Essai Ultraviolette F77 : une Mach 2 qui surprend

Les nouveaux modèles dotés d’un moteur électrique se font plutôt discrets ces derniers temps. Alors que les constructeurs automobiles électrifient leurs gammes à vitesse grand V, les grandes marques de motos en restent aux prototypes. Un nouveau constructeur veut bousculer les choses et mesure ses ambitions à celles de Tesla. Voici Ultraviolet : une marque indienne qui arrive sur le marché des motos électriques avec une entrée en scène impressionnante.

Texte : Charly de Kinderen

Facile à prononcer

Dans la campagne de Dalfsen (NL), on ne nous présente pas seulement un nouveau modèle, mais une toute nouvelle marque de motos. L’Indien Ultraviolette a choisi MotoMondo comme partenaire pour son entrée européenne, avec le Benelux et le Royaume-Uni comme cibles initiales. Ou bien MotoMondo a-t-il trouvé en Ultraviolette le candidat idéal pour combler enfin le vide de son offre électrique ? Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une initiative audacieuse de la part des deux parties, mais avec de grandes ambitions.
La F77 Mach 2, que nous présentons aujourd’hui en avant-première, est le début d’une offensive plus large. En coulisses, on travaille déjà sur d’autres variantes, comme un scooter sportif et un trail léger. Et ce nom, Ultraviolet ? Il a été choisi principalement parce qu’il est facile à prononcer dans le monde entier. À quoi tient parfois un nom ?

L’équipe vient de l’industrie spatiale

MotoMondo n’est pas le seul à essayer de nous convaincre aujourd’hui. Pour ce lancement, l’équipe d’ingénieurs d’Ultraviolette est venue d’Inde, bien décidée à montrer ses prouesses. Cette fois, pas d’anglais charbonné – comme nous en avons parfois l’expérience avec les ingénieurs japonais, dont nous ne comprenons souvent pas un traître mot, malgré leurs bonnes intentions. Non, c’est un anglais clair qui est parlé ici, ce qui nous permet de nous plonger dans la technologie sans nous perdre dans la traduction.
Ce que les ingénieurs tiennent à souligner d’emblée : cette moto n’est pas le résultat d’une conversion. Il ne s’agit pas d’une moto à moteur thermique qui a été adaptée, mais d’une machine développée dès le départ pour la propulsion électrique. Les Indiens se sont attelés à cette mission dès 2016, et depuis, ils testent et optimisent de manière intensive. Détail intéressant : la plupart des membres de l’équipe sont issus de l’industrie aérospatiale, un milieu qui a manifestement eu une influence sur cette moto.

Les panneaux ajoutés sur la fourche avant sont un choix de design réussi qui donne à la moto un look futuriste.

Tron

Il faut le dire, cette moto est remarquable. Particulièrement pour la catégorie A1, elle est moderne et bien finie. Son design respire le futur, avec un style qui semble tout droit sorti du film Tron. Les panneaux latéraux de la fourche avant renforcent encore cet effet et je me demande à haute voix pourquoi je n’ai jamais vu cela auparavant en dehors des panneaux chromés des Harley-Davidson. Après avoir vu les premières images de presse, j’ai brièvement craint de voir quelques chose de mal fini – avec de mauvais raccords de panneaux de piètre qualité – mais ces craintes se sont avérées infondées. La finition est extrêmement soignée, surtout pour une marque débutante.

Ses documents à portée de main

La moto démarre de la manière la plus sobre possible – pas de sons futuristes ni de jeux de lumières théâtraux. Juste une lumière verte sur le tableau de bord, et le tour est joué. Pas de vibrations, pas de bruit de moteur, rien qui puisse suggérer que 100 Nm de couple vous attendent pour vous catapulter vers l’avant. Il faut s’habituer à cette absence de retour d’information. Ce n’est donc pas une coïncidence si certains journalistes ont déjà cherché par inadvertance à croiser le bac à fleurs de l’hôtel.
Le tableau de bord indique que je suis en mode ballistic, accompagné d’une icône représentant un avion supersonique. Il s’agit du mode de conduite le plus puissant. Il y a aussi les modes Combat et Glide, chacun symbolisant un avion plus lent. La référence à l’aérospatiale est clairement intégrée à l’ensemble du concept. L’écran du tableau de bord lui-même est simple mais structuré de manière logique. Il ne s’agit pas d’une interface à la BMW ou à la KTM, mais l’essentiel est là. La possibilité de télécharger des documents tels que votre permis de conduire ou votre certificat d’assurance via l’application et de les conserver dans le menu est un ajout intéressant. Ainsi, vous les aurez toujours sous forme numérique à portée de main. Comment se fait-il que personne n’y ait pensé avant, c’est un mystère. En outre, vous pouvez également régler le contrôle de la traction à votre convenance via le menu.

Vers le circuit de karting

Nous quittons rapidement le parking de l’hôtel pour nous diriger vers des routes de campagne entre de vastes champs agricoles. La position de conduite est sportive, mais bien qu’il ne s’agisse pas d’une moto dont le marché d’origine est l’Inde, je ne me sens pas trop mal avec mon 1m90. Pour l’instant, je ne crains pas une journée remplie de crampes et de parties du corps endormies.
La balade ne dure d’ailleurs pas longtemps, puisque nous nous arrêtons bientôt sur le circuit de karting local de Zwolle. Certains rêvent déjà d’Assen, mais ce sera pour plus tard, quand Ultraviolette arrivera avec une moto plus puissante. En tout cas, l’ambition ne manque pas : ils prétendent déjà construire la moto la plus rapide d’Inde, avec une vitesse de pointe de 258 km/h pour le prototype. Le look de ce prototype est encore plus impressionnant, avec un facteur d’attraction qui n’a rien à envier à celui d’une Ducati Panigale, par exemple.

Les panneaux latéraux ne sont pas seulement là pour faire joli, ils protègent également la moto en cas de chute, comme l'a démontré un confrère.

Drapeau italien ?

Ce qui est particulièrement frappant, c’est qu’Ultraviolette parvient à créer son propre style, sans copier aveuglément les marques établies. La fierté est perceptible dans le design et dans les détails. Par exemple, il y a un petit autocollant du drapeau indien sur le guidon. Au début, j’ai cru bêtement qu’il s’agissait encore d’un drapeau italien – comme s’ils voulaient suggérer que le design provenait d’Italie – une astuce que certaines marques asiatiques utilisent souvent. Mais non, il ne s’agit pas d’une bande rouge-blanc-vert, mais d’une bande orange safran, blanche et verte.

L'écran TFT affiche trois modes de conduite, de rapide à lent, Ballistic, Combat et Glide.

Contourner

Sur la piste, bien sûr, je passe immédiatement en mode ballistic. Efficacité ou angoisse de l’autonomie ? Je n’y pense pas pour l’instant. Dans ce mode, tout est permis et la sensation est étonnamment impressionnante. La Mach 2 délivre une puissance de pointe de 40 ch. « Attendez une minute », me direz-vous, « n’est-ce pas un moteur A1 ? ». C’est vrai, mais avec les moteurs électriques, c’est la puissance nominale qui compte – et elle est inférieure. Les réglementations exactes restent quelque peu vagues pour moi aussi, mais il semble que la propulsion électrique soit l’ultime moyen de contourner certaines des restrictions de la licence A1.

La sensation d’une moto A2

Dans la pratique, la F77 Mach 2 ressemble davantage à une moto A2. Elle démarre en douceur et accélère de manière particulièrement vive jusqu’à 120 km/h environ. Après cela, le rythme s’aplanit un peu, bien que la vitesse maximale soit légalement limitée à 139 km/h pour rester dans la catégorie A1. Mais sur un circuit de karting, c’est plus que suffisant. Le véhicule passe de 0 à 60 km/h en seulement 2,8 secondes et atteint 100 km/h en 7,7 secondes, des chiffres impressionnants pour cette catégorie.
En termes d’agilité aussi, la F77 se débrouille très bien. Elle n’en reste pas moins une moto électrique, et le poids supplémentaire de la batterie est perceptible. Pour preuve, le poids de 207 kg, ce qui n’est pas extrêmement lourd en termes absolus, mais reste supérieur à la moyenne dans le segment A1.

À peine freiner

Les freins sont bien calibrés et suffisamment puissants, même si l’on ressent bien poids en cas de freinage brusque. Le freinage régénératif réglable, qui peut récupérer jusqu’à 30 % de la puissance, est également intéressant. Il est possible de régler le degré de récupération sur neuf niveaux : au niveau 0, il n’y a pas de régénération et donc pas de sensation de freinage ; au niveau 9, le système s’enclenche si fermement qu’il n’y a presque plus besoin de freiner. Le réglage le plus élevé s’avère être le préféré de la plupart des journalistes et, en fin de compte, le plus efficace.

Les rétroviseurs une sont pas réglables et donc assez inutiles, une amélioration est imminente.

Super Street

Après un sandwich aux croquettes et aux frites, place à la F77 Super Street. Je vous mets au défi de repérer les différences avec la Mach 2. La Super Street a un guidon droit et donc une position de conduite plus pratique et plus confortable. La Mach 2, en revanche, a un design plus sportif. Hormis cela et des couleurs différentes, les deux modèles sont identiques. Par exemple, ils partagent les mêmes suspensions, plutôt sportives et donc assez rigides. Cette configuration a été choisie non seulement pour assurer une bonne tenue de route, mais sans doute aussi pour supporter le poids de la batterie. Et croyez-moi, les batteries sont lourdes. Lorsque j’ai dû récemment monter une batterie domestique de 5 kWh sur trois étages, je me suis soudain souvenu du poids réel de cette batterie. Sans parler du double, comme c’est le cas ici sur cette moto.

231 km d’autonomie

Une batterie aussi puissante est toutefois nécessaire pour offrir une autonomie crédible. Ultraviolet revendique une autonomie de 231 km avec la batterie de 10,3 kWh. Ce n’est pas rien. Mais ceux qui ont l’expérience des motos électriques savent que les constructeurs sont souvent un peu optimistes. Lors de ce genre de présentations à la presse, il est rare que nous fassions des trajets très long. Je dois donc me fier à mon intuition et dire qu’une autonomie réaliste se situe plutôt autour de 180 km, ce qui est déjà très bien en soi.

Transporter un chargeur

Pour l’instant, vous n’aurez pas de prise de charge de type 2, comme c’est souvent le cas en Europe. Selon les ingénieurs, ils travaillent sur une solution d’adaptation pour intégrer cette prise ultérieurement. En attendant, vous devrez donc transporter un chargeur avec vous si vous souhaitez recharger votre véhicule en déplacement. Une charge de 20 à 80 % prend 2,5 heures, la charge rapide est donc hors de question pour l’instant.

Conclusion

Je suis impressionné – et je ne parle pas seulement du design. Les motos électriques A1 ont souvent donné l’impression d’être un pis-aller : des tentatives timides d’avoir encore quelque chose d’électrique dans la gamme. En conséquence, le succès n’a pas été au rendez-vous. Dans ce contexte, l’Ultraviolet F77 Mach 2 est une véritable surprise, car elle n’a pratiquement aucune concurrence. On pense encore à la Super Soco, mais elle doit être moins performante dans tous les domaines et se rapproche plus d’un scooter que d’une moto à part entière. Zero est peut-être le seul à avoir une vraie concurrente A1, mais elle coûte environ le double du prix. Can-Am vient également de présenter deux modèles électriques attrayants, mais ils coûtent également près de 6 000 euros de plus. Compte tenu de ce qui précède, on peut affirmer sans risque de se tromper que les comparer n’est pas pertinent.

La trappe de chargement est idéalement située au centre de la partie supérieure de la moto et non sur un côté.

Prix de lancement

La F77 Mach 2 est disponible actuellement au prix de lancement de 8 999 euros. À partir du 31 juillet, le tarif augmentera de 1 000 euros. MotoMondo souligne que ce prix compétitif s’inscrit dans la stratégie d’Ultraviolet de se lancer résolument en Europe. C’est tout de même une belle somme pour une moto A1, surtout quand on sait que les versions à moteur thermique se vendent souvent pour la moitié de cette somme. Mais une comparaison directe est très difficile : la F77 offre nettement plus de puissance, la finition est remarquablement bonne et son look futuriste mérite certainement un prix plus élevé. Et sans aucun doute, vous achèterez l’une des motos A1 les plus rapides du moment.

La meilleure moto A1 du moment ?

Le coût de fonctionnement est également positif : moins d’entretien et un prix au kilomètre plus bas. Le chargement reste cependant un problème, et les rétroviseurs actuels ne sont franchement pas bons – bien que les développeurs affirment qu’une version améliorée de ces derniers sera bientôt disponible. Mais sinon, l’idée me trotte dans la tête : il pourrait bien s’agir de la meilleure moto A1 du moment. Quelle belle entrée en matière pour une toute nouvelle marque !

Photos : Pien Meppelink & Andrew Walkinshaw

Les plus et les moins

Les plus Les moins
La moto A1 la plus rapide Rétrovision  limitée
Look futuriste Pas de charge de type 2 (pour l’instant)
Économique à l’utilisation Réputation inconnue à long terme
Pas de concurrence significative dans le segment

Données techniques

MOTEUR
Type électrique
Transmission finale chaîne
PRESTATIONS
Puissance maximum 12 ch (9,5 kW) @ 3.000 tr/in (40 ch puissance de crête)
Maximaal koppel 100 Nm @ 0 tr/min
ÉLECTRONIQUE
Moteur modes de conduite
Partie-cycle contrôle de traction
PARTIE-CYCL
Cadre trellis en acier
Suspension avant fourche inversée de 41mm
Options d’ajustement précharge
Suspension arrière monoshock, monoamortisseur
Options d’ajustement précharge
Débattement av/ar n.c.
Frein avant un disque de 320mm, étrier à 4 pistons
Frein arrière un disque de 230mm, étrier à simple piston
Pneumatiques av/ar 110/70-R17, 150/60-R17
DIMENSIONS & POIDS
Empattement 1.340 mm
Angle de chasse 25,8°
Chasse n.c.
Hauteur de selle 800 mm
Poids 207 kg
Réservoir 10,3 kWh
PRIX  8.999 €

 

Équipement de Charly

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