Airbag électronique In&motion : Comment ça marche
« Nous avons un objectif, et pas des moindres : sauver des vies. La technologie et l’intelligence artificielle nous permettent de concevoir des produits performants, qui, pour la partie électronique / détection, continuent de s’améliorer avec le temps ».
C’est par ces mots que Rémi THOMAS Cofondateur et CEO de la société In&motion nous accueillait dernièrement dans les nouveaux locaux de l’entreprise située à Annecy. Pour beaucoup d’entre vous, In&motion ne signifie pas grand-chose. C’est pourtant la société qui conçoit, gère et développe la technologie de l’airbag électronique autonome pour des marques comme Ixon, Furygan, RST, Held, Klim et dernièrement Tucano Urbano. Cette entreprise a été créée en 2014 par trois copains de l’école d’ingénieur ECAM de Lyon. Valentin Honoré, Rémi Thomas et Pierre-François Tissot ont commencé par mettre au point le premier airbag intelligent connecté destiné aux skieurs. Très vite, l’idée d’adapter cette technologie aux cavaliers comme aux motards s’est concrétisée.
Opération “Airbag Révolution”
En 2017, l’opération « Airbag Révolution » était lancée et invitait 500 motards répartis en Europe à porter la technologie In&motion sous forme d’un gilet airbag autonome pendant 6 mois. C’est à cette époque que j’ai fait la connaissance de la société In&motion en devenant l’un de ces 500 motards. Dès le départ je croyais fermement à cette technologie qui ne pouvait qu’apporter un supplément de sécurité pour tous les motards. La société a bien grandi depuis lors en développant des partenariats avec les grandes marques précitées. Et pour ma part, je ne pourrais plus me passer aujourd’hui de mon gilet airbag lorsque je roule en moto.
Tech Days In&motion
Actuellement, cette technologie est de plus en plus présente dans notre milieu et suscite de plus en plus de questions. Afin d’y répondre, In&motion vient d’organiser son premier Tech Days dans ses nouveaux locaux d’Annecy. Invité en Haute-Savoie pour participer à cet évènement, nous allons dans les grandes lignes, vous expliquer ce qui se cache derrière le petit boîtier que vous portez en permanence sur votre airbag.
Gilet, veste, combinaison
Un système airbag électronique utilisant la technologie In&motion se compose de deux éléments principaux. D’un côté la partie « mécanique » avec le coussin airbag, l’inflator, la protection dorsale et la shell et de l’autre la partie « électronique » avec le boîtier In&motion appelé aussi In& box. Que l’airbag soit intégré dans une veste ou porté comme gilet, c’est la même technique. Lorsque vous optez pour un système airbag In&motion, vous choisissez l’équipementier (Ixon, Furygan, RST, Held, Klim, Tucano Urbano) et le type de produit (gilet, veste, combinaison). Le boitier que vous recevez avec votre airbag est quant à lui géré par In&motion. Vous avez le choix entre l’acquisition définitive ou l’abonnement, toutes ces informations sont disponibles sur le site web d’In&motion.
Application My In&box
Lorsque vous activerez cette In&box, l’application du même nom devra être installée sous iOS ou Android sur votre smartphone. Ensuite avec cette application vous gèrerez le niveau de la batterie, l’état de connexion de votre airbag et les options éventuelles (piste, trail), en contrepartie vous recevrez des mises à jour via Wi-Fi. Et c’est là que le système In&motion devient vraiment intéressant. En choisissant l’abonnement ou l’acquisition définitive, vous bénéficiez d’une mise à jour constante durant toute l’année. Car chez In&motion, ça ne chôme pas.
Le cerveau du système
Dans votre In&box qui est en fait le cerveau du système se trouve 6 capteurs (3 accéléromètres et 3 gyroscopes) ainsi que l’algorithme qui prend en compte l’ensemble des données et déclenchera le gonflage du coussin airbag dans le cas d’une situation anormale. Les données collectées par les capteurs sont cryptées et stockées dans le boîtier. Lorsque celui-ci est branché sur le secteur pour charger la batterie, via le Wi-Fi, les données remontent sur les serveurs In&motion de façon chiffrées et anonymisées. A ce jour, In&motion comptabilise 40 millions de kilomètres de roulage réels à moto collectées (cela représente 50 allers-retours Terre/Lune). Pour les initiés, cela correspond à 300 téraoctets de données stockées.
Une expérience partagée
Ces données sont traitées chez In&motion via l’intelligence artificielle grâce à des procédés de Machine Learning (méthode qui consiste à utiliser des données pour extrapoler des algorithmes). J’espère être clair car cette partie est très technique et dépasse mes compétences. Néanmoins les intervenants d’In&motion ont pris le soin de vulgariser au maximum ces informations pour une meilleure compréhension. En fait grâce à tout ce travail réalisé en amont, chaque motard bénéficie de l’expérience de toute la communauté des utilisateurs d’airbags In&motion. Ce qui contribue à une détection des chutes toujours plus fine. Actuellement, In&motion a recensé et analysé déjà plus de 1000 chutes.
Moins de 70 millisecondes
Nous avons donc compris que 6 capteurs analysent les moindres mouvements du motard équipé de son airbag. En situation anormale, c’est le boss « algorithme In&motion » qui décidera/ou pas du déclenchement. Dans le cas d’une recette de cuisine qui est en soit déjà un algorithme – voir la définition au dictionnaire – il est humainement possible de le réaliser. Mais lorsque l’on apprend que dans le cas d’un accident à moto, le premier choc intervient entre 70 ms et 3 secondes, c’est une autre chanson. En clair, en moins de 70 millisecondes, le système In&motion doit recevoir les données des capteurs, déterminé que la situation est anormale, donner l’ordre de déclenchement et gonfler le coussin airbag à pression optimale.
Imperceptible
On entre ici dans des valeurs imperceptibles pour l’humain. A titre d’exemple, la chute d’une petite bille métallique d’une hauteur d’un mètre prendra 450 ms. En 70 ms la chute se fera de 2,4 cm. Une milliseconde représente une chute d’une hauteur valant 1/25ème de l’épaisseur d’une feuille de papier ordinaire. Oufti, ça dépasse l’entendement ! A titre d’exemple plus concret, le high-side du pilote français Kenny Foray sur le circuit de Misano a duré exactement 3,7 secondes entre le guidonnage et l’arrivée au sol. Et l’airbag était déjà déployé bien en amont de la première photo.
Un pour 10 millions de kilomètres
Lorsque vous portez votre système airbag sur vous, il faut réaliser que l’In&box prendra des nouvelles mesures et les analysera toutes les millisecondes afin de déterminer s’il faut gonfler ou pas le coussin. Le défi permanent est bien que le système agisse en moins de 70 ms. Actuellement, l’algorithme mis au point par In&motion baptisé « Turini » est capable de réduire le risque de gonflage intempestif en roulant, à 1 tous les 10 millions de kilomètres. Car une question qui revient souvent est de savoir s’il est possible que le système airbag se déclenche sans aucune raison. On appelle cela le gonflage intempestif. Noté que les autres fabricants d’airbags électroniques ne communiquent jamais sur cette donnée. Comme d’ailleurs sur la mise à jour de leur système.
L’algorithme Turini veille au grain
A l’échelle humaine, le risque de gonflage intempestif est comparable à celui d’une personne qui ferait des calculs à la main avec une erreur de 2 minutes sur 930 000 ans de travail (à raison de 35H semaine). In&motion travaille donc pour réduire encore plus la possibilité de gonflage intempestif tout en conservant la possibilité de déclencher dans toute situation critique. Actuellement la dernière version de l’algorithme Turini possède un taux de couverture de 91%, toutes chutes et toutes vitesses confondues. Ce taux de couverture dépasse même 95% au-delà de 25 km/h. Au train où les données sont actuellement collectées, In&motion sera en mesure de proposer un taux de couverture de 100% avec 0 intempestif d’ici 24 mois.
Collaboration
Dans l’élaboration de la partie « mécanique » du système airbag In&motion, la société française collabore activement avec l’Université Gustave Eiffel. Trois aspects sont analysés : les mécanismes d’accident, l’épidémiologie et la biomécanique. Sans rentrer dans trop de détails, nous retiendrons que dans 2/3 des cas, les accidents corporels résultent d’une collision entre la moto et un autre véhicule. En milieu urbain, la vitesse moyenne d’impact est de 30 km/h. Sur route, la vitesse moyenne d’impact passe à 50 km/h. Étonnant ? Pas vraiment car il faut distinguer la vitesse d’impact de la vitesse de roulage. Avant l’impact, la vitesse diminue car le motard freine ou lâche la poignée d’accélérateur.
Protéger à tout prix
Pour tout être humain, les fonctions vitales se trouvent au niveau du thorax et de la tête. Sans non plus donner un cours d’anatomie, il est donc primordial de protéger en priorité ceux-ci. L’étude de la chronologie des chocs a permis de déterminer que lors d’un accident, un traumatisme se produit entre 70 ms et 3 secondes. Dans 75% des cas, le thorax est touché de façon frontale. Les éléments impactant desquels doivent être protégés les motards sont les surfaces planes (capot, pare-brise) ou les surfaces pénétrantes (bord de trottoirs). En clair l’airbag doit se déclencher en dessous de 70 ms et le coussin d’air doit rester à bonne pression plus de 3 secondes.
Le confort est primordial aussi
Une protection ne vaut que si elle est portée, elle doit donc être confortable. En effet, si pour être protégé, il faut s’habiller comme un cosmonaute, beaucoup reculerons avant d’investir dans un système airbag. In&motion travaille donc depuis des années avec les compétiteurs de haut niveau. Deux des trois vainqueurs des dernières 24 Heures du Mans dont notre compatriote Xavier Siméon, sont équipé d’un airbag In&motion. Seul deux systèmes airbag avec In&motion, sont homologués par la FIM pour les épreuves du MotoGP, Moto2 et Moto3. Enfin depuis cette année, l’airbag est obligatoire également sur les épreuves de rallye-raid comme le Dakar. Le laboratoire de la compétition est donc intraitable en ce qui concerne le confort du pilote en plus de son efficacité. N’oublions pas aussi la campagne « Airbag Révolution » qui avait permis à 500 motards d’apporter leur retour concernant l’utilisation d’un gilet airbag au quotidien. Cet aspect de confort reste donc primordial pour In&motion.
Sauver une vie n’a pas de prix
Je reconnais que cet article est assez complexe. Mais il était important d’apporter un peu d’éclaircissement sur un produit en pleine évolution mais pas encore assez répandu – à mon sens – auprès de la communauté des motards. Sauver une vie n’a pourtant pas de prix. Ceux qui me connaissent savent que je parle en connaissance de cause. J’espère avoir été assez clair dans ces quelques explications. Je remercie encore une fois toute l’équipe In&motion pour cette journée Tech Days qui en appellera d’autres. C’est la volonté de la société d’Annecy d’étendre cette initiative au public le plus large possible.
En conclusion
Je laisse le mot de la fin à Jean-François TISSOT, Cofondateur et CBO d’In&motion : « En vous ouvrant nos portes et permettant le dialogue avec les experts – ingénieurs, docteurs, techniciens – qui façonnent nos systèmes au quotidien, nous avons voulu mettre en lumière cette face immergée de l’iceberg. Nous sommes convaincus que l’airbag est le casque du 21ème siècle. Derrière les chiffres et la technologie, ce sont des vies à sauver ».
Pour en savoir plus au sujet de l’airbag In&motion.