Premier test : Ducati Streetfighter V4 SP
La semaine dernière, nous étions en Italie pour tester la Ducati Streetfighter V4 SP. Ces deux dernières lettres – abréviation de Sport Production – me rappellent souvent ce que l’on trouve sur les plaques dorées apposées sur certaines habitations de mon village. Docteur Machinbidule ou Architecte Trucbazar. Ce sont des gens qui ont beaucoup de prestige dans notre village. Si vous sortez des chaînes de montage de Borgo Panigale avec ces deux lettres plaquées sur vos flancs, vous recevez un honneur similaire. Et ce n’est pas tout à fait injustifié.
Numéroté
Si l’on se fie à la Ducati Streetfighter V4 2020 et à la Desmosedici Stradale V4 qui développent 208 ch et 123 Nm, la S est déjà le nec plus ultra en matière de performances. La S perd 2 kg sur la balance, elle est équipée de freins Brembo Monobloc Stylema M4.30, de jantes en aluminium Marchesini, d’un pack électronique digne de ce nom et d’une suspension Öhlins complète (NIX30 + TT36) avec direction semi-active. Tout cela avec un supplément de prix bien entendu, 24 690 euros contre 21 290 euros pour la versions standard.
Mais si vous ajoutez un “P” à cette recette, vous obtenez exactement le même moteur et les mêmes composants électroniques. Mais vous bénéficiez également de la livrée “Winter Test” (noire, avec des liserés rouges et un réservoir en aluminium brossé), d’un embrayage à sec STM-EVO SBK (réservé à la piste), de freins Brembo Stylema R à pistons ventilés et d’une pompe à frein Brembo MCS 19.21, de jantes en carbone, d’un garde-boue avant et d’ailettes, d’une batterie lithium-ion, de repose-pieds réglables en aluminium, de composants de suspension Öhlins identiques à ceux de la Panigale V4 et d’un numéro de série gravé sur le guidon. Pas d’édition limitée, juste une version numérotée. Gagner de l’argent grâce à une édition exclusive qui se vend rapidement – c’est une recette que connaissent parfaitement les gars de Bologne. Si nous prenons en compte la liste des équipements repris ci-dessus, nous constatons un gain de poids de pas moins de 5 kg par rapport à la V4 et de 3 kg par rapport à la V4 S.
Échauffement sur la S
Nous démarrons cet essai avec une V4 S, histoire de s’habituer au circuit, mais aussi de s’acclimater au gros V4 calé sous les fesses. Les six machines d’essai (trois V4 S, trois V4 SP) sont bien rangées sur la pit lane, avec des couvertures chauffantes autour des Pirelli tout neufs. Les Diablo Rosso Corsa 2 de série ont été remplacés par des slicks SC-1, et – pour être sûr – les pneus seront rodé par Alessandro Valia. Ancien pilote de Superbike et pilote d’essai de Ducati. Cette opération est rondement menée et le staff m’appelle, la Streetfighter V4 S rugit dans la pitlane et mes mains me démangent. Avanti !
La naked bike par excellence
Nous commençons en mode Sport, le mode intermédiaire parmi les trois modes de conduite (nous laissons de côté le mode Street pour cet essai sur piste). La réponse à l’accélération est très douce, le couple arrivant un peu plus tôt. De plus, le V4 monte en puissance de manière merveilleusement linéaire, sans jamais donner l’impression de perdre le contrôle. Cela semble presque incroyable, mais la puissance de 208 ch semble faible. Le quickshifter est à son meilleur à chaque accélération, avec des changements de vitesse très nets et doux.
Nous abordons la première section du circuit – avec beaucoup de courtes lignes droites et cinq des treize virages – un peu plus bas dans les régimes, puis nous descendons rarement en dessous de 10 000 tr/min. Entre 7 000 et 9 500 tr/min, il y a déjà beaucoup de puissance, mais ce moteur en a tellement qu’il continue de tourner à un rythme effréné et quasi-linéaire jusqu’à ce qu’il arrive au limiteur de régime à 14 500 tr/min. Presque imperceptiblement, la V4 S s’élance jusqu’à 175 km/h sur son deuxième rapport, après quoi il lui faut quelques secondes pour passer les autres rapports et atteindre à 13 000 tr/min – en sixième – la vitesse de 270 km/h – bonsoir les cervicales et pectoraux !
La suspension Öhlins a été réglée beaucoup plus sportive que la norme par les mécaniciens présents – Ducati lui-même considère la V4 S comme la naked bike ultime, qui peut à l’occasion servir parfaitement d’arme sur la piste. Et ça se voit. Bien qu’il n’y ait rien à redire en termes de confort sur cette machine – dans ces conditions – les suspensions sont parfaitement adaptés pour travailler à grande vitesse. Le levier de frein est instinctif à actionner, la puissance de freinage est écrasante – même lorsque nous l’agrippons au bout de la ligne droite à Crémone. Passage rapide de 6ème en 2ème, deux doigts musclés tenant à peine le levier de frein avant au guidon et nous plongeons immédiatement vers le prochain gauche.
Les SC-1 mordent l’asphalte et l’accélération à la moindre rotation de la poignée de gaz nous pousse vers la chicane lente avant la voie des stands. C’est incroyable de voir à quel point cette moto est facile à balancer avec le guidon, malgré le couple et la puissance démoniaque. Si le guidon de la Streetfighter était un peu plus bas, on frotterait les coudes dans presque tous les virages de cette piste. Cette V4 S est guidée avec facilité et confiance, même par des pilotes moins expérimentés comme votre serviteur.
S’en tenir aux courbes
C’est donc une grande surprise lorsque nous passons à la version SP. Non seulement les repose-pieds sont montés un peu plus haut – ce qui vous donne réellement une sensation de superbike dès les premiers mètres – mais le bruit de l’embrayage à sec et ajouré surpasse allègrement celui de l’échappement, c’est génial. Et quelle beauté cette machine avec ses abondantes quantités de carbone, sa belle livrée et son ensemble de composants de qualité. Le moteur et l’électronique identiques à ceux de la V4 S sont rassurants dès les premiers mètres. Par contre le prix – 33.490 euros – l’est beaucoup moins.
Heureusement, la suspension encore plus ferme (ressorts plus rigides, valves modifiées et système hydraulique) fait de cette SP une excellente partenaire de danse sur la piste. Les suspensions sont un facteur important, mais les roues en carbone sont l’atout absolu de cette machine : c’est incroyable la différence que font les jantes, en fait à peine 1,4 kg plus légères. Alors que sur la V4 S, je préférais une entrée tardive pour passer les virages le plus rapidement possible, sur la SP, vous pouvez prendre immédiatement la corde et y rester, puis ressortir sur l’accélération tout aussi rapidement. La SP fait la différence même si la S est déjà très agile.
Conclusion
La façon dont la SP accélère ne donne pas seulement l’impression d’être plus rapide – elle est plus rapide – nous avons fait le tour de Crémone jusqu’à deux secondes plus vite, parole de chrono. Moins de masse en mouvement donne une accélération plus rapide. Cette réduction de l’inertie explique aussi la facilité de changement de direction évoquée ci-dessus, bien sûr. La pompe de freinage Brembo MCS procure également une sensation beaucoup plus fine au niveau du train avant, et le mode Race est en fait beaucoup plus doux à mi-régime (où nous nous serions attendus à une puissance plus intense), de sorte que vous attaquez chaque virage le mors aux dents.
Freiner de plus en plus tard, prendre les virages les plus courts avec de plus en plus d’angle, tourner la poignée d’accélérateur de plus en plus tôt pour amener la Streetfighter à dériver doucement, puis la pousser vers la limite de vitesse en un rien de temps. Quelle machine. Tourner avec une naked bike a rarement ressemblé à un tour de piste sur une superbike. Félicitations à Ducati.
Données techniques et prix de la Ducati Streetfighter V4 SP
MOTEUR
Type : V4 Desmosedici Stradale à 90°, 4 soupapes par cylindre, refroidissement liquide
Cylindrée : 1 103 cm3
Puissance maximum : 208 chevaux (153 kW) à 13 000 tr/min
Couple maximum : 123 Nm de couple à 9 500 tr/min
Transmission finale : par chaîne
PARTIE-CYCLE
Cadre : cadre avant en alliage d’aluminium
Suspension avant : fourche inversée Öhlins NIX 30 de 43 mm, entièrement réglable, déb. 120 mm
Suspension arrière : mono-amortisseur Öhlins TTX36 entièrement réglable, déb. 130 mm
Frein avant : deux disques semi-flottants de 330 mm, étriers radiaux Brembo Stylema 4 pistons, ABS en virage BOSCH EVO
Frein arrière : un disque de 245 mm, étrier 2 pistons, ABS en virage BOSCH EVO
DIMENSIONS
Empattement : 1 488 mm
Hauteur de selle : 845 mm
Poids : 196 kilos TPF
Réservoir : 16 litres
TARIF
Prix : à partir de 33.490 euros
Importeur : Ducati Benelux