Unique en Belgique : l'AWSR évalue l'aptitude des motards
Chaque année, l’Agence Wallonne pour la Sécurité Routière (AWSR) permet à des centaines d’automobilistes de conduire un véhicule malgré un handicap ou une maladie, en fonction des possibilités légales. Aujourd’hui, le tour des motards est venu. Une grande première en Belgique que nous avons pu découvrir lors d’une démonstration à la moto-école Georges, à Soumagne.
Depuis 2019, l’AWSR évalue l’aptitude à conduire des conducteurs et futurs conducteurs qui présentent une diminution de leurs capacités. Par exemple, à la suite d’un accident, d’une affection médicale ou encore des effets de l’âge. Chaque année, environ 2.000 citoyens, essentiellement des automobilistes, se rendent ainsi au DAC (Département d’Aptitude à la Conduite). Ils y passent différents tests, dont un test pratique sur la route. En moyenne, 95% d’entre eux sont déclarés aptes à conduire. Souvent moyennant des adaptations de leur véhicule et/ou des conditions d’utilisation de leur permis de conduire. Mais l’objectif principal est rencontré : ces usagers conservent leur liberté de mobilité et leur autonomie.
Première belge
Désormais, le Département d’Aptitude à la Conduite de l’AWSR (DAC) est également en mesure d’évaluer si ces personnes peuvent pratiquer la moto en toute sécurité. Aussi, pour réaliser ces nouveaux tests, l’Agence vient d’acquérir une moto et un dispositif innovant qui permet de tester les capacités nécessaires à la conduite d’un deux-roues sans risque de chute. Coût de l’opération : environ 30.000 €. Un budget bouclé grâce à une subvention particulière octroyée par la Ministre wallonne de la Sécurité routière, Valérie De Bue. “J’ai débloqué un budget particulier pour permettre à l’AWSR de pouvoir mieux répondre aux besoins de mobilité des usagers. En fonction de leurs capacités physiques et quel que le soit le moyen de déplacement pour lequel ils souhaitent opter”, souligne la ministre.
Précision importante : le dispositif acquis par l’AWSR est unique en Belgique. Le modèle de base vient des Pays-Bas, où il fut présenté au Salon d’Utrecht. Séduite, et consciente de l’important rôle social qu’il pourrait remplir chez nous, l’AWSR a commandé son exemplaire. Qui d’ailleurs, grâce aux retours des premiers utilisateurs aux Pays-Bas, se révèle beaucoup plus perfectionné que le modèle de base ! Une excellente pioche, donc, pour l’AWSR !
Au tour des motos
Concrètement, dès aujourd’hui, les motards ou les candidats au permis moto en situation de handicap ou souffrant d’une diminution de leur capacité, peuvent se rendre au DAC. Là, ils pourront vérifier s’ils disposent (toujours) des aptitudes physiques indispensables pour conduire une moto en toute sécurité.
Conçu comme une moto statique, le “body check” permet de tester les capacités nécessaires à la conduite d’un deux-roues. Comme la motricité exigée pour manipuler les différents éléments (guidon, sélecteur de vitesse, poignée de gaz…). Mais aussi la force nécessaire pour actionner les commandes (freins avant et arrière, embrayage…). Ou encore l’équilibre. Autant de facteurs testés en intérieur, soit en toute sécurité, sans risque de chute. Grâce à des capteurs reliés à un chronomètre, le temps de réaction pour activer les commandes ou pour prendre appui au sol peut également être très précisément évalué.
Deux phases
Ce test se déroule au sein des locaux de l’AWSR, à Namur. Il constitue la première étape de l’évaluation. Si le candidat démontre qu’il est capable de monter seul sur une vraie moto, il sera alors convié à un test pratique, entouré par les experts de la moto-école Georges, qui a répondu positivement au projet. Son aptitude à maitriser la conduite d’une moto, tel qu’il devra pouvoir le faire dans la circulation, sera alors testée (manœuvre d’évitement, virages, freinage d’urgence…).
Après ce second test, une décision est généralement prise par rapport à l’aptitude. Dans certains cas, l’équipe du DAC peut la postposer et inviter le candidat à suivre préalablement une formation de 10h en moto-école. L’objectif consiste à lui permettre de s’exercer dans un environnement sûr. Un nouveau test d’évaluation sera réalisé après cette formation. Au terme du processus d’évaluation, les candidats déclarés aptes peuvent entreprendre une formation en moto-école en vue de passer le permis moto. Et pour ceux qui en disposent déjà, reprendre la pratique de la moto en toute sécurité.
Adaptations sur mesure
En fonction des besoins spécifiques des candidats, des adaptations de la moto peuvent être prévues. Il est par exemple possible d’ajouter des rétroviseurs pour limiter les angles morts. Ou modifier la taille et le positionnement des repose-pieds. Déplacer le sélecteur de vitesse ou même de le remplacer par un sélecteur au pouce… Certaines commandes au guidon peuvent également être repositionnées d’un côté à l’autre. Des conditions peuvent par ailleurs être mentionnées sur le permis de conduire comme par exemple, le port d’une prothèse ou de lunettes de vue. Plus rarement, des restrictions peuvent être imposées comme l’obligation de conduire en journée uniquement.
Depuis un accident en cross, Olivier est handicapé au niveau d’une jambe. Passionné par la moto, il a décidé de remonter en selle. Mais au prix d’un stress et de risques inutiles. “Je m’entrainais sur un terrain, en présence d’un ami. Qui aurait pu m’aider en cas de chute. Si j’avais pu bénéficier, à l’époque, de ce body-check, mon retour à la moto se serait passé bien plus sereinement. C’est un outil formidable !” Aujourd’hui, Olivier roule sur une Ténéré que Michel Nickmans, de Zone Rouge à Andenne, a adapté selon ses besoins. Notamment avec un frein arrière au pouce gauche et un sélecteur de vitesse inversé à droite. Et aujourd’hui, Olivier profite à nouveau de chaque sortie au guidon de sa moto.