Le test du doute : Suzuki GSX-8S vs SV650
Avec la GSX-8S, Suzuki revient en force sur le marché des roadster de moyenne cylindrée. Une moto entièrement repensée avec un nouveau moteur et un design plus moderne qui devait enterrer la SV650. Mais est-ce le cas ? Car cette SV650 est toujours proposée au catalogue ? L’ancien modèle a-t-il encore le droit d’exister aux côtés de sa soeur beaucoup plus moderne ? C’est ce que nous allons découvrir lors de cet essai comparatif sous forme de duels.
Texte : Gijs Gilis
Duel 1: Concept & design
Pour commencer, peut-on qualifier de soeurs la SV650, qui existe sous cette dernière forme depuis 2017, et la nouvelle GSX-8S ? Après tout, une SV et une GSX sont fondamentalement deux concepts de moto différents. Cela se manifeste clairement, car là où la SV a un cadre tubulaire en treillis qui enferme le bicylindre en V, la GSX utilise le nouveau bicylindre parallèle comme élément porteur. En outre, le design des deux machines est complètement différent. La SV650 ressemble à un amalgame d’une partie arrière moderne et d’une partie avant rétro avec son phare rond qui, soit dit en passant, utilise toujours une ampoule halogène complètement démodée. La GSX-8S adopte clairement un design plus moderne et plus agressif. Des lignes acérées, un capotage d’optique orienté vers le bas avec de petites lumières LED, des couleurs frappantes… On dirait presque que cette moto est issue du bureau de design Kiska ! Si on la peignait en orange et qu’on y collait des badges KTM, on s’y croirai.
Oldskool avec un gros échappement et un écran LCD
Regardez aussi le pot d’échappement pas très jojo de la SV par rapport à l’Arrow de la GSX-8S. D’accord, celui-ci est un accessoire, mais en termes de taille, le pot d’échappement d’origine est même encore plus petit. Assis sur la selle de la SV, on découvre un tableau de bord à cristaux liquides. Toutes les informations y sont clairement affichées, mais l’écran couleur TFT de la GSX est beaucoup plus beau et mieux agencé. Si l’on se concentre sur la finition générale, on se retrouve face à deux mondes complètement différents. La SV650 est assez négligée, avec de nombreux câbles et tubes qui dépassent ici et là, en particulier sur le bloc moteur. Sur la GSX-8S, plus d’efforts ont été faits pour que l’ensemble soit le plus soigné possible. Ce n’est pas une Triumph, mais il n’y a pas de quoi se plaindre non plus. Notre GSX-8S d’essai a été équipée de décos officielles Suzuki, ce qui lui confère une allure encore plus sportive et fraîche.
L’électronique fait la différence
Bien qu’équipée d’un système d’assistance à bas régime et d’un système de démarrage facile, la SV650 est à la traîne en ce qui concerne l’électronique. La GSX-8S dispose également de ces caractéristiques, ainsi que de trois modes de conduite, d’un antipatinage réglable, d’un shifter et d’un embrayage assisté à glissement. Ces équipements vous manquent-ils tant sur la SV ? Certainement pas, mais ils rendent la vie à bord plus facile, plus agréable et surtout plus sûre. Si l’on additionne tous les points précédents, il est clair que la GSX-8S remportera la victoire dans ce premier duel.
Duel 2: Caractéristiques de conduite
L’apparence d’un roadster est l’un des arguments d’achat les plus importants. Mais l’acheteur potentiel sera également attentif à la façon dont la moto se comporte sur la route. La maniabilité est-elle bonne, etc … Des éléments qui, dans ce segment, sont bien plus importants que le confort, l’équipement ou les options de bagagerie. Dès le départ, la SV650 était une machine très maniable. Se comportant de manière très neutre, pardonnant facilement les erreurs de pilotage et parvenant à trouver un bon équilibre entre un pilotage cool ou nerveux. Une machine qui est, avant tout, facile et légère à conduire. Il n’est donc pas étonnant que trouver beaucoup de SV650 dans les moto-écoles. On ne peut pas faire mieux, surtout avec l’assistance à bas régime et le démarrage facile mentionnés plus haut. De plus, la conception de son cadre lui confère un rayon de braquage court, ce qui facilite les manœuvres à basse vitesse. Et ce n’est pas tout, puisque la hauteur de selle de 785 mm permet de poser facilement les deux pieds au sol. Par contre, la selle est fine et dure, ce qui devient moins agréable au bout de quelques heures de conduite. Les suspensions basiques ne sont pas inférieures à la norme en vigueur dans cette catégorie, et donc il ne faut pas s’attendre à des miracles. La SV650 ne remportera jamais le prix des « meilleures suspensions sur un roadster ».
De nombreux tests
On ne le croirait pas en voyant son allure plus sportive, mais la GSX-8S est plus confortable à tous points de vue. La position de conduite est plus agréable, même avec la selle très fine et les ressorts de suspension sont plus performants. Il en résulte une meilleure maniabilité. Plus sportive aussi, sans être trop dure ou trop extrême. Suzuki a réussi à trouver un bon équilibre. La GSX-8S est une très belle machine et on sent qu’elle a fait l’objet de nombreux tests. Elle se montre plus confiante sur la route que la SV650, ce qui en fait une machine plus agréable à piloter. Si les freins de la SV650 ne sont pas mauvais, ceux de la GSX-8S sont également plus performants. Le score de ce duel passe sans équivoque à 2-0.
Duel 3: Rapport prix/puissance
Le grand attrait de la SV650, outre son prix intéressant, réside dans son moteur bicylindre en V. Un très bon moulin qui a servi sur divers modèles Suzuki pendant de nombreuses années et qui est toujours produit pour de bonnes raisons. Il possède toutes les qualités d’un V-Twin avec une boîte de vitesses qui suit également cette tendance et passe les rapports en douceur, même avec moins de 2.000 km au compteur. Toutefois, le bicylindre en V EURO5 semble avoir été légèrement modifié par rapport à l’ancienne version EURO 4. Il manque clairement de puissance à tous les régimes. Cependant, on ne s’ennuie jamais avec ce moteur, surtout pour les pilotes débutants.
V-twin et faux V-twin
En théorie, on ne s’extasiera jamais face à un banal bicylindre parallèle comme celui équipant la GSX-8S . Mais celui-ci a un tour dans son sac, il utilise un vilebrequin calé à 270 degrés pour imiter les sensations d’un bicylindre en V. Cette astuce n’est pas sans précédent, puisque Yamaha l’applique pour ses moteurs CP2, CP3 et CP4. Sur la Suzuki, c’est franchement bien réussi, avec un moteur qui tourne bien et qui a beaucoup de puissance de traction à bas régime. Grâce à l’échappement Arrow optionnel, le son est également très excitant, voire même très fort. Il ne faut pas oublier non plus que le twin de la GSX cube à 776 cm3 en développant 83 ch (62 kW) et 78 Nm contre 645 cm3 avec 73 ch (54 kW) et 64 Nm pour la SV650. Ce n’est certainement pas une condition sine qua non pour que la GSX-8S possède un meilleur moteur, mais ici c’est bien le cas. Et la boîte de vitesse commandée par shifter enfonce le clou, même si parfois celui-ci est un peu récalcitrant. En outre, la GSX-8S fait mieux que certaines de ses concurrentes avec son pack électronique. Passer d’un mode de conduite à l’autre ou régler rapidement l’antipatinage est très facile et rapide grâce aux commandes situées sur le guidon. Félicitations à l’équipe de conception pour avoir fait en sorte que tout soit aussi simple et direct que possible.
La SV650 contre-attaque
La GSX-8S semble donc se diriger vers une victoire nette de 3-0 dans ce duel, mais soudain, le prix entre en ligne de compte. Comme il est trop facile de laisser la moto la moins chère remporter la victoire, nous nous penchons sur le rapport prix/puissance. La GSX-8S coûte 8 999 euros et développe 83 ch. Le cheval vapeur de cette dernière revient donc à 108,4 €. La SV650 s’achète 6 999 € et développe 73 ch. Dès-lors, elle possède un cheval vapeur moins cher revenant au prix de 95,9 €. Un résultat logique, puisque la GSX-8S est équipée de plus d’électronique et est aussi la plus récente. Les chasseurs de bonnes affaires ont donc tout intérêt à se tourner vers la SV650, qui est exactement 2.000 euros moins chère que la GSX-8S, sans devoir faire trop de compromis sur la puissance. Le point est indiscutablement pour la SV650 : 2-1
Conclusion
La GSX-8S est-elle le roadster Suzuki de moyenne cylindrée à posséder ? Oui. C’est clairement une moto de nouvelle génération comparée à la SV650 qui vieillit tranquillement. Hormis son prix, elle fait tout mieux. La GSX est plus moderne, mieux équipée, a un moteur plus vif, se manie mieux, freine mieux, est plus confortable… Est-ce que cela fait de la SV650 une mauvaise moto ? Non, absolument pas. Et que cela soit bien clair. Pour les motards débutants, nous recommandons même de commencer par la SV650 avant de passer à une GSX-8S quelques années plus tard. C’est tout à fait possible. Pour ceux qui veulent économiser 2 000 euros, il suffit d’aimer le design démodé et l’absence de gadgets modernes tels qu’un écran TFT sur la SV650. Par contre si vous avez quelques années d’expérience et de l’argent à dépenser, optez résolument pour la GSX-8S. Vous ne le regretterez pas un instant.
Photos: Mike Van Cleven
Suzuki GSX-8S
Les + | Les – |
Caractère moteur | Design particulier qui ne plaît pas à tous |
Grande maniabilité | Shifter parfois difficile |
Facilité d’utilisation | Budget plus important |
Suzuki SV650
Les + | Les – |
Moteur souple | Suspensions basiques |
Plaisir de conduire facile | Selle dure |
L’amie de tous | Design démodé |
Données techniques
SUZUKI GSX-8S
MOTEUR
Type : Bicylindre en ligne 4 t à refroidissement liquide, DACT calage à 270°, 4 soupapes par cylindre, Euro 5
Cylindrée : 776 cm3
Alésage x course : 84 x 70 mm
Taux de compression : 12,8:1
Embrayage : multidisque en bain d’huile, antidribble
Boîte de vitesse : à 6 rapports
Transmission finale : par chaîne
PRESTATIONS
Puissance maximum : 83 ch (61 kW) @ 8.500 tr/min
Couple maximum : 78 Nm @ 6.800 tr/min
ELECTRONIQUE
Moteur : modes de conduite, Suzuki Easy Start, Low RPM Assist
Partie-cycle : ABS, contrôle de traction, Shifter
CHÂSSIS
Cadre : Tubulaire en acier, moteur porteur
Suspension avant : Fourche inversée KYB de 41 mm
Réglage : /
Suspension arrière : Amortisseur KYB
Réglage : réglable en précontrainte
Débattement av/ar : 120/130 mm
Frein avant : deux disques flottant de 310 mm, étriers radiaux Nissin à 4 pistons
Frein arrière : un disque de 240 mm, étrier flottant Nissin simple piston
Pneumatique av/ar : 120/70-ZR17, 180/55-ZR17 Dunlop Roadsport 2
DIMENSIONS
Empattement : 1 465 mm
Angle de chasse : 25 °
Chasse : 104 mm
Hauteur de selle : 810 mm
Réservoir : 14 l
Poids TPF : 202 kg
PRIX
À partir de 8.999 €
SUZUKI SV650
MOTEUR
Type : bicylindres en V à 90°, 4T, à refroidissement liquide, DACT
Cylindrée : 645 cm3
Alésage x course : 81 x 62,6 mm
Taux de compression : 11,2:1
Embrayage : multidisque en bain d’huile
Boîte de vitesse : à 6 rapports
Transmission finale : par chaîne
PRESTATIONS
Puissance maximum : 73 ch (54 kW) @ 9.000 tr/min
Couple maximum : 64 Nm @ 7.400 tr/min
ELECTRONIQUE
Moteur : Suzuki Easy Start, Low RPM Assist
Partie-cycle : ABS
CHÂSSIS
Cadre : Treillis tubulaire en aluminium
Suspension avant : Fourche télescopique de 41 mm
Réglage : réglable en précharge
Suspension arrière : Amortisseur
Réglage : réglable en précontrainte
Débattement av/ar : 130/125 mm
Frein avant : deux disques de 290 mm, étriers à 2 pistons
Frein arrière : un disque de 240mm, étrier à 2 piston
Pneumatique av/ar : 120/60-ZR17, 160/60-ZR17
DIMENSIONS
Empattement : 1 040 mm
Angle de chasse : 25 °
Chasse : 100 mm
Hauteur de selle : 805 mm
Réservoir : 14,5 l
Poids TPF : 200 kg
PRIX
À partir de 6.999 €