Essai Triumph Rocket 3 Storm
Comme si cela ne suffisait pas encore, Triumph redonne un coup de fouet à sa Rocket 3 qui revêt une robe Storm avec encore plus de puissance – c’est vrai qu’il en manquait un peu – et une meilleure maniabilité. Alors, direction la Côte d’Azur pour faire connaissance avec la nouvelle version de la tempête d’Hinckley.
Il y a 20 ans, Triumph défraie la chronique en commercialisant la Rocket 3. Propulsée par un moteur trois cylindres longitudinale de 2.294 cm3, cette moto dont le diminutif est un hommage à la BSA Rocket 3 des années soixante, développe une puissance de 142 ch à 5.750 tr/min avec un couple titanesque de 199 Nm à seulement 2.500 tr/min. Ce beau bébé de 320 kg à vide, reçoit une transmission par cardan et croise tout de même à plus de 200 km/h. Après une belle carrière qui se termine en 2017 avec l’arrivée de la norme Euro 4, elle est remplacée deux ans plus tard par une toute nouvelle Rocket 3 cubant à 2.458 cm3 qui affiche une puissance de 167 ch à 6.000 tr/min et un couple de 221 Nm à 4.000 tr/min. Sur la balance, ce nouveau bambin a maigri de presque 40 kg en descendant sous la barre des 300 kg pour atteindre 291 kg à vide en version R.
Quelques évolutions
Aujourd’hui, Triumph nous propose les Rocket 3 Storm R et GT Ces deux nouvelles versions gagnent 15 ch pour offrir une puissance de 182 ch à 7.000 tr/min. Le couple est en légère augmentation de 4 Nm avec 225 Nm toujours à 4.000 tr/min. Cette nouvelle évolution du moteur trois cylindres longitudinal répond à la norme Euro 5b. La deuxième mise à jour importante concerne les roues de 17 et 16 pouces au design sportif. En aluminium moulé à dix branches, elles sont plus légères (un kilo) et donc réduisent la masse non suspendue. S’inspirant des récentes éditions spéciales Rocket 3 déclinées en finition Black, les nouvelles Storm sont proposées en trois options de coloris à deux tons. La R est disponible en Rouge Carnaval/Noir Saphir, en Bleu Pacifique Satiné/Noir Saphir Mat et en Noir Saphir/Granite. La version GT utilise les mêmes combinaisons de couleurs mais celles-ci sont inversées sur le réservoir. Enfin, celui-ci arbore discrètement le logo STORM sur ses flancs.
Le rendez-vous des stars
Pour cette présentation presse, Triumph n’a pas fait les choses à moitié. À moto d’exception, essai d’exception. Et c’est à Cannes, sur la Côte d’Azur que nous avons rendez-vous avec la nouvelle vedette d’Hinckley. Tout ici respire le festival du cinéma et dans une quinzaine de jours, ce sont les stars qui fouleront les marches du Palais des festivals. Mais pour l’instant, c’est notre tour, et nous n’allons pas nous faire prier. Enfin, à défaut du Palais des festivals, nous foulons les marches de notre hôtel situé à quelques pas de là. Aux pieds de ces marches, pas de photographes ni de fans mais plutôt les Triumph Rocket 3 Storm R et GT. Elles nous attendent pour un essai de plus de 200 kilomètres qui s’enfoncera dans les montagnes environnantes des Alpes-Maritimes.
Noir c’est noir
Je débute ce test au guidon de la version R. La finition de cette machine est vraiment soignée. De nombreux éléments anodisés noirs complètent ce chef-d’œuvre avec, par exemple, le cadre arrière forgé, le bras oscillant, les collecteurs d’échappement, les tés de fourche et pontets de guidon sans parler des selles et des repose-pieds. Ceux du passager disposent toujours d’un astucieux système de repliage très discret. Les réglages de routine (rétroviseurs, leviers) sont rapidement effectués et je retrouve rapidement mes repères avec le tableau de bord composé d’un écran TFT couleur en trois parties commandées par un joystick rétro-éclairé à cinq voies sur le commodo gauche. Rappelons que cet écran est orientable pour s’adapter à la morphologie de chaque conducteur.
La R pour débuter
Pendant que le trois-cylindres longitudinal chauffe tranquillement, j’en profite pour vérifier quelques paramètres et surtout actionner les poignées chauffantes. La météo annoncée pour la journée n’est pas bonne et je préfère prendre les devants. Nous traversons le centre de Cannes pour nous diriger vers l’A8 en direction de Nice. Ce premier tronçon urbain me permet de redécouvrir « en douceur » cette Rocket 3. Le 2,5 litres émet un son rauque et gras, et les petites accélérations entre les feux rouges me tirent déjà dans les bras. La position de conduite sur la R est typique d’un roadster. Petit guidon légèrement cintré et repose-pieds placés au niveau de l’arrière du moteur, ceux-ci offrent 15 mm d’ajustement vertical. En quittant le quartier du vieux port de Cannes où se situe notre hôtel, j’avais immédiatement pris conscience du gabarit de la Rocket 3 et aussi de la facilité avec laquelle je pouvais la manœuvrer dans la circulation.
Une expérience unique
Conduire une moto disposant d’une telle cylindrée reste unique, d’autant plus qu’elle est la seule sur le marché. Et je mesure mon bonheur lorsque nous abordons l’A8. Les accélérations sont encore plus impressionnantes et la vitesse légale est rapidement atteinte. Le trois-cylindres ronronne tranquillement sous les 4 000 tr/min. Juste avant Nice, nous quittons l’autoroute pour longer le cours du Var en direction du nord. Le rythme imposé par notre ouvreur est assez cool et convient parfaitement à la Rocket 3. Au fur et à mesure que nous nous dirigeons vers les montagnes, par la Haute Vallée du Var, la température ambiante descend – comme prévu – et en sens inverse, le réglage des poignées chauffantes augmente. La boîte de vitesse du 2,5 litres est lente mais reste précise. De toute façon, comme il est relativement facile de rouler sur le couple, pas besoin de jouer avec les rapports de boîte. Rappelons que cette Triumph dispose tout de même de 225 Nm sur une plage assez large allant de +ou- 1 500 à 4 000 tr/min.
Châssis conservé
La Rocket 3 Storm dispose toujours d’un système de freinage à sa mesure signé Brembo avec à l’avant, un double disque de 320 mm pincé par des étriers radiaux Stylema à 4 pistons. A l’arrière, on trouve un disque de 300 mm et un étrier radial monobloc M4.32 à 4 pistons. Le tout avec un ABS optimisé pour les virages. Les suspensions sont encore confiées à Showa avec une fourche avant entièrement réglable comme l’amortisseur arrière. Celui-ci est assez ferme et s’est sans aucun doute le prix à payer pour conserver une excellente rigidité du châssis. Durant la première partie de cet essai que nous avons eu la chance de faire sur le sec, j’ai pu vérifier à quelques reprises, le bien-fondé pour Triumph de conserver à l’identique, la partie-cycle de la version 2019. La Rocket 3 Storm freine du tonnerre, du moins pour une moto de près de 320 kilos. Et le châssis garde bien la ligne.
Ça se gâte
Après un arrêt café au Plan-du-Var, nous repartons franc battant avant de prendre la direction de l’ouest en suivant toujours le Var, qui à certains endroits, se transforme en torrent. Pas étonnant avec tout ce qui est tombé ici – comme ailleurs – depuis des semaines. L’horizon s’obscurcit progressivement mais nous profitons encore de magnifiques paysages comme par exemple les villages de Touët-sur-Var et d’Entrevaux. En passant le Col de Toutes Aures (1 124 m) reliant la vallée du Var à celle du Verdon, les choses commencent à se gâter. La brume suivie d’une fine pluie nous accompagne. Prudemment, je reste sur le mode de conduite Route et la jante arrière de 16 pouces, chaussée d’un Metzeler Cruisetec de 240, transmet le couple sans broncher. Il faut ajouter aussi que je reste doux avec la poignée de gaz.
Comparaison
Au niveau du village de Saint-Julien-du-Verdon, nous empruntons la route qui borde le lac de Castillon et qui sera le cadre de notre première séance photo. Pour celle-ci, nous allons passer successivement de la R à la GT et ce sera pour moi une bonne occasion de comparer les deux versions. La GT possède une hauteur de selle de 750 mm qui est légèrement inférieure aux 773 mm de la R. La position de conduite est plus droite et vous conduisez plutôt un custom qu’une GT. Car les repose-pieds du conducteur sont placés vers l’avant, ils sont également réglables mais cette fois horizontalement sur 50 mm. Avec cette GT, j’ai l’impression de contrôler la Rocket « à distance ». Pour ma part, le lien avec le train avant est moins direct et demande un petit temps d’adaptation. Il se met à pleuvoir de plus en plus fort et il est temps d’enfiler la combinaison de pluie avant de se faire complètement rincer.
Au tour de la GT
Nous repartons vers Castellane pour le dîner. Ce village qui donne accès aux Gorges du Verdon est habituellement une étape ensoleillée assez séduisante. Mais aujourd’hui, il affiche une triste mine. Néanmoins nous avons l’occasion de nous y réchauffer dans l’un de ses nombreux restaurants autour d’un bon repas. C’est à bord de la GT que ce périple se poursuit pour moi. Nous empruntons maintenant la route Napoléon et je sélectionne le mode de conduite Pluie. La route est complètement détrempée et il ne fait pas plus de 6 degrés, mais je reste serein. Avec l’embrayage Torque Assist, les rapports passent en douceur. Je peux également compter sur l’ABS et l’anti-patinage sensibles en virage. Mais le moteur est tellement souple et les freins progressifs, que je ne détecterai jamais la mise en action de l’un comme de l’autre. Par contre je ne me priverai pas d’utiliser le système Hill Hold qui permet à la moto de ne pas reculer à l’arrêt. Bien pratique pour se reposer un peu, surtout avec le bout des doigts gelés.
Frustration
Nous passons le Col de Luens (1 058 m), la position de conduite sénatoriale de la Rocket 3 Storm GT m’expose un peu plus aux intempéries. Et ce n’est pas le petit saute-vent qui me mettra à l’abri, il n’a de toute façon pas été prévu pour cela. Néanmoins, la GT me permet de rouler avec un peu plus de confort. Nous enchaînons avec le Col de Val Ferrière (1 169 m) avec de descendre par quelques méandres jusque Saint-Vallier-de-Thiey où la température remonte un peu. La route nous conduit ensuite à Grasse, capitale mondiale du parfum. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre une autre capitale, celle du 7ème art. Nous venons de parcourir 230 kilomètres au guidon des nouvelles Rocket 3 R et GT et la frustration me gagne. La météo n’est jamais contrôlable et il faut toujours faire avec. Néanmoins, avoir la chance de rouler sur cette moto « hors norme » et ne pas pouvoir en profiter pleinement me laisse un goût amer dans la bouche.
Conclusion
Avec sa Rocket 3, Triumph propose une moto unique sur le marché. Les superlatifs ne manquent pas pour décrire cette machine. Cette nouvelle version Storm bénéficie d’améliorations que je n’ai pas été capable de d’apprécier. En partie à cause d’une météo défavorable mais également au fait que la Rocket 3 sortie en 2019 était déjà une des meilleures – si pas la meilleure muscle bike. Avec la Storm, Triumph démontre, une fois de plus, son savoir-faire et sa maîtrise technologique.
Photos : Triumph
Les + et les –
Les + : Finition, moteur, équipements, look.
Les – : Pas de marche arrière.
Données techniques
MOTEUR
Type : moteur 3 cylindres en ligne à refroidissement liquide, double arbre à cames en tête
Cylindrée : 2458 cm3
Alésage x course : 110,2 mm x 85,9 mm
Taux de compression : 10.8:1
Embrayage : multidisque en bain d’huile, avec assistance au couple
Boîte de vitesse : à 6 rapports
Transmission finale : par cardan
PRESTATIONS
Puissance maximum : 182 ch (134 kW) @ 7.000 tr/min
Couple maximum : 225 Nm @ 4.000 tr/min
ELECTRONIQUE
Moteur : contrôle de traction sensible à l’inclinaison
Partie-cycle : ABS sensible à l’inclinaison, quickshifter, éclairage LED, 5 modes de conduite
CHÂSSIS
Cadre : entièrement en aluminium
Suspension avant : fourche inversée Showa de 47 mm à cartouche
Réglage : entièrement réglable
Suspension arrière : mono amortisseur Showa avec réservoir séparé
Réglage : entièrement réglable
Débattement av/ar : 120/107 mm
Frein avant : deux disques de 320 mm, étrier monobloc radial à 4 pistons Brembo M4.30 Stylema
Frein arrière : un disque de 300 mm, étrier monobloc à 4 pistons Brembo M4.32
Pneumatique av/ar : 150/80 R17, 240/50 R16 Metzeler Cruisetec
DIMENSIONS
Empattement : 1.677 mm
Angle de chasse : 27,9°
Chasse : 134,9 mm
Hauteur de selle : 773 mm (R), 750 mm (GT)
Réservoir : 18 litres
Poids TPF : 320 kg (R), 317 kg (GT)
PRIX
À partir de 26.395 € (R), 27.195 € (GT)