Rétrospective : BMW International GS Trophy 2024
L’International GS Trophy 2024 est terminé. J’étais sur place pour faire un compte-rendu depuis l’intérieur, en première ligne. La Namibie, pays hôte, était un cadre fantastique pour ce qui est décrit comme l’édition la plus difficile jamais organisée. Cela n’a pas empêché l’équipe du Benelux de réaliser une belle performance. Les vainqueurs font l’unanimité, et ils l’ont bien mérité.
Texte : Thierry Sarasyn
Pour le GS Trophy 2024, c’est un peu comme pour tous les grands tournois de football. La compétition est longue et difficile, les candidats sont nombreux et, à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent. Du moins chez les hommes. Chez les femmes, c’est un duo international tchéco-polonais qui s’est imposé à la surprise générale. L’équipe du Benelux (ci-dessous) s’est bien comportée dans des conditions difficiles.
Pas de bol
L’équipe du Benelux n’a pas démérite dans ce GS Trophy. Mais dès la fin de la troisième journée, deux pilotes étaient hors course. L’un dans l’équipe masculine et l’autre dans l’équipe féminine – pour ne pas faire de jaloux. Pour une prochaine édition, il serait peut-être utile d’inclure la bonne fortune dans l’équipe du Benelux. La partie était donc terminée pour les deux équipes.
Équipe mixte
Le GS Trophy baignant dans une atmosphère d’amitié autant que d’esprit de compétition, il a finalement été décidé que Nadine van de Scheur – la seule femme du Benelux encore présente dans le Trophée – prendrait la place de Jeffrey Kiestra – qui s’était cassé la clavicule le troisième jour. Ainsi, même si les Beneluxiens ont manqué quelques épreuves dans l’intervalle, ils sont restés en compétition avec une équipe mixte unique. De plus, Nadine van de Scheur a tenu bon et a joué un rôle essentiel dans le succès de l’équipe. Arnaud Allard et Stephan Sleeckx ont tenu leur rang dès le premier jour et sont restés forts jusqu’au dernier jour.
Belle représentation
Au final, cette équipe était très représentative du Benelux avec une Néerlandaise, un Wallon et un Flamand. La 11ème place au classement final est également le meilleur classement jamais obtenu par une équipe du Benelux. Ha oui, parce qu’aucune équipe du Benelux n’avait jamais participé à une édition auparavant.
Une autre histoire remarquable est celle de Karen Weckx, qui s’est blessée au ligament croisé le deuxième jour. Elle a toutefois réussi à reprendre le guidon après deux jours de repos, mais hors compétition. Il s’agit néanmoins d’un bon coup de pouce pour la motivée Karen Weckx, qui n’a pas eu de mal à se remettre en selle après sa blessure. Tout est donc bien qui finit bien. Le fait que Jeffrey Kiestra n’ait pas repris le guidon après sa fracture de la clavicule est assez évident.
Bilan
La question reste de savoir quel regard nous porterons sur ce GS Trophy dans cette Namibie unique. La course #itsnotarace, juste au-dessus du tropique du Capricorne, a clairement indiqué dès le départ qu’il ne s’agirait pas d’une course de vitesse. Mais par contre bien d’une compétition, et le vainqueur a été désigné à l’issue de 15 épreuves différentes réparties sur les six jours de compétition. Des épreuves spéciales qui déterminent en fin de compte le vainqueur, mais ces épreuves sont plutôt euh… diverses.
En Namibie, le rapport entre les étapes de liaison et les spéciales était quelque peu déséquilibré. Les étapes de liaison elles-mêmes étaient souvent d’un niveau de difficulté très élevé et ont fait quelques victimes. Des étapes de liaison un peu plus accessibles et des étapes spéciales plus difficiles pourraient être une option à envisager.
Fraternisation
Bien qu’il s’agisse d’un point de vue personnel de ma part ici en Namibie. En effet, aucun des participants ne s’est offusqué de l’équilibre évoqué ci-dessus. Ce n’est donc pas un mythe que le GS Trophy est avant tout une affaire d’amitié, d’aventure et d’expérience. Et oui, le score est attendu avec impatience chaque soir, mais la fraternisation entre les équipes est encore plus frappante.
Fair-Play
En effet, selon le règlement, il était impossible de reconstituer l’équipe belgo-néerlandaise avec les coureurs restants des équipes masculine et féminine. Mais aucune autre équipe n’a soulevé la moindre objection à ce sujet. L’esprit sportif et le fair-play sont tout simplement la norme ici. Les équipes qui ont une plus longue tradition dans cette épreuve apportent des cadeaux à leurs adversaires. Après six jours, j’avait dans mes bagages un T-shirt mexicain, un bandana indien, un marque-page chinois et des bonbons sud-coréens.
Hard
Aussi sportive soit-elle, la compétition n’a pas pour autant été une partie de plaisir pour les participants. Le GS Trophy 2024 n’a pas été de tout repos. Chaque « concurrent » a fait de son mieux, mais a dû puiser dans ses réserves pour donner le meilleur de lui-même dans cette compétition. Les journées ont été longues et difficiles, les nuits courtes et peu rafraîchissantes. Dans ce véritable village de tentes, on entendait un Chinois tousser à 100 mètres et on ne dormait pas tant que le dernier homme ou la dernière femme n’avait pas cessé de parler. On se réveillait quand le premier Coréen se levait en bâillant bruyamment et faisant pipi à côté de sa tente. C’était généralement vers 5 heures du matin. Ensuite, il fallait démonter la tente, tout charger dans les camions et à 7h30, le premier groupe démarrait. La fatigue a jouée un rôle crucial.
Tout le monde aide tout le monde
Néanmoins, sur la route, on voyait régulièrement chaque équipe aider un coureur tombé de son équipe ou pas. Les commissaires faisaient de même. Le GS Trophy est un rassemblement de pilotes BMW aventureux et partageant les mêmes idées, plutôt qu’une compétition. C’est un mélange culturel comme on en voit rarement. Un défi dans lequel il y a autant de coopération que de compétition.
L’expérience
Pour les adeptes de la GS, l’expérience est plus importante que les résultats. Et en fin de compte, l’« expérience » est quelque chose que BMW fournit de série avec sa GS. Non pas comme l’un de ses nombreux accessoires, mais comme un élément à part entière pour tous ceux qui saisissent l’esprit de la moto et considèrent leur GS comme plus qu’un simple moyen de transport. Il n’y a pas d’endroit où cette valeur ajoutée est plus évidente que dans le Trophy qui porte le nom de la moto la plus populaire au monde. C’est une bonne chose que nous ayons pu en faire l’expérience en personne.
Photos: Thierry Sarasyn/MotoMedia, BMW Motorrad