Reportage : 100 Colls avec la BMW R 1300 GS Adventure

Voudriez-vous descendre en Catalogne pour un week-end prolongé afin de participer à l’épreuve des « 100 cols », qui consiste à franchir le plus grand nombre de cols possible en 48 heures ? Oui, tout à fait ! L’année dernière, j’avais déjà participé à cet événement avec beaucoup trop de pluie et de mauvais temps, alors cette édition se devait d’être meilleure. Voici ce que j’ai vécu cette fois-ci.

Texte : Gijs Gilis

100 Colls ? Qu’est-ce que c’est ?

Le dernier week-end d’avril, environ 200 motards se retrouvent dans le sud de la France et en Catalogne. Ensemble, mais aussi séparément, puisque chaque participant reçoit à l’avance une carte sur laquelle sont indiqués une centaine de cols. Chaque col se voit attribuer un niveau de difficulté (vert, bleu, rouge, noir) et un nombre de points proportionnel. L’objectif est très simple : collecter le plus de points possible du vendredi de 13h00 à 21h00, du samedi de 07h00 à 21h00 et du dimanche de 07h00 à 13h00. 48 heures, nuits exclues, pour tirer le meilleur parti de l’homme et de la machine. Il suffit de le vouloir… Maintenant, la compétition mise à part, il n’y a aucune obligation de passer toutes ces heures sur la moto. Vous voulez faire la grasse matinée et ne partir qu’à 9h00 ? Pas de problème. Un dîner somptueux le midi ? Ne vous gênez pas. Garer la moto sur le parking de l’hôtel à 18 heures ? Tout est possible.

Avec quelle moto ?

C’est une question très importante, car faut-il privilégier un roadster plus léger pour franchir facilement les nombreux cols de montagne, ou plutôt miser sur le confort d’une grosse moto de tourisme ? Pour moi, le plus important était de pouvoir parcourir le plus grand nombre de kilomètres avec un seul plein d’essence. La puissance disponible passant au second plan, j’ai d’abord pensé à un bicylindre léger comme la Kawasaki Versys 650 ou la Yamaha Tracer 7. Mais l’autonomie était trop limitée. La Rieju Aventura 500 aurait été une compagne idéale, avec son autonomie de plus de 1.000 km, mais avec ses 47 ch, elle était néanmoins un peu juste pour ce genre d’exercice. C’est ainsi que finalement les favorites se nommèrent : BMW R 1300 GS Adventure, Triumph Tiger 1200 GT Explorer, Honda Africa Twin, Yamaha Ténéré 700 World Raid,… Les deux premières avec leur réservoir de 30 litres ressortaient du lot et finalement c’est la consommation moyenne annoncée qui fit la différence à l’avantage de la BM.

Comment se préparer ?

Outre les éléments obligatoires tels que l’équipement du pilote, un casque bien ajusté avec des écouteurs, un GPS mis à jour avec les dernières cartes, de la nourriture et des boissons pour la route, la chose la plus importante de toutes est l’itinéraire que vous tracez. Cela commence par le point de départ le vendredi après-midi. Vous pouvez partir de n’importe où sur la carte, mais dans mon cas, il était plus logique de partir du nord. Après tout, j’avais déjà parcouru sur une journée, 1 300 km depuis mon domicile jusqu’au point de départ. Heureusement, avec les équipements, le confort et l’excellente protection dont dispose la GS Adventure, cet exercice fut un jeu d’enfant.

L’efficacité avant tout

Mais revenons à la planification des itinéraires. Parce qu’il doit être aussi efficace que possible. Le plus grand nombre de cols avec le plus grand nombre de points possible en un minimum de temps. Il faut des heures et des heures pour trouver les bons itinéraires pour chaque jour, car dans le temps qu’il vous faut pour atteindre un col noir, vous pouvez aussi faire deux cols bleus et un col vert. Mais alors, lequel rapporte le plus de points ? Cette tactique est très importante. Il faut également s’assurer de pouvoir terminer l’itinéraire prévu, sous peine d’avoir un problème le lendemain. En effet, chaque participant reçoit un traceur qui cesse d’émettre à la fin de la journée. Le lendemain, vous devez partir exactement de la même position, sinon vous risquez d’être accusé de tricherie.

Qu’est-ce qui peut donc mal tourner ?

Beaucoup. Beaucoup de choses ! Par exemple, le vainqueur d’il y a deux ans a été victime d’une crevaison après deux heures de conduite le vendredi et de problèmes de moteur le samedi. Ou bien vous vous retrouvez dans la foule de Barcelone lorsque la Copa del Rey se joue ce soir-là et que toute la ville est prise d’une sorte de frénésie indescriptible. J’en ai fait l’expérience. Comme se faire réveiller le samedi matin à 5h30 par des clients qui retournent des armoires de l’hôtel. Jusqu’à apercevoir des éclairs de lumière à travers les rideaux de la chambre et vous apercevoir qu’il s’agit du tonnerre. En parlant de ça, j’ai également rencontré un orage durant la montée d’un col avec des éclaires dans tous les sens. C’est assez spectaculaire, oui, mais il faut aussi le revivre à la descente. C’est bien de l’avoir vécu une fois mais je préfère en rester là, et ne pas revivre la même expérience une seconde fois.

De la chute au sinistre village

Ou le système antipatinage de la BMW qui m’a permis d’éviter un majestueux highside sur un passage clouté bien mouillé. C’était plutôt effrayant. Comme la traversée de La Farga de Bebié, une ancienne cité vouée au textil où vivent officiellement trois personnes et où presque toutes les routes sont fermées. J’y suis passé, sans le savoir, tôt le matin et je n’ai vu aucune route que mon GPS indiquait. Entre deux maisons mitoyennes, c’était sale, crasseux et un feu de camp couvait encore. Une Volvo XC90 délabrée avec des jantes roses et quelques autres épaves étaient garées sur le côté. Je ne me sentais pas du tout à l’aise. Il y avait manifestement des gens ici et peut-être qu’ils dormaient encore. 20 mètres plus loin, la route était fermée et j’ai dû faire demi-tour, coincé par les maisons en rangée. L’atmosphère était si sinistre que je pouvais m’attendre à ce qu’une personne armée sorte de ces maisons à tout moment. J’en ai encore des frissons.

Des rencontres

Outre les vues spectaculaires, le plaisir intense de la conduite et les conditions météorologiques changeantes, vous pouvez également faire quelques rencontres sympas en cours de route. Par exemple, je me suis retrouvé nez à nez avec un renard, ce qui m’a permis de vivre un moment intime au sommet du col d’Ares. Le soleil se couchait, le sommet était en vue, le renard régnait sur son col. Je le regardais en roulant, il me regardait et restait solidement en place. Une sorte de « Bienvenue ici ». Du moins, c’est ce que j’ai ressenti sur le moment. Ou alors j’avais l’ivresse de l’altitude, c’est aussi possible. J’ai également été surpris par deux cerfs traversant la route devant ma moto, heureusement à une distance suffisante, ainsi qu’une vipère qui se reposait tranquillement dans un virage. En plus des animaux, j’ai également croisé quelques personnes qui étaient sans doute animées d’une pulsion de mort. Un motard qui arrivait en sens inverse et se trouvait complètement sur ma voie. Ou encore deux jeunes scootéristes qui ont fait exactement la même chose, l’un après l’autre. Heureusement sans dommage.

Mais encore

Heureusement, d’autres rencontres ont été moins dangereuses comme ce gars qui m’a doublé dans le Col d’Ares au guidon de sa Ducati Streetfighter V4 S. Personne ne m’avait encore doublé ce jour-là. Le temps de boire un peu d’eau au sommet du col et ensuite, dans la descente, le rythme s’est considérablement accéléré, car j’avais encore une bonne minute à rattraper sur mon planning. C’est incroyable de voir à quel point une GS Adventure aussi lourde, avec des valises pleines à craquer, se dirige avec précision sur ce genre de route. J’ai exigé le maximum des suspensions électroniques, des freins Sport optionnels intensément mordants et des phénoménaux pneus Bridgestone Battlax T33. Le fait de pouvoir piloter un tel mastodonte avec autant de force et de précision, dans un confort absolu, est stupéfiant. Il n’a donc pas fallu longtemps pour que je dépasse la Ducati, qui à son tour s’est arrêtée un moment pour que le conducteur pianote sur son GPS. Le gars m’a finalement suivi et nous avons roulé ensemble pendant des dizaines de kilomètres à un rythme similaire, pour finalement nous dire au revoir après quelques cols. Un beau moment.

Rien d’autre de spectaculaire ne s’est produit ?

Mais j’ai encore d’autres trucs à vous raconter. Nous sommes à la fin de la journée du samedi, le jour marathon, et j’ai encore le temps de passer un col supplémentaire, ce qui me fera gagner du temps le dimanche. De ce col à mon hôtel, il y a une demi-heure de trajet, mais je le ferai en à peine 20 minutes. Mais pourquoi ? Eh bien, sur une route sinueuse qui sentait encore le macadam neuf et qui traversait des champs de fleurs, j’avais repéré au loin une voiture qui, comme moi, était en train de mettre les bouchées doubles. J’ai tenté de m’en rapprocher, au prix d’un fameux effort (et de quelques grandes rotations de la poignée d’accélérateur). Lorsque je suis arrivé finalement derrière la voiture, j’ai constaté qu’il s’agissait d’une Renault Kangoo de première génération. Euh… quoi ?

Les étincelles de l’échappement

La petite camionnette n’était pas visiblement “trafiquée” et semblait tout à fait d’origine, mais le type qui l’occupait devait bien connaître le coin et il avait un sacré coup de volant. Il coupait parfaitement chaque virage et connaissait la route par coeur. Je l’ai suivi comme une sorte de poisson pilote pour me guider jusqu’à l’hôtel. L’Espagnol a poussé son Kangoo si fort que des étincelles ont jailli de son échappement. J’ai éclaté de rire dans mon casque et j’ai apprécié cette fin de journée spectaculaire. Dans tous les sens du terme, car la Copa del Rey entre le FC Barcelone et le Real Madrid était retransmise en direct dans le restaurant de l’hôtel. Quelle ambiance frénétique dans un simple hôtel Ibis. Les chaises ont presque volées à travers la salle du resto après la victoire du Barca.

Épilogue

Le dimanche à 13 heures, tous les participants se retrouvent à un point central de la carte. Si vous avez 15 minutes de retard, tous vos efforts n’auront servi à rien. À 12h50, je me suis retrouvé à chercher une pompe à essence après qu’une bagarre avec une Honda Accord des années 90 ait dégénéré. C’était beaucoup trop amusant ! Heureusement, je suis arrivé dans les temps. J’ai ensuite partagé un délicieux dîner dans un monastère restauré avec les 200 participants et les organisateurs. Bien entendu, la cérémonie de remise des prix ne pouvait pas non plus être manquée. Ensuite, chacun est reparti de son côté. La plupart des participants sont des locaux et n’ont pas eu beaucoup de route à faire. Dans mon cas, j’avais encore 1 400 km à faire durant la soirée et la journée du lendemain. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’on commence à ressentir des douleurs dans les fesses, le cou, le dos et les genoux. C’est la journée la plus difficile à mon sens, avec ce long trajet de retour. Bien sûr, on peut aussi voyager en avion et louer une moto sur place, ou mettre sa moto dans sa camionnette. Chacun le fait à sa manière. C’est ce qui rend les 100 Colls si amusants.

Photos : Marc Sanchez

Équipement de Gijs

Newsletter MotoActus

Vous souhaitez être tenu informé gratuitement de toute l'actualité moto ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez régulièrement le meilleur de l'actualité, les essais des motos et scooters récents, des interviews exclusives, et bien plus encore !
Vous pouvez vous désinscrire à tout moment grâce au lien en bas de chaque newsletter. Nous attachons une grande importance à votre vie privée. Notre politique de confidentialité peut être lue sur le site Internet. En nous envoyant ce formulaire, vous acceptez les conditions énoncées dans la politique de confidentialité.
Inscrivez-vous et recevez les dernières infos du monde de la moto !

"*" indicates required fields

This field is for validation purposes and should be left unchanged.

Nous utilisons des cookies ou des technologies similaires (par exemple, des pixels ou des plug-ins de réseaux sociaux), notamment pour optimiser votre expérience d’utilisateur sur notre site Internet. Par ailleurs, nous souhaitons utiliser des cookies d’analyse et de marketing pour rendre votre visite de notre site Internet plus personnelle, pour vous envoyer des publicités ciblées et pour que nous puissions recueillir de meilleures informations sur votre utilisation de notre site Internet.

Acceptez-vous que nous utilisions des cookies pour optimiser votre expérience d’utilisateur de notre site Internet, afin que nous puissions l’améliorer et vous surprendre avec des publicités ? Dans ce cas, veuillez confirmer en cliquant sur « OK ».

Ou souhaitez-vous définir vos préférences concernant les différents types de cookies ? Ceci est possible grâce à notre politique en matière de cookies. Souhaitez-vous plus d’informations sur notre utilisation des cookies et sur la façon dont vous pouvez les supprimer ? Nous vous invitons à lire notre politique en matière de cookies.