Reportage – Softails 2025 : Harley, virages à gogo et high five
Nous nous sommes rendus à Nice pour la présentation des nouvelles Harley-Davidson Softails 2025. Les Alpes maritimes françaises ont servi de cadre à deux jours de conduite intensive avec les nouveaux cruisers. Entre virages en épingle à cheveux, averses et montagnes en toile de fond, nous avons découvert bien plus que des détails techniques. C’était l’atmosphère, l’expérience, le rituel de la moto avec la famille Harley-Davidson. D’une aventure à travers les Alpes françaises au festival Harley-Davidson de Port Grimaud, en passant par une impressionnante parade de 2 500 V-twins.
Texte : Jules Hermie
Jour 1 : Grammont – Nice
La nuit tombait lorsque j’ai quitté Grammont sur la Street Glide. Avec les phares allumés et le système audio Rockford Fosgate comme seule compagnie, j’ai traversé la frontière française. Ce qui, au départ, semblait être un gadget superflu s’est vite avéré essentiel : la musique m’a permis de garder le moral pendant que je roulais dans la nuit. Avec sa position de conduite décontractée et son moteur souple et coupleux, la Street Glide était une excellente compagne qui m’a guidé sans trop d’effort. Ce n’était pas une balade précipitée, mais plutôt une lente préparation à ce qui allait suivre. Le silence de la nuit n’était rompu que par le rugissement du bicylindre en V de 1 923 cm3. Finalement, je suis arrivé – assez fatigué – à Reims, où un bref moment de repos m’a préparé pour l’étape suivante.
Jour 2 : Reims – Grenoble
La deuxième étape, 640 km entre Reims et Grenoble, par le chemin des écoliers. La Street Glide s’est enfin sentie à l’aise sur un tarmac de meilleure qualité. Le système d’échappement Jeckyll & Hyde (en option) – un must en ce qui me concerne – permettait de “donner du clairon” en appuyant sur un bouton. Discret quand il le fallait, mais rugissant quand la route vous invitait à ouvrir en grand. Le moteur ne s’est vraiment révélé qu’à l’approche des montagnes, où l’éclairage a prouvé toute son efficacité alors que les routes brumeuses représentaient un nouveau défi. Bien que les suspensions puissent être améliorées, la Street Glide s’est avérée relativement confortable. Vers la fin de la journée, la lourdeur de la commande du levier d’embrayage a commencé à se faire sentir. Après tout, sur autoroute, il n’est pas nécessaire de changer de rapport aussi souvent que sur les routes secondaires. L’étape du jour était un peu trop longue pour être confortable, mais l’objectif était atteint. Malgré les conditions parfois difficiles, la Street Glide a prouvé qu’aucun obstacle ne lui était insurmontable.
Jour 3 : Grenoble – Nice
La célèbre route Napoléon est un itinéraire qui rendra pleinement justice au caractère de la Harley-Davidson. Virages en épingle à cheveux, longues courbes et panoramas à couper le souffle, mais aussi les inévitables averses qui rendront l’aventure encore plus intense. Sur le tarmac sec, la Street Glide a brillé : puissante, stable et étonnamment agile pour une moto aussi lourde. Mais dès que l’asphalte devenait mouillé, la conduite devenait un véritable défi pour la moto et mes compétences. L’ABS et l’antipatinage sont devenus mes meilleurs amis. Les suspensions souples ont commencé à montrer leurs limites ; la moto m’a donné moins confiance sur routes mouillées. Un problème qui pourrait peut-être partiellement être résolu en choisissant des gommes différentes. Il ne faut pas oublier que la Street Glide reste une machine de tourisme d’environ 370 kg sans bagages. Malgré les difficultés, j’ai fini par atteindre Nice, où la pluie s’est transformée en déluge. Tout cela aux heures de pointe avec des routes inondées.
Softail, pour tous les goûts
Après le début de cette aventure, il était temps de se familiariser avec les nouveaux modèles. La famille Softail reste le cœur de l’offre cruiser chez Harley-Davidson, et cela se remarque à bien des égards. La diversité de la gamme, par exemple. Chaque modèle a un caractère distinct qui plaît à un certain type de conducteu. L’Heritage Classic rend hommage à la riche histoire de la marque, tandis que la Low Rider S affiche une audacieuse modernité. La Breakout et la Fat Boy attirent tous les regards, avec une allure imposante et une bonne dose de muscle. Elles se distinguent toutefois par la façon dont elles déploient leur puissance, par les sensations qu’elles procurent sur la route et par la façon dont elles réagissent lorsque vous ouvrez la poignée de gaz.
Milwaukee-Eight 117
En 2025, tous les Softails reçoivent l’une des trois nouvelles variantes Milwaukee-Eight 117. Les moteurs sont conçus sur mesure pour chaque modèle, avec des systèmes d’admission et d’échappement personnalisés, des cartographies modifiées et des modes de conduite adaptés. Résultat : plus de puissance et plus de caractère, sans perturber l’expérience de conduite. En outre, tous les modèles sont désormais équipés de série de dispositifs de sécurité pour le pilote (tels que l’ABS sensible en virage et l’antipatinage) ainsi que de modes de conduite sélectionnables. L’ergonomie, le tableau de bord et les commandes ont été entièrement revus – subtilement, mais de manière perceptible dans l’utilisation quotidienne.
Low Rider S
Avec sa fourche inversée, son freinage à double disque à l’avant et sa position de conduite agressive, la Low Rider S n’est clairement pas un cruiser classique. Ce sentiment est renforcé par le nouveau moteur Milwaukee-Eight 117 High Output. Ce moteur développe 114 ch et 174 Nm – des chiffres que l’on n’attendrait normalement pas d’un cruiser. La configuration High Output est conçue pour les conducteurs qui aiment garder leur moteur dans la plage de régime supérieure. La réponse à la poignée d’accélérateur est vive, la montée en puissance explosive – en particulier en mode Sport, où le moteur est brusque et enthousiaste à l’accélération. Le système d’échappement 2 en 1 est efficace et offre un rugissement impressionnant, même à bas régime. Ce moteur utilise le système d’admission d’air Heavy Breather, qui contribue également à l’amélioration des performances. Le châssis est affûté : le choix de ressorts linéaires plutôt que progressifs offre plus de prévisibilité, en particulier lors d’un freinage ferme ou d’un changement rapide de trajectoire. Les freins à double disque à l’avant apportent également la confiance nécessaire à ce niveau de performance.
Fat Boy
La Fat Boy reste une icône. Large, brutale et imposante. Ses gros fourreaux de fourche, ses jantes massives et sa silhouette basse impressionnent avant même que l’on ne s’y frotte. Le moteur qui équipe la moto de Terminator est le Milwaukee-Eight 117 Custom modifié – un bloc de 104 ch et 171 Nm, soit 11 % de puissance en plus par rapport à l’année précédente. Le système d’échappement 2 en 2 avec catalyseurs séparés et le filtre à air plus grand (désormais de 4 litres) assurent une meilleure respiration, un son plus ample et une réponse plus rapide à la poignée d’accélérateur. Le châssis reste fidèle à la formule Fat Boy : bas, stable et confortable. Cependant, cette moto ne sera jamais une machine à bouffer du virage avec des pneus d’une taille aussi impressionnante. Si le moteur se modernise, certains choix du passé demeurent. Une moto de cette masse et de cette puissance aurait été bien servie par un double frein à disque à l’avant. Nous comprenons toutefois le choix d’un disque unique pour des raisons purement esthétiques.
Breakout
La Breakout est une autre machine conçue pour se démarquer. Avec son empattement long, sa roue avant de 21 pouces et son côté bling bling, elle est sûre d’attirer l’attention. Elle utilise la même configuration moteur que la Fat Boy et parvient à en faire un meilleur usage. Les repose-pieds sont moins bas que sur les modèles précédents, ce qui lui permet de bien se comporter dans les virages, même si j’ai régulièrement touché le bitume. En mode Sport, la moto s’anime vraiment, avec de la puissance sur toute la plage de régime.
Héritage Classique
L’Heritage Classic reste fidèle à son style rétro, avec ses roues à rayons, son guidon bas et ses sacoches en cuir. Pourtant, en termes de contenu, cette moto est dans l’air du temps. Le moteur Milwaukee-Eight 117 Classic est le bloc le plus équilibré du trio : 98 ch, 163 Nm, une courbe de couple plate et une puissance linéaire. Idéal pour les longues randonnées, les balades tranquilles ou les promenades confortables avec un passager. L’Heritage utilise un échappement 2 en 1 qui fonctionne plus efficacement et le filtre à air rond classique correspond à l’aspect visuel mais cache une prise d’air bien actualisée. Le tableau de bord est un mélange agréable d’ancien et de nouveau, avec un grand compteur de vitesse analogique sur le réservoir et un écran LCD clair pour les informations essentielles comme le mode de conduite ou l’état du régulateur de vitesse. Une fois de plus, les suspensions ont été modernisées avec des ressorts linéaires, ce qui permet de réduire la plongée et de gagner en confiance, notamment au freinage. Et comme sur tous les Cruiser 2025, vous bénéficiez d’un éclairage full LED et de commandes manuelles ergonomiques actualisées, y compris un port USB-C. Cette moto s’est révélée ma préférée en termes de maniabilité ; la vieille école est clairement « la meilleure école ». Cette maniabilité prévisible est sans doute liée à une position de conduite plus familière et à la taille des roues.
Modes de conduite adaptés
L’électronique a également fait l’objet d’une mise à jour majeure, mais à la manière Harley : discrète, fonctionnelle et sans fioritures inutiles. Les trois modes de conduite disponibles – Road, Rain et Sport – rendent la moto plus accessible dans diverses conditions, mais influencent également le caractère de la moto en fonction de la configuration moteur choisie. En mode Road, vous bénéficiez d’une courbe de couple plate et d’une réponse prévisible de la poignée de gaz, ce qui est idéal pour les trajets quotidiens ou les tronçons techniques. Le mode Rain met l’accent sur le contrôle : moins de couple à haut régime, une réponse subtile de la poignée d’accélérateur et un frein moteur moins brusque, ce qui donne une plus grande confiance dans les conditions humides ou glissantes. Mais c’est surtout en mode Sport que les différences entre les blocs Classic, Custom et High Output apparaissent clairement. Le moteur Classic, comme celui de la Heritage, reste contrôlé et linéaire, avec une courbe de couple plate qui tire avec ardeur sur tous les rapports. Puissant, mais tolérant. La variante Custom, qui équipe la Fat Boy et la Breakout, offre plus de punch à mi-régime et plus de réponse à bas régime, ce qui la rend un peu plus vive que sur les modèles des années précédentes. Et le moteur High Output des Low Rider S et ST ? Il tourne à plein régime. Une augmentation perceptible du couple à mi-régime, une réponse agressive de la poignée de gaz et une limite de régime à 5 900 tr/min procurent la sensation de conduite la plus explosive de tous les cruisers.
Festival et défilé Harley-Davidson
L’un des moments forts du voyage a sans aucun doute été la parade Harley-Davidson dans les montagnes entourant Port Grimaud. 2 500 motos, un flot ininterrompu de V-twin américains et des milliers de spectateurs tout au long du parcours. Ce qui a commencé comme une promenade quelque peu maladroite en colonne s’est rapidement transformé en une expérience autour du rituel Harley-Davidson. On se congratule, on se salue et, pendant un instant, nous ne sommes plus des journaliste en essai, mais des membres d’une famille. L’expérience, les motos, l’atmosphère – c’était un rappel renouvelé de la raison pour laquelle Harley-Davidson est bien plus qu’une simple moto. La cerise sur le gâteau a été le HD Festival avec les têtes d’affiche Eagle-Eye Cherry et Rag’n’Bone Man.
Conclusion
La gamme cruiser Harley-Davidson 2025 n’est pas une révolution, mais plutôt une évolution de ce qui était déjà iconique. Les nouveaux modèles offrent quelque chose pour tout le monde, chacun avec son propre caractère. La Low Rider S s’adresse aux sportifs, l’Heritage Classic aux amateurs d’équilibre, la Breakout et la Fat Boy à ceux qui veulent voler la vedette. La Street Glide est une compagne de luxe pour les longues balades, mais avec des suspensions un peu plus fermes, elle se distinguerait mieux dans les cols de montagne. Cependant, c’est l’expérience elle-même qui m’a marqué. Rouler en groupe, sentir la puissance d’un gros V-twin et l’incomparable sentiment d’appartenance à la famille Harley-Davidson ont donné à cette expérience une profondeur qu’il est difficile d’exprimer par des mots. Harley-Davidson continue de renouveler ses icônes sans perdre son âme.
Photos: Pien Meppelink