La traversée des Pyrénées en Pan America
Après la découverte de la nouvelle Harley-Davidson Pan America en avril dernier, nous avions hâte de retrouver le maxi trail ricain pour un essai plus approfondi. Et l’occasion s’est présentée lorsque nous avons programmé la traversée des Pyrénées cet été.
Moins connue
Le mois de juillet est en général propice aux vacances et au soleil. Mais il faut parcourir quelques centaines – voir quelques milliers – de kilomètres pour les réunir. Beaucoup de Belges prennent donc la route et surtout les autoroutes pour le sud de l’Europe. Mais une minorité d’usagers comme les motards préfèrent les petits chemins de traverse plus pittoresques pour profiter pleinement de leur monture. Le massif alpin est souvent plébiscité à juste titre. Plus proche de nous, il donne directement accès au sud de la France et à l’Italie. Par contre, ceux qui souhaitent se rendre dans la péninsule Ibérique rencontrerons sur leur chemin la chaîne des Pyrénées. Moins connue et moins fréquentée, elle s’étend sur plus de 400 kilomètres d’est en ouest entre la Méditerranée et le golfe de Gascogne.
On s’y fera
Un paradis pour motards que nous avons décidé d’explorer en compagnie du maxi trail Harley-Davidson Pan America fraichement débarqué sur notre vieux continent. Une moto qui pour l’instant ne laisse personne indifférent. Certains lui trouvent une bouille assez étrange pour ne pas dire « indigeste ». D’autres soulignent son originalité et sa personnalité bien marquée. Avec objectivité, on retrouve le même type de commentaires pour la GS qui est par contre déjà en place depuis des décennies. On se fera aussi à la Pan America, vous verrez !
Adaptable
Pour ce test, nous disposons de la version Special entre autres équipée de suspensions semi-actives avec contrôle du chargement et de l’option ARH (Adaptative Ride Height). Ce dispositif tout à fait unique est un système qui adapte la hauteur de conduite. En clair lorsque vous êtes à l’arrêt, la hauteur de selle descend (de 2,5 à 5 cm en fonction de la précharge arrière sélectionnée automatiquement). Un avantage certain pour les pilotes de petite taille (1,70 mètre) comme moi. Pour les plus grands, il est possible de verrouiller le système et même de le retarder plus ou moins longtemps. Bref, il est adaptable à tout un chacun.
Premier bilan
Equipée de sacoches cavalières – les valises H-D n’étant pas disponibles – et d’un gros sac boudin pour le matériel de camping, notre Pan America est prête à tailler la route. Que nous prenons en direction de la côte atlantique. En effet nous avons décidé d’effectuer la traversée des Pyrénées d’ouest en est en commençant par le Pays basque. Mais avant cela nous allons rallier la région de Royan pour une petite étape chez des amis. En empruntant pas mal de routes secondaires avec un peu d’autoroute sur la fin, nous rejoignons Saint-Palais-sur-Mer en deux jours. Un premier bilan et quelques constatations. La Pan America est frugale et se contente de moins de 5 litres de carburant aux cent kilomètres. Ce qui autorise une autonomie d’au moins 350 kilomètres. La protection de la bulle réglable est excellente. Par contre aucun affichage de la consommation moyenne au tableau de bord. Et la béquille latérale est impossible à replier si vous mettez la moto sur la centrale.
Une selle digne de ce non
Ah oui, nous avons également relevé que le confort de la selle était exceptionnel. Aujourd’hui, rare sont les motos qui disposent d’une selle digne de ce nom, il faut le souligner. Pour le réglage de l’amortissement, aucune inquiétude à se faire non plus. Les suspensions semi-actives font le boulot pour vous. Développées en collaboration avec Showa, les suspensions tiennent comptent des conditions (chargement) et de l’activité de conduite (mode de conduite sélectionné) grâce au logiciel de contrôle développé par H-D, et le tour est joué. Jusqu’à maintenant, nous avons roulé suivant notre humeur avec les modes de conduite Road et Sport. Mais profitant de cette étape agréable en bord de mer, nous explorons un peu plus le mode Custom que nous paramétrons sur base de nos critères. Durant la totalité de cet essai, nous ne ferons jamais appel aux modes Off-Road et Off-Road Plus ni au mode Rain. Ne plus voir la pluie fait un bien fou !
Croisière sur la Gironde
Il est à présent temps de reprendre la route. Notre destination du jour est la région de Saint-Jean-de-Luz où nous ferons halte avant d’attaquer la traversée des Pyrénées. Mais avant cela, nous empruntons le bac qui traverse l’estuaire de la Gironde de Royan à Verdon-sur-Mer. Une petite croisière de 20 à 25 minutes très agréable qui nous fait en plus gagner des kilomètres. Au guidon de la Pan America, les kilomètres défilent gentiment. Afin de gagner un peu en fraicheur, je roule visière ouverte avec les lunettes de soleil sur le pif. La position de la bulle étant au plus bas. Par contre ça chauffe sur la jambe droite assez proche du collecteur d’échappement du cylindre arrière. Nous traversons à présent la région des Landes et ses routes, rectilignes à l’infini. Ça sent bon le pin et nous restons vigilants face aux nombreux radars qui jalonnent notre parcours. Le régulateur de vitesse est régulièrement bloqué sur 80 km/h pour éviter toute surprise.
Premier col
Nous apercevons maintenant les premiers contreforts des Pyrénées à l’approche de Bayonne qui se situe à la frontière entre la Gascogne et le Pays basque. Nous rencontrons une circulation de plus en plus dense et décidons de faire l’impasse sur la côte atlantique et Saint-Jean-de-Luz pour nous enfoncer dans les terres. Finalement nous béquillons notre Harley dans le camping du pittoresque village de Saint-Pée-sur-Nivelle. Le lendemain avant de prendre la route, nous calons le GPS sur l’itinéraire de la route des cols que nous avions trouvé sur le web (voir les références ci-dessous). Le pays Basque est une merveille avec ses maisons rouges à colombages et ses petites routes bordées de panneaux d’indication où le français est accompagné du basque. Nous nous arrêtons au premier col que nous franchissons. Il est modeste ce Col de Saint Ignace avec ses 169 mètres mais symbolique. Car il est le premier d’une série de 34 cols que nous allons franchir ces prochains jours avant d’atteindre la Méditerranée.
Imperturbable
Une petite incartade en Espagne nous permet de passer par les Puerto de d’Otxondo (602 m) et d’Izpegui (690 m) avant de retrouver la France. La Pan a un peu changé de caractère. Avec le mode de conduite Custom où nous avons paramétré le couple moteur, l’accélération, le frein moteur, les assistances C-TCS et C-ABS et le niveau d’amortissement, la Pan America devient encore plus amusante. Même chargée, elle tient parfaitement le cap sans se dandiner. Les assistances en virages sont impressionnantes d’efficacité. Il suffit de prendre et de garder la bonne trajectoire, et la Pan fait le reste. L’échappement spécial Screamin’ Eagle qui équipe notre Harley reste discret sauf au rétrogradage où il « pétarade » un peu.
Vive le TPMS
La journée se poursuit entre vallées et sommets avec quelques rencontres fortuites. Car nous partageons parfois la route avec des chevaux, vaches ou moutons. La route grimpe de plus en plus fort pour nous amener vers le Col d’Aubisque (1709 m) suivit du Soulor (1474 m). La journée se termine à Arrens-Marsous. Nous venons de quitter le département des Pyrénées-Atlantiques pour celui des Hautes-Pyrénées. Une surprise nous attend au départ de l’étape suivante. C’est au moment où nous refaisons le plein en carburant que ma compagne de route me signale que sa moto – une Triumph Trident 660 – lui annonce une perte de pression du pneu arrière. Le constat est sans appel, un magnifique clou de charpentier a transpercé le Michelin. Heureusement au bout d’une heure, nous finissons par trouver un petit garage qui effectue la réparation. Je n’avais cette fois pas prévu de kit pour crevaisons. Encore heureux aussi que sa moto, comme mon Harley, soit équipée d’un système de contrôle de pression des pneus (TPMS). Car nous allons aborder les cols les plus hauts et les plus longs de la journée.
Un p’ti coup de gaz
La montée vers le Col du Tourmalet (2115 m) me permet une fois de plus de profiter pleinement des reprises du bicylindre américain. Même en repassant en mode Sport, la Pan America saute d’un virage à l’autre avec aisance. Conduisant souvent à « l’ancienne » je remets un petit coup de gaz avant de rétrograder. Et de fait, le rapport inférieur s’enclenche plus facilement. Par contre à l’arrêt, le point mort est difficile à trouver. Surtout si le moteur est bien chaud. Il m’est également arrivé une ou deux fois de tomber sur un faux point mort. Ayant depuis ce périple testé la nouvelle Sportster S qui utilise le même moteur, je n’ai absolument pas rencontré le même phénomène. Je suppose donc que le problème vient peut-être du système de sélection plutôt que de la boîte de vitesse. La moto affiche plus de 6.000 kilomètres au compteur et ce n’est donc pas non plus un problème de rodage.
Nature préservée
Nous abordons ensuite le Col d’Aspin (1489 m) et bien d’autres avant de rentrer dans le département de la Haute-Garonne. Après Bagnères-de-Luchon, nous devons normalement repasser par l’Espagne via le Col du Portillon. Malheureusement, cette route est fermée et nous sommes obligés de contourner via la D125 en direction de Marignac. Au bout du compte nous atteignons notre destination du jour avec le Col du Portet-d’Aspet (1069 m). Un camping est situé en haut de ce col dans une nature préservée, un pur moment de bonheur. Après une nouvelle nuit sous la toile, nous repartons plein d’entrain pour la suite de cette traversée. Le département de l’Ariège s’ouvre à nous. Les paysages sont toujours aussi magnifiques et la circulation pratiquement inexistante. Nous évoluons entre 1000 et 1500 mètres et franchissons pas mal de cols dont le plus connu est celui d’Agnès (1580 m).
Pays catalan
Passage par Tarascon-sur-Ariège et Ax-les-Thermes où la civilisation se rappelle à nous. Nous ne sommes pas loin d’Andorre où réside Xavier Siméon et bien d’autres sportifs de haut niveau. Mais nous nous dirigeons vers le département de l’Aude avant de rentrer dans celui des Pyrénées-Orientales. Formiguères sera notre étape du jour. Nous sommes en Pays catalan et les vallées sont plus larges. Après une nuit calme et réparatrice, nous abordons notre dernière journée dans les Pyrénées, nous descendons vers Font-Romeu en faisant une petite boucle par le Col du Calvaire (1836 m) et Mont-Louis. Nous sentons que la fin de cette traversée des Pyrénées est proche. La circulation devient de plus en plus importante sur la N116. Mais avant d’arriver à Ille-sur-Têt, nous bifurquons à droite pour emprunter la D618 qui serpente à qui mieux mieux.
Démoniaque
Cette petite route départementale est démoniaque tant les virages sont courts et serrés. La Harley virevolte sans discontinuité à en donner le tournis. Le revêtement est assez cassant mais la Pan America se déjoue de tous ces pièges grâce au bon fonctionnement de ses suspensions pilotées. Le confort est préservé. Nous atterrissons finalement un peu nulle part et surtout au Col de Fourtou (655 m). C’est l’un des derniers cols de cette traversée et nous allons bientôt atteindre la Méditerranée. Néanmoins avant d’y arriver, nous prenons l’autoroute A9 juste au-dessus du Perthus. Nous devons le soir même rejoindre le département des Hautes-Alpes pour une réunion familiale.
Un dernier plaisir
Sur l’autoroute, c’est un soleil de plomb qui nous accable. Le Mistral est bien présent et la circulation est plus que dense avec le chassé-croisé du week-end. Néanmoins la Harley-Davidson reste sereine et moi aussi. Le régulateur de vitesse est régulièrement sollicité et le bicylindre ronronne gentiment un peu au-delà de 4.500 tr/min. Les kilomètres sont avalés sans broncher et nous atteignons finalement notre destination en soirée. Le retour vers notre plat pays se fera ensuite sur deux jours en évitant les autoroutes et en se faisant plaisir une dernière fois par un passage dans le Massif du Vercors.
Conclusion
Durant ce périple d’une dizaine de jours, nous avons parcouru un peu plus de 3.300 kilomètres. La Harley-Davidson Pan America n’a rencontré aucuns soucis. Avec l’absence d’affichage de la consommation en carburant, nous avons fait travailler la calculette et le verdict est plus que réjouissant. La consommation moyenne de ce voyage se situant à 4,69 litres au cent. Les qualités et les défauts de cette première mouture du trail américain sont apparues (voir les + et les -). Mais il est un fait indéniable que cette moto est au niveau de ses concurrentes et est un réel outil de plaisir.
Les + et les –
Les + : protection , confort, consommation, caractère moteur, l’Adaptive Ride Height.
Les – : pas de conso affichée, ça chauffe sur la jambe droite, croisement des béquilles.
Quelques références
https://www.lespyrenees.net/route_des_cols
https://moto-trip.com/balade-moto/departement/hautes-pyrenees