Essai Qooder : Avec 4 roues c’est bien aussi !
La mobilité dans nos villes est au centre de nombreux débats. Remplacer la voiture par le scooter est une alternative évidente. Mais beaucoup d’automobilistes sont réfractaires à l’utilisation d’un deux-roues motorisé. Nous avons peut-être la solution pour eux avec le Qooder testé récemment.
C’est bien un scooter
Qooder ! Drôle de nom pour un drôle d’engin. Un scooter à quatre roues, avouez que ça ne court pas les rues. Pourtant ce véhicule qui ressemble un peu à un insecte à quatre pattes circule sur nos routes depuis 2015. D’abord sous l’appellation Quadro4 puis Qooder depuis 2018, ce scooter est conçu en Suisse et fabriqué en Asie. De conception tout à fait inédite, le Qooder se comporte comme un deux-roues conventionnel et s’incline dans les virages. Mais la grande différence est qu’il possède quatre roues de 14 pouces bien collées au sol.
Hydraulic Tilting System
Cette prouesse technique est rendue possible par l’utilisation du HTS (Hydraulic Tilting System), un système de suspension hydropneumatique utilisant plusieurs vérins. Ce système contrôle l’inclinaison des roues ainsi que l’amortissement. Le Qooder est bâti autour d’un châssis tubulaire en acier qui enserre un monocylindre 4 temps de 399 cm3. Développant 32,5 ch à 7.000 tr/min et 38,5 Nm à 5.000 tr/min, ce moteur est chargé de déplacer les 281 kilos du quatre-roues. Sacré défi mais nous allons voir plus loin que finalement il ne s’en tire pas trop mal.
Homologué comme tricycle
Outre le fait de posséder quatre roues, le Qooder est avant tout accessible aux détendeurs du permis B. A condition de posséder ce permis depuis 2 ans et de suivre une formation pratique de 7 heures, vous serez autorisé à utiliser un véhicule de la catégorie L5e (trois roues motorisés). Pourtant le Qooder n’est pas un trois roues, nous sommes bien d’accord.
Par une astucieuse interprétation de la réglementation, le Qooder est homologué comme tricycle.
Pourquoi est-il dès lors assimilé à la catégorie L5e ? Tout simplement par une astucieuse interprétation de la réglementation qui stipule que si l’écartement des deux roues avant est d’au moins 460 mm (550 mm sur le Qooder), l’homologation L5e est valable. Dans un même temps, l’entraxe des roues arrière étant de 450 mm, la réglementation considère cela comme une roue unique. Notre Qooder est donc bien homologué comme tricycle et non comme quad.
Équipements sommaire
Avec 2,20 m de long et 84 cm de largeur, le Qooder est proche du gabarit d’un Métropolis (2,160 m et 74 cm) ou d’un MP3 350 (2,20 m et 80 cm). La finition est correcte par contre l’équipement est sommaire pour un véhicule de 11.490 €. Pas de bulle réglable ni de poignées chauffantes. Pas de Keyless non plus. Juste deux prises USB, un compartiment et un vide-poche sur le tablier. Sous la selle du passager vous pourrez glisser un casque intégral mais rien de plus (à moins de mettre vos gants mouillés dans celui-ci).
Stationnement 4 roues
Il n’y a pas de béquille centrale ni latérale. Le Qooder se stationne pratiquement comme une voiture avec un frein à main. Pour actionner celui-ci, vous devez relever un levier placé sur la droite de la selle et en même temps tourner la clé de contact dans le barillet vers la gauche pour déverrouiller la commande du frein. La manœuvre n’est pas toujours évidente car vous avez besoin de vos deux mains et si le scooter est en pente vous ne pouvez pas en même temps actionner le frein. Le HTS qui contrôle l’inclinaison des roues est lui verrouillé via un grand levier rouge placé sur le tablier.
Surprenant
Résumons : pour démarrer avec le Qooder, vous tournez la clé de contact vers la gauche – tant pis si vous avez déjà démarré le moteur, il faudra recommencer – et en même temps, vous abaissez le levier de frein de stationnement. Ensuite vous actionnez le démarreur, vous relevez le levier de verrouillage du HTS sur le tablier et c’est parti mon kiki.
Dès-que le moteur atteint sa plage maximum de couple à 5.000 tr/min, le Qooder s’élance vaillamment.
Au début vous aurez l’impression que le Qooder ne veut pas avancer. Diable, il faut mettre 350 kilos en mouvement et le monocylindre fait ce qu’il peut. Mais dès-que le moteur atteint sa plage maximum de couple à 5.000 tr/min, le Qooder s’élance vaillamment. Les premiers mètres sont déroutants, la direction est lourde et une certaine inertie se fait sentir. Par contre le variateur et le monocylindre tournent à pleins régimes. Les reprises sont bonnes et même surprenantes, le Qooder est maintenant plus dynamique.
Autostable facilement
La position de conduite est reposante avec une selle large et des suspensions qui absorbent bien les inégalités du revêtement. Les commodos sont simples et reprennent le même design que ceux qui équipaient les Honda des années nonante. Les deux leviers de frein sont réglables et le Qooder dispose également d’une pédale de frein au pied droit sur le plancher (comme la réglementation L5e le stipule). Le Qooder est autostable à l’arrêt à condition d’actionner le levier de frein gauche qui commande le freinage couplé ou la pédale au plancher. En clair, dès que vous arrivez devant un feu rouge, il est possible de s’arrêter sans mettre de pieds au sol. Avec un peu d’entraînement la manœuvre devient facile. Une attention doit-être néanmoins respectée si vous abordez un carrefour où la chaussée est déformée. Le HTS se bloque en position légèrement inclinée et vous serez déséquilibré au redémarrage.
Mode d’emploi
La hauteur de la selle à 780 mm et sa largeur n’avantageront pas les petits gabarits qui auront du mal à mettre les deux pieds au sol. Dommage aussi que la bulle un peu trop courte ne protège pas mieux le buste et les épaules des intempéries. Parlons maintenant un peu du comportement de ce Qooder en virage. Avec une direction lourde et peu engageante, il faut forcer le scooter pour l’inscrire en virage. Tout bon motard y mettra du sien en inclinant les épaules et le bassin pour faire pencher l’engin. Mais c’est une erreur car le Qooder s’incline simplement avec la technique du contrebraquage. Il suffit de pousser sur l’extrémité du guidon pour engager l’inclinaison et le HTS s’occupe du reste.
A l’aise dans toutes les situations
En surf il vaut mieux ne pas être skieur pour bien progresser et je pense que c’est exactement la même chose avec le Qooder. Un automobiliste inexpérimenté en deux-roues motorisé prendra plus vite la mesure du scooter à quatre roues qu’un motard au long cours. Il m’aura fallu une cinquantaine de kilomètres pour comprendre cela. Une fois que vous avez saisi la recette, le Qooder devient redoutable surtout dans les situations d’adhérence les plus précaires, c’est véritablement sa grande force. Question sécurité, le Qooder n’a pas d’ABS puisqu’il dispose d’un freinage couplé avant-arrière au levier gauche et au plancher (le levier droit actionne uniquement les disques avants). Pas d’antipatinage non plus car la transmission arrière passe par un différentiel qui harmonise la rotation des roues.
Consommation raisonnable
Dans les détails on relèvera encore que le tableau de bord est austère et ne donne pas les indications de consommation moyenne ou totale. La jauge à carburant segmentée clignote après 160 kilomètres et le témoin de réserve s’allume au bout de 200 kilomètres. Malgré le poids conséquent, la consommation moyenne relevée durant cet essai avoisinait les 5,5 litres aux cent. Pas mal du tout, par contre lorsque vous remplissez le réservoir à carburant de 14 litres, allez-y mollo. L’essence est systématiquement refoulée si le débit du robinet est trop fort. C’est embêtant lors des débordements car la trappe du réservoir est située juste à côté du petit coffre sous la selle.
Usage intra-muros
Le Qooder destiné à convaincre les automobilistes de passer au scooter opte pour des performances discrètes. Vu le rapport poids/puissance il ne faut pas non plus attendre des miracles. Nous avons relevé une vitesse maximum de 130 km/h au compteur pour 120 km/h au GPS. En poussant le Qooder dans ses derniers retranchements (descente et vent dans le dos), nous avons gagné quelques km/h supplémentaires. Raisonnablement, il faut tabler sur une vitesse constante de 110 km/h. Ce qui finalement est suffisant pour un véhicule destiné à un usage intra-muros. N’oublions pas aussi que maintenant le grand ring de notre capitale est limité à 100 km/h.
Au final
Ce Qooder fonctionne parfaitement. Il dispose d’un freinage suffisant mais qui demande un peu plus de pression si on actionne la pédale au plancher. La tenue de route est irréprochable en toutes circonstances et le confort est au rendez-vous. Les quatre roues sont un gage de sécurité et rassureront sans hésiter les automobilistes. Que demander de plus ?
Les + et les –
- Les + : stabilité, confort, sécurité.
- Les – : coffre trop petit, commande de frein à main couplée au contact, poids, budget.
Pour en savoir plus au sujet du Qooder
eQooder
La société suisse va bientôt commercialisée une version électrique baptisée eQooder. Utilisant un moteur électrique (45 kW et 110 Nm) en provenance de la société californienne Zéro, le eQooder disposera d’une autonomie de 150 km grâce aux batteries lithium-ion de 10,8 kWh rechargeable en moins de 6 heures sur une prise de courant standard de 220 V.
Fiche technique et prix du Qooder
Moteur
Type : monocylindre, 4 T, 4 soupapes
Cylindrée : 399 cm3
Puissance maximum : 32,5 ch (23,8 kW) à 7.000 tr/min
Couple maximum : 38,5 Nm à 5.000 tr/min
Embrayage : centrifuge automatique à sec
Transmission : variateur automatique CVT
Transmission finale : par courroie
Partie-cycle
Cadre : tubulaire en acier
Suspension avant : HTS Hydraulic Tilting System™ (système d’inclinaison hydraulique)
Suspension arrière : HTS Hydraulic Tilting System™ (système d’inclinaison hydraulique)
Frein avant : deux disques de 240 mm avec étriers hydrauliques
Frein arrière : deux disques de 240 mm avec étriers hydrauliques
Dimensions
Empattement : 1.580 mm
Hauteur de siège : 780 mm
Poids en charge : 281 kilos
Réservoir : 14 litres
Prix
à partir de 11.490 €
