth. Pour votre téléphone, un compartiment de rangement verrouillable a été prévu à droite au niveau du carénage, avec une connexion USB pratique. Comme la 9 GT+ est équipée du système Yamaha Smart Key, toutes les fonctions peuvent être verrouillées simultanément : direction, valises, trappe à carburant,…
Départ en automatique
Nous quittons Bled en longeant les rives du lac et le soleil est déjà bien présent. Je n’ai pas besoin des poignées chauffantes qui disposent de trois réglages préprogrammés, mais aussi de réglables individuels. Pour profiter au maximum des magnifiques paysages, je mets l’Y-AMT en mode entièrement automatique (AT). Le système prend alors tout en charge, mais vous pouvez, si vous le souhaitez, intervenir à tout moment via des « palettes » situées sur le commodo gauche. Couplé au trois cylindres de 119 ch et 93 Nm, le système fonctionne de manière exemplaire. Les changements de vitesse sont rapides comme l’éclair (0,1 s) et, en combinaison avec le mode Street, la Tracer se conduit de manière très familière et confortable. Elle se montre également très agile, malgré son poids total de 232 kg. L’ergonomie est excellente : la selle est large et offre un bon maintien, le guidon tombe parfaitement sous les mains et le nouveau pare-brise peut être réglé facilement électriquement en hauteur sur plus de 100 mm.

C’est magique
Dès que l’on s’engage sur les premières routes de montagne et que le rythme s’accélère, le mode Street s’avère loin d’être idéal. L’amortissement est beaucoup trop souple, la machine commence à osciller dans les virages rapides et ne donne pas confiance. Il est donc temps de mettre l’électronique à contribution. Outre les trois modes de conduite préprogrammés (Rain, Street, Sport), vous disposez de deux autres modes librement programmables.
Lors de l’arrêt café en Autriche, j’en programme un avec tous les systèmes d’assistance réglés sur 1 (faible intervention), la pleine puissance et le réglage le plus sportif des suspensions. Pour l’Y-AMT, je passe de D à D+. Ces réglages ne manquent pas d’effet. La Tracer montre maintenant son autre facette, passant d’une machine de tourisme bon enfant en un véhicule polyvalent sportif. Le moteur CP3 est génial ! Mais c’est surtout les suspensions KYB qui impressionnent. L’amortissement est désormais beaucoup plus ferme, ce qui fait toute la différence. Le châssis est un modèle de stabilité et la machine se dirige de manière fantastique. Et tout cela en appuyant sur quelques boutons. C’est magique !
Ça change la donne
Nous sommes maintenant arrivés en Autriche. La qualité des routes est meilleure qu’en Slovénie et les paysages sont paradisiaques. Les routes deviennent également plus larges et c’est là que le côté tourisme de la Tracer 9 GT+ prend tout son sens. Le carénage redessiné et le pare-brise plus large offrent une bonne protection contre le vent, la selle réglable en hauteur reste confortable et la position de conduite dans son ensemble est parfaite. Le nouveau régulateur de vitesse adaptatif contrôlé par radar fonctionne de manière étonnamment naturelle et change la donne sur les longs trajets. Il faut un peu de temps pour s’y habituer – notamment lorsque la moto freine toute seule ou accélère spontanément lorsque vous activez les clignotants – mais sur les longues distances, c’est carrément génial et apaisant.
Une forme inhabituelle
Il faut savoir que le système est limité à 160 km/h. Justement, nous voici en Allemagne et nous avons l’occasion de laisser nos Tracer(s) en liberté sur un tronçon d’autoroute désert. L’accélération du trois cylindres est fantastique. En une fraction de seconde, le compteur numérique passe à 180 km/h et, bien qu’il puisse encore monter plus haut, c’est suffisant pour la Tracer. Le pare-brise en position haute et les valises latérales créent pas mal de vibrations et la Tracer, semble moins stable. Le pare-brise, en particulier, se met à vibrer violemment, obscurcissant même un peu la visibilité. La situation s’améliore lorsque l’on abaisse un peu sa hauteur. Les valises latérales de série de la Tracer 9 GT+ ont une forme inhabituelle et, malgré une capacité de 30 litres, manquent un peu de volume. Un casque intégral y trouve sa place, mais je dois malmener un peu mon sac à dos pour le faire. Un top case (35 ou 45 l) disponible en option vaut donc vraiment la peine d’être envisagé.
Autonomie de 300 km
Après un délicieux repas en Italie et quelques arrêts photos, nous ramenons les Tracer 9 GT+ vers la Slovénie. Les 100 derniers kilomètres sont un mélange de sections rapides, de villages et de petites routes de montagne. La Yamaha reste infatigable et se montre vraiment polyvalente : vive et enjouée quand on le souhaite, mais aussi confortable et détendue quand le rythme baisse. Lors d’un ravitaillement en carburant, j’ai enregistré une consommation moyenne de 6,1 l/100 km. Ainsi, avec un réservoir d’une capacité de 19 litres, vous disposez théoriquement d’une autonomie de 300 km.
Pour cette dernière partie du trajet, je conduis avec l’Y-AMT en mode manuel. Vous changez alors de vitesse avec les manettes du commodo gauche, ce qui est parfait et encore plus rapide que le passage au pied avec un bon quickshifter. Il n’y a que dans les sections plus lentes comportant de nombreux ronds-points que le changement de vitesse manuel n’est pas recommandé. Votre main gauche et votre cerveau sont alors surchargés, pour ainsi dire, parce que vous devez changer de vitesse (monter et descendre) et que vous devez aussi souvent utiliser la commande des clignotants. Ce qui, surtout avec le nouveau système adopté par Yamaha, provoque un peu trop d’agitation dans la tête.
Conclusion
Lorsque nous nous sommes garés sur le parking de l’hôtel vers dix-sept heures, le compteur journalier de ma moto affichait 342 km. Le trajet n’a pas été de tout repos en raison du nombre infini de virages et du rythme. Pourtant, je me serais volontiers remis en selle pour ajouter quelques centaines de kilomètres supplémentaires. Et cela en dit long, sinon tout, sur la Tracer 9 GT+. C’est une vraie moto polyvalente. Aidé par les nombreuses aides à la conduite, la Yam donne confiance, calme et confort. Mais elle procure également une poussée d’adrénaline lorsque vous laissez libre cours à son tempérament sportif. Le fait que Yamaha ait réussi à réunir deux personnalités complètement différentes en une seule machine mérite le respect. La Tracer 9 GT+ est une moto bien pensée, richement équipée et dont l’ergonomie frôle la perfection. Avec elle, vous pouvez construire une amitié à long terme. Et que vous fassiez de longs trajets ensemble ou que vous braviez l’agitation du trafic belge tous les jours, la Tracer s’en moque. Elle le fait sans rechigner et avec classe.
Une telle amitié peut coûter cher. En l’occurrence, 19 499 euros pour être précis. C’est un montant élevé mais justifié. Si vous n’aimez pas le système Y-AMT, vous pouvez acheter une Tracer 9 GT pour 16 299 euros. Il ne lui manque que quelques gadgets électroniques, mais elle est pour le reste largement identique à la GT+. Il est également possible de choisir une GT avec l’Y-AMT pour un budget de 17 499 euros. Enfin, pour ceux qui aiment les choses (beaucoup) plus simples, il y a la Tracer 9 “basique”. Celle-ci est disponible en concession au tarif de 13 199 euros.

Photos : Yamaha
Les plus | Les moins |
Equilibre parfait entre tourisme et sport | Uniquement disponible en version automatique |
Moteur trois-cylindres toujours excellent | Vibrations à haute vitesse |
Pack électronique complet et utile | Valises latérales étroites |
Données techniques
MOTEUR | |
Type | trois-cylindres en ligne à refroidissement liquide |
Cylindrée | 890cc |
Alésage x course | 78 x 62,1 mm |
Taux de compression | 11,5:1 |
Embrayage | multidisque en bain d’huile, commande automatique (Y-AMT) |
Boîte de vitesses | à 6 rapports |
Transmission finale | par chaîne |
PRESTATIONS | |
Puissance maximum | 119 ch (87,5 kW) @ 10.000 tr/min |
Couple maximum | 93 Nm @ 7.000 tr/min |
ÉLECTRONIQUE | |
Moteur | 5 modes de conduite, régulateur de vitesse adaptatif |
Partie-cycle
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contrôle de traction, systèmes UBS et ESS, détecteur d’angle mort, contrôle de wheeling, ABS Bosch, Hill Hold Assist, aide au démarrage en côte (TPMS) |
PARTIE-CYCLE | |
Cadre | Aluminium de type diamant |
Suspension avant | fourche inversée KYB KADS |
Options d’ajustement | entièrement réglable |
Suspension arrière | Monocross avec amortisseur KYB KADS |
Options d’ajustement | entièrement réglable |
Débattement av/ar | 130/131 mm |
Frein avant | deux disques de 298mm, étriers radiaux à 4 pistons |
Frein arrière | un disque de 267mm, étrier simple piston |
Pneumatiques av/ar | 120/70-R17, 180/55-R17 |
DIMENSIONS & POIDS | |
Empattement | 1.500 mm |
Angle de chasse | 24° 25’ |
Chasse | 106 mm |
Hauteur de selle | 845-860 mm |
Réservoir | 19 litres |
Poids TPF | 232 kg |
PRIX | |
À partir de | 19.499 euros |